Quelques vérités sur le 7e Régiment des Tirailleurs Algériens (7e RTA)
Qui parlera enfin de ces tirailleurs musulmans portant l’uniforme de
l’armée française et massacrés par les tenants de l’Algérie française.
Là où la réalité dépasse la fiction.
Tout commence un jour du début de l’année 1957 où le capitaine
commandant le détachement du 2e bataillon du 7e Régiment des tirailleurs
algériens stationné à Maafa rencontre chez le coiffeur à Batna un sergent musulman qui servait sous ses ordres durant la campagne d’Indochine.
Le capitaine propose donc à son sous-officier de venir le rejoindre et
de se rengager en pleine guerre d’indépendance. Dans un premier temps,
celui-ci refuse puis après quelques jours s’en va frapper à la porte du
cantonnement du poste de Maafa. Il demande à rejoindre la compagnie du
capitaine, sans doute sur ordre du FLN.
Après plusieurs semaines,
le sergent déserte en compagnie d’une dizaine de tirailleurs musulmans
en juin 1957 avec armes et bagages.
Au cours d’opérations
successives de l’Armée française dans cette région des Aurès, ces
tirailleurs musulmans déserteurs sont repris un à un par l’armée
coloniale. Au mois de mai 1958, le dernier d’entre eux parle sous la
torture et déclare que la 6e compagnie du 7e Régiment de tirailleurs
stationné à Mdoukel près de Barika, dont le chef de bataillon est le
commandant Adam doit déserter. Les éléments musulmans devaient déserter
en bloc emportant avec eux le lieutenant commandant la compagnie comme
otage.
Quelques jours après, en mai 1958, la 6e compagnie reçoit
l’ordre de partir en opérations jusqu’au Djebel Refaa situé près d’El
Kantara. Arrivés sur place, la compagnie reçoit l’ordre de déposer les
armes en formant des faisceaux en séparant les tirailleurs Musulmans des
Européens. A ce moment là surgit un détachement de parachutistes qui
cernaient le lieu où se trouvait la 6e compagnie, tous les tirailleurs
musulmans ont été exécutés sur place.
Ce après quoi le 2e bureau de
l’Armée française prend conscience de l’ampleur du mouvement qui portait
les tirailleurs musulmans à déserter et ouvre un camp d’internement et
d’action psychologique suivant les méthodes du Viet Minh à El Outaya
entre El Kantara et Biskra où se trouvait le 3e bataillon du 7e RTA.
C’est ainsi que démarre sous l’égide de l’Armée française une campagne
de lavage de cerveaux auprès des tirailleurs musulmans venant de
plusieurs régiments d’Algérie enfermés dans ce camp. Des « corvées de
bois » régulières éliminent ceux dont le profil et le comportement ne
convenaient pas aux spécialistes du 2e bureau chargé de ce camp
d’internement qui resta ouvert durant plusieurs mois.
Les
prisonniers qui leur semblaient « récupérables » ont ensuite été
incorporés à des commandos de chasse, tous les autres, la plus grande
majorité, ont été torturés et massacrés par l’Armée française dont ils
portaient l’uniforme.
Combien de centaines de tirailleurs
musulmans, appelés et engagés, portant l’uniforme militaire, ont-ils été
ainsi massacrés, sans autre forme de procès, par l’Armée française dont
ils faisaient partie ? Ils étaient sortis des effectifs de l’Armée
coloniale au prétexte de ne pas avoir rejoint leur cantonnement ; bien
sûr, leurs familles n’eurent plus jamais de leurs nouvelles.
Cet
épisode tragique de la guerre d’Indépendance n’a jamais été révélé. Il
suffit pourtant d’aller enquêter à El Outaya pour savoir ce qui s’est
réellement passé durant les derniers mois de cette année 1958 où De
Gaulle est parvenu au pouvoir.
Ainsi, s’achève l’un des drames parmi
les plus atroces de la guerre d’Algérie où les fils des tirailleurs du
7e RTA dont les anciens, par dizaines de milliers, ont versé leur sang
pour la France durant la 1ere et la 2eme Guerre mondiale. Ce qui a valu
au 7e Régiment de Tirailleurs Algériens d’être décoré de la légion
d’honneur et de porter la fourragère rouge.
En 1962, le 7e RTA est
regroupé à Barika où il a été dissous sans autre forme de procès. Tous
les tirailleurs musulmans ont été renvoyés dans leurs foyers avec
l’accueil que l’on peut imaginer. Le reste du régiment a été rapatrié à
Epinal dans les Vosges. Qui parlera un jour de tous ces jeunes
tirailleurs musulmans disparus ou massacrés sommairement sans aucune
forme de jugement ?
Sergent-Chef Adidène de la 8ème Compagnie