Magazine Humanitaire

Maraude du 8 juin 2007

Publié le 20 juin 2007 par Jean-Paul

Ce soir je quitte plus tôt pour préparer la soupe.
Les 2 Maraudes sont au programme.

Notre Gérard adoré n’étant pas là durant 2 semaines, nous l’avons remplacé ce soir par un plus jeune.
C'est-à-dire Giorgino notre nouveau maraudeur (cela aura fait rire tout le monde ce soir cette petite blague).

A noter que tous, ont réclamé Gérard. Il faut dire que notre papa de la rue est adulé par nos amis.

Bon, nous partons à peu près à l’heure, nous décidons d’un parcours bien précis. Nous voulons dire au revoir à Jp qui a retrouvé un travail et a quitté la rue. BONNE CHANCE A LUI, en espérant ne jamais le revoir dans de telles conditions. Il nous manquera car notre relation avec lui était très spéciale et très amicale. BON VENT MON AMI. Nous te mettons au chaud le petit cadeau que nous n’avons pas pu te donner.

Face au 47

Nous retrouvons un groupe d’amis assez alcoolisés ce soir, et pour cause !! Laure m’apprendra plus tard que l’un d’entre eux (celui qui a recueilli une petite chienne adorable et dont je parle dans une autre chronique) vient d’apprendre qu’il avait un cancer.
Dans le groupe nous retrouvons ce soir celui que GG appelle Le collègue et dont je vous parle régulièrement. Va pas bien fort ce soir, je le soupçonne d’avoir bu un « tit » coup. C’est pourtant pas dans ses habitudes. Ce soir il ne veut pas nous lâcher. Trop de monde et trop éméché pour savoir ce qui ne va pas.
Arrive un ami dont j’oublie toujours le nom (je ne sais pas pourquoi d’ailleurs) ? comme à chaque fois il me dit qu’il a faim. Il sait que j’ai toujours quelque chose de planqué. Je lui donne discrètement une boîte de conserve car je n’en ai que 4 sur moi.

Notre Alain est assis plus loin sur un banc et nous attend sagement.

Nous approchons de lui, mais il est en train de se soulager contre un mur, et nous hurle « ATTENDS », ce que nous faisons bien poliment en tournant la tête pour ne pas le gêner. Ce soir il est mort de rire, mais on se saura pas pourquoi. Je lui demande s’il a faim il dit oui, je lui demande s’il veut que je lui ouvre sa boîte il dit oui. Gérard n’étant pas là, il est bien heureux de nous parler et d’accepter notre aide, le gredin !

Mais bon, faut pas rêver au bout de 3 minutes et demi, il en a marre, nous le fait savoir alors nous poursuivons.

A l’entrée de la Gare d’Austerlitz

EH devinez qui est là : ALI !!!! Notre Ali celui qu’on voit sur la photo là, assis au milieu du Pont d’Austerlitz tout paré de couleurs vives paradant devant la caméra ! Lui aussi est en train de se soulager mais pas contre un mur il urine carrément au milieu de la rue. Tous les 3 nous lui crions qu’il exagère, qu’on ne pisse pas comme ça au beau milieu de la rue, face aux gens qui passent. Il est un peu gêné. Ces propos sont incompréhensibles comme d’habitude. Nous lui offrirons une soupe, cigarette et continuons.

Sur le Pont d’Austerlitz
Nous saluerons le Russe, toujours aussi rustre, et descendrons sous le pont pour dire au revoir à JP, qui comme je vous l’ai dit n’est déjà plus là.

Comme d’habitude nous serons accueillis très chaleureusement par toute la troupe, qui loge là.
Tien BG a de nouveau élu domicile ici !! Il me raconte une vague histoire d’appartement qui aurait pris feu. Je n’y crois pas trop mais l’écoute religieusement.

Certains ont faim ce soir, nous distribuons, soupe, café, gâteaux pour le gourmand de KALIMERO.
Ce que les hommes peuvent être gourmands !!!
La bande à BG me demande de jouer les médiateurs auprès de la bande à LOLO car ils s’étalent un peu trop sur la chaussée et c’est vrai que c’est avant tout une piste cyclable. BG me dit qu’ils doivent se tenir à carreaux de peur de se faire virer. Alors j’irai gentiment dire à la bande à LOLO de faire gaffe, car les réchauds, les gamelles… dépassent un peu trop. Lolo me dit qu’il n’y a pas de problème, qu’ils ne gênent personne, je lui fais gentiment remarquer que si, ils gênent les vélos.
J’observerai avant notre départ qu’ils auront reculés leurs effets et que le passage est plus libre pour les vélos.

