Christian Chesnot, Georges Malbrunot, Mémoires d'otages, 2005.Ouïe ! Aïe ! Des semaines d'absence et ça y est, le blog tourne à 20 visites par jour ! Non, je ne suis pas partie en vacances ! Non, je n'ai pas disparu du circuit ! Juste, parfois, il faut savoir faire des pauses et s'abstenir de parler pour ne rien dire. Je n'avais rien à dire d'intéressant, je me suis tue. C'est aussi simple que cela ! Niveau lecture, je n'ai pas trop eu le temps non plus, mais je viens de remédier à cela avec le livre dont je vous parle aujourd'hui. Je l'ai découvert au fond d'un carton, parmi d'autres et d'autres centaines qui attendent encore d'être dépoussiérés, et je l'ai immédiatement mis de côté mentalement, tant le sujet m'intéressait. Il s'agit du récit de la prise d'otage des deux journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qui a eu lieu en Irak à l'automne 2004. Après leur libération, les deux hommes racontent étape par étape leur amour de l'Orient et l'admiration qu'ils portent à ses cultures ancestrales et érudites ; leur présence dans un pays proche du chaos après la chute de Saddam Hussein et l'invasion américaine ; leur engagement journalistique et leur passion pour le métier ; et enfin les quatre mois passés en détention, retenus par l'armée islamique qui résiste à l'époque contre la présence américaine sur leur territoire. Pendant de nombreuses pages, sans tentative aucune de faire sensation ou de modifier la réalité pour la rendre plus "vendeuse", Chesnot et Malbrunot évoquent leur quotidien, les divers déplacements qu'ils ont connus durant leur détention et leur cohabitation avec leurs ravisseurs. Sans syndrome de Stockholm ni esprit de vengeance, en respectant leurs convictions profondes, inébranlables, sur la situation dans les pays arabes, les journalistes dressent le portrait de ceux qui les ont retenus en otage en Irak. Dans une deuxième partie, c'est leur captivité et leur silence vus de France, du point de vue de leurs familles, qui sont évoqués. Enfin, et le panorama ne serait pas complet sans cette dernière partie, en excellents professionnels qu'ils sont, Chesnot et Malbrunot mènent leur contre-enquête : sur le travail des renseignements, sur le rôle des politiques, le fiasco de l'affaire Julia et sur l'inextricable tissu d'intermédiaires plus ou moins fiables qui sont autant de pistes à étudier. Le livre est un document passionnant, objectif et qui remet en place quelques idées préconçues sur les otages et le rôle des différents acteurs, que ce soient les groupes islamistes ou les renseignements généraux. A travers cette affaire, on se rend bien compte que rien n'est tout noir ou tout blanc, que rien n'est simple et que certaines forces en présence ne partagent pas forcément les intérêts de la France quant à la libération d'otages ou à la justification d'une présence dans les pays insurgés. Les Etats-Unis en prennent pour leur grade. Même si les événements datent d'il y a plus de 10 ans, ils sont le portrait d'une époque et d'un lieu qu'il convient d'avoir en tête pour aborder les événements actuels au proche orient.