Ronnie Lynn Patterson Quartet
Fête de la MusiqueMona Bismarck American Center.
Paris. Mardi 21 juin 2016. 19h.
Ronnie Lynn Patterson: piano
Joe Sanders: contrebasse
John Betsch: batterie
?: trompette
Le jeu est plus classique que je ne le supposais mais le quartet envoie de bonnes vagues de musique. Enfin classique dans le genre du dernier quartet acoustique de Miles Davis en 1967. Libre et structuré. Concert sur une terrasse couverte. Les spectateurs les mieux avisés sont en face d'eux sur la terrasse. Des prudents comme le jars se trouvent dans le salon aux fenêtres grandes ouvertes. Des braves écoutent depuis le jardin se couvrant d'une pluie fine. En effet, pour respecter une tradition parisienne remontant à 1982, il pleut pour la Fête de la Musique. Le Jazz étant l'apport majeur des Etats Unis d'Amérique à la culture mondiale, il est normal que le Mona Bismarck American Center lui fasse place ce soir. En tout, 200 personnes d'après les organisateurs. Je ne dispose pas du décompte de la police pour cette manifestation légalement autorisée.
Un air dansant, un poco latino joué par la rythmique alors que le trompettiste joue de subtiles variations avec sa sourdine Harmon sans copier Miles Davis. Excellente vibration. Je bats la mesure du pied. Le quartet donne de la couleur à cette soirée grise de pluie. Le batteur tapote aux baguettes, le contrebassiste pose le tempo, le pianiste brode élégamment. Tout va bien. Le public est réservé ou trop habitué aux concerts classiques. Il n'applaudit qu'à la fin des morceaux. Bons breaks de batterie portés par le piano et la contrebasse. Le trompettiste a enlevé la sourdine et joue brillant avec brio. Quel feeling, nom de Zeus!
Un standard du Be Bop dont le titre m'échappe. Qu'est ce que ça swingue! Ca fait du bien d'entendre du bon Jazz. Premier solo de contrebasse bien chantant dans les graves ponctué par le batteur aux balais. Je ne le vois pas mais j'entends le contrebassiste chanter avec sa contrebasse. La rythmique enchaîne, toujours claire. Ancrée dans le Blues mais sans que cela pèse. Solo de batterie aux baguettes. Ca danse sec. Le batteur baisse le son pour dialoguer avec la contrebasse puis le quartet reprend pour un final groupé.
Le quartet a donc joué " Solar " ( Miles Davis), " Star Eyes " et " Straight no chaser " ( Thelonious Monk).
Le pianiste se lance seul dans un style marqué par Claude Debussy. Cela devient plus rythmique avec l'arrivée du groupe. Même quand ils jouent une ballade, ils swinguent. Des vrais Jazzmen! Ca m'évoque la Mer par temps calme, légèrement agitée par une douce brise, quelques nuages pour ponctuer le décor. Dehors, il ne pleut plus. Magie de la musique. Ca respire, ondule. Quelles grandes délices!
Solo de piano heurté avec subtilité. La trompette le rejoint. Ca c'est un thème joué par Miles Davis. Ca touche en plein coeur. Batteur aux balais et la rythmique enchaîne. Ajout de la sourdine Harmon à la trompette alors que la rythmique suit souplement. Stella by starlight bien sûr! Cela évoque Miles Davis et Chet Baker mais sans copie. Crescendo final.
PAUSE
J'en profite pour savourer un hamburger et un soda. C'est l'Amérique.
Le quartet repart avec What is this thing called love? joué joyeusement et énergiquement. Breaks de batterie secs et précis aux baguettes sur les tambours. Ca swingue dur, nom de Zeus!
Un morceau de Thelonious Sphere Monk mais rapide. Heurté, sautillant comme il se doit. Le cens culturel fonctionne. Le concert est gratuit, en accès libre sans réservation mais il s'agit d'un concert de Jazz dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris. Le public est gentryfié comme disent les époux Pinçon-Charlot, sociologues de la grande bourgeoisie. Beau dialogue contrebasse-batterie. Quelle pulsation, sapristi!
Solo de piano pour introduire une ballade. Le batteur est aux balais. Ca masse le cerveau. Le titre m'échappe mais c'est bien joué. Beau solo de contrebasse, profond, au centre de la rythmique. Joe Sanders chantonne. C'est charmant. Le pianiste reprend la main avec grâce. Nouveau solo de contrebasse. Deux belles femmes se lèvent pour admirer le contrebassiste à l'oeuvre. Le trompettiste n'a pas joué ce morceau.
Il se remet à l'oeuvre justement. Un standard du Be Bop. Ca swingue toujours. Il ne reste plus q'une grande et belle femme debout qui bat la mesure du pied au rythme du solo de Joe Sanders qui chantonne de nouveau. Subtile ponctuation du bassiste et du batteur aux balais. Heureusement que c'est une belle femme car elle me bouche le peu de vue que j'avais sur les musiciens. Seule la trompette dépasse de son épaule. Je ne le vois pas mais il me semble entendre un deuxième trompettiste. Fin surprise. Pas de bis.
La musique fut bien fêtée ce mardi 21 juin 2016 au Mona Bismarck American Center à Paris par le quartet de Ronnie Lynn Patterson. Merci pour les souvenirs.