Ce soir MAMADOU, nous a remis 4 cartes à offrir à qui bon nous semblait, pour les repas du soir de tout le mois de JUIN dans un restaurant. Nous avons notre petite idée des personnes à qui nous voulons les offrir.
Je proposerai à Christian, qui me dira gentiment non car il en a déjà une.
Nous ferons la connaissance de Robert et Emilia, Madame est espagnole et est malade. Ils sont en passe d’avoir un logement. Ils accepteront bien volontiers cette carte.

Direction Pont Charles De Gaulle

En fait dès que MAMADOU nous a donné ces cartes, j’ai tout de suite pensé à Jacky et Bruno. Sachant que tous les deux refusent toute institution. Je sais que Jacky est en rupture avec son assistante sociale, qu’il ne va jamais dans les assos… Avec Laure on se dit que cela vaut le coup d’essayer.

Quand nous arrivons tout le monde est déjà couché. Mais quand Jacky entend le son de notre voix, il a vite fait de sortir de sa carapace (lire : tente).
Comme d’habitude nous recevons un accueil chaleureux de toute la bande. Petite brouille entre Jacky et Bruno qui se trouvent maintenant de chaque côté du campement, mais rien de bien grave, ces 2 là sont bien trop intelligents pour ne pas se fâcher sérieusement. J’en profite pour faire la connaissance de Nicole une femme charmante. Je propose à Bruno ma fameuse carte de restaurant, le sachant ermite, je tente le coup.
Ce qui me fera plaisir c’est qu’il hésitera un bon moment avant de me dire non.  Nous finirons par l’offrir à Nicole qui l’acceptera de bon cœur. Vraiment charmante cette Nicole. Je reste à discuter avec Bruno (toujours à philosopher Bruno), ce soir il est malade, je lui donne un doliprane car il a mal à la gorge.

Nous resterons une bonne ½ heure, et déciderons de repartir car nous avons rendez-vous à la Maison du 13 avec JP car nous n’avons pas de clefs ce soir.

Plus loin sur les quais
Avant de remonter, nous trouverons une famille de Polonais, que nous ne connaissons pas. Giorgino fera le relais en anglais car notre anglais avec Laure n’est pas au beau fixe. Nous apprendrons qu’ils sont en France depuis 3 mois. Nous leur expliquons, la maison du 13 et ils semblent avoir compris. Nous pensons qu’ils passeront. A suivre…

Gare d’Austerlitz
Nous décidons bien sûr de passer voir Francine et René. Yves est revenu et semble en forme ce soir.
La Francine est crevée et nous dit qu’elle voudrait s’asseoir pour prendre sa soupe.
Nous les suivrons donc un peu plus loin, afin qu’ils puissent s’asseoir par terre. Ce soir Francine qui peine à trouver des vêtements à sa taille (souvenez-vous je vous ai déjà dit qu’elle avait une poitrine énorme) a les seins qui sortent de son chemisier. Elle le sent et cela la met vraiment très mal à l’aise, elle tire sur sa chemise dans tous les sens (imaginez-vous pour cette femme de 50 ans comment cela peut être gênant et humiliant de se trouver dans cette situation). Je décide de lui venir en aide car étant très pudique moi-même, j’imagine sans peine le calvaire qu’elle est en train de vivre. Je me baisse à sa hauteur et lui demande si elle veut que je lui ferme son chemisier. Très gênée elle me dira oui. Voilà c’est chose faite.
Mais putain !! Personne ne devrait avoir à vivre ça : pas de soutien gorge et pas de vêtements à sa taille, pas de chaussures convenables, pas de toilette intime… Comment, quand ont est semi-impotent, à la rue sans point de chute et en errance permanente, peut-on avoir la force du minimum ??? Cette femme est pourtant formidable !! Elle est toujours en train de s’occuper de René et d’Yves, mais elle ??
Bon, depuis j’ai collecté des pompes et j’ai acheté des t-shirts pour la Francine. Pour les « soustings » de grandes tailles si quelqu’un en a qui traînent, n’hésitez pas.

