Du 9 juillet au 9 octobre 2016,
http://www.islesurlasorgue.fr/campredon.htmlArtiste peintre jusqu'en 1970, René Guiffrey quitte la peinture à cette date pour épouser le blanc, qu'il ne quittera plus. Il n'a désormais plus de palette. La seule couleur qu'il utilise, et sur laquelle est fondé tout son travail, est la couleur blanche. Blanc de titane des couleurs "à l'huile pour artistes" dans les années 1970-1975, acrylique ensuite pour effacer sur la toile l'aspect sensible de l'huile, dépersonnaliser, banaliser la surface peinte. Après l'abandon de la toile et du châssis (1980), recours aux matériaux industriels pour
les rapports spécifiques qu'ils entretiennent avec le blanc, leur capacité à substituer à l'acte de peindre, à la facture sensible du peintre, l'insensible industriel : blancs brillants des carrelages de céramique, émaux blancs laiteux des miroitiers, porcelaine de Limoges, blancs multiples des papiers... souvent associés au verre (non artisanal, toujours industriel), l'eau, l'achrome des miroirs, pour leur pouvoir réfléchissant, leur a-coloration, leur transparence fixe ou mouvante, enfin, les films diaphanes ou transparents pour les œuvres graphiques et scénographiques.L'exposition de Campredon présentera une sélection d'une centaine d'œuvres - peintures, sculptures, carrelages et verres, le plus souvent dans la forme du carré (Grandes peintures blanches 1970-1980, Série des 57 peintures 1985, séries Les fenêtres de l'Oncle Albers, La Mouche, Fougères, la série Plis ou celle des Films/folie, série Cordoba...), sculptures en verre ( Colonne Joyce, Cube Lola, L'effet burette ...), dessins et multiples. Elle est accompagnée d'un catalogue, publié aux éditions Fage avec le soutien de la Ville de L'Isle-sur-la-Sorgue.
Commissaire de l'exposition : Jean-Claude Roure
Lorsque l'on travaille à présenter une exposition, et plus particulièrement une exposition rétrospective, on est confronté à des exigences. Des exigences dues à l'oeuvre mais aussi, et de façon contiguë, à la manière
dont nous devons montrer cette oeuvre. Il est important, également, de la synthétiser à travers son cheminement, d'en préciser les initiatives à travers le temps.Comme l'écrit François Barré dans le catalogue de l'exposition, René Guiffrey, L'oeuvre à blanc (un parcours) : " René Guiffrey construit depuis cinquante ans une oeuvre détachée de tous les effets d'âme, poussières du temps et surcroîts conceptuels, symboliques, physiques et métaphysiques, affectés et affectifs, comportementaux et posturaux, d'être et de manière, de jaillissement et de fulgurance, de facture et de cuisine. "
Ces quelques lignes qui précèdent situent bien ce qui a toujours motivé notre engagement à la défense de cette oeuvre. Nous ajouterions, pour notre compte, à l'unicité de cette oeuvre, les enjeux qui la motivent, à savoir : son homogénéité, sa cohérence, l'économie des moyens mis en oeuvre dès le départ. Toutes ces raisons nous ont conduits à opter pour la forme d'une exposition à caractère rétrospectif, au centre d'art Campredon à l'Isle-sur-la-Sorgue.
Ici, nous devons donc préciser les enjeux de cette oeuvre (pas ou peu photographiable, soit dit en passant : comment reproduire par le " figé " ce qui est le " bougé " ? écrit René Guiffrey). C'est dans l'oubli - ou sa disparition - que se recueille l'idée de l'oeuvre.
En effet il se produit, au coeur même de cette négativité, un retournement radical comme si par des brèches naturellement ménagées, l'indescriptible fusait à travers le descriptible, le visible et l'imprévisible, le sans forme à partir de la forme, en sorte que chaque oeuvre doit se voir réellement hors de ses limites. CAMPREDON Centre d'art, 20, rue du Docteur Tallet 84801 L'Isle-sur-la-Sorgue Tél : 04 90 38 17 41
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h30 à 18h30