Boulevard de l’Hôpital
Nous remontons car il est l’heure.
On retrouvera nos 3 compères à la même place qu’à l’aller à savoir devant le 47 !
OUF !!! Quelle découverte, « le collègue » est raide bourré !! On ne l’a jamais vu comme ça depuis que nous le connaissons.
Avec Laure nous nous assurons qu’il n’y a pas besoin d’appeler les pompiers car notre ami est vraiment à la limite de la perte de conscience.
Nous resterons un petit moment avec lui. Je lui demande où sont passées ses lunettes. Il ira les chercher au fond de sa poche. Ca nous rassure on se dit qu’il est encore conscient.
Nous sermonnons ces comparses et leur demandons de veiller sur lui (il loge normalement sous le pont d’Aurterliz) et surtout d’arrêter de boire. Ils nous jurent qu’ils vont rester avec lui (en redescendant en noctilien avec Laure nous pourrons constater qu’ils ont dit vrai, ils sont toujours couchés là).

Voilà, il est temps de rentrer, car JP nous attend.

Comme d’habitude, quand nous rentrons, corvée de vaisselle…

MARAUDEURS    : Laure, Giorgino, Farida
RAVITAILLEMENT    : 4 L de soupe + 3 L de café, pain…
NOMBRE D’AMIS RENCONTRES : 25 Personnes environ

Petite note perso concernant les POMPIERS. Messieurs, les beaux gosses ! Il semblerait que vous vous éloignez de votre fonction première : venir en aide aux personnes en détresse TOUTES LES PERSONNES !

Je vais pousser mon coup de gueule car cette semaine près de chez moi, il y a « Christophe », Polonais, qui parle peu le Français. Quand il est arrivé dans mon quartier il était propre comme un sou neuf, ne buvait pas était toujours tiré à 4 épingles.
Aujourd’hui, il ne ressemble plus à rien de tout cela, il est alcoolisé en permanence. Il DORT DANS UNE CABINE TELEPHONIQUE !!
Cette semaine, je le trouve un soir le visage complètement tuméfié et violet des paupières aux lèvres. 2 jeunes garçons s’indignent de son état car il semblerait que Christophe se soit fait tabassé par 2 petites frappes, juste pour le plaisir (Mais si ça arrive, y’a des mecs qui sont tellement forts qu’ils tabassent des SDF juste pour le plaisir).
Après 5 minutes, trouvant mon ami très mal (vraisemblablement le nez cassé !) je décide d’appeler les pompiers. Ben oui quoi c’est leur boulot !! Je tombe sur un pompier charmant qui me dit que oui ils vont venir. Effectivement les secours arriveront 5 minutes après.
5 beaux gosses arrivent et me disent, « ho mais c’est rien le MR on le connaît on l’a déjà fait Lundi ?? » Ils le connaissent tellement bien qu’ils ne connaissent ni son nom ni son âge.
Les pompiers lui parlant à mon sens de façon très rude, Christophe m’a attrapé la main ne veut plus la lâcher. Ce qui agacera ces messieurs, car il a décidé de ne parler qu’à moi. Il fait des crises d’épilepsie à ses heures et je le vois commencer à hocher de la tête. J’arrive à lui demander son âge et à faire qu’il accepte d’aller à l’hôpital.
Là-dessus ils me disent : ouai on va l’emmener à l’hôpital mais là bas ils vont le laisser sécher sur un banc. Sur quoi je répondrai que cela lui fera au moins 1 heure de repos en toute sécurité.
ET LE COMBLE  c’est ce qui va suivre :
Tout blasé qu’ils sont les beaux gosses, il y’en a un qui me dit : ben à l’hôpital ils sont pas là pour ça !!
Là la colère me monte et je lui rétorque froidement : « Ha oui j’avais cru comprendre qu’ils étaient là pour soigner les être humains ?? »
Ce qui me pousse à pousser ce coup de gueule c’est que cette attitude tend à se généraliser chez les pompiers de Paris qui se trouvent face à nos amis de la rue. Il est vrai que souvent on est obligé d’inventer des histoires pour qu’ils se déplacent.
ALORS MRS LES POMPIERS, si à votre âge vous êtes déjà blasés de la misère Parisienne qui pour sûr est peut-être (à vos yeux) moins noble que d’aller sauver des vies à l’autre bout du monde ou d’éteindre un incendie. Votre fonction est avant tout de tendre la main. Alors continuez à la tendre sans regarder celle qui est à l’autre bout.
Franchement c’est la 3ème fois que je vis cette mésaventure et j’espère qu’il ne s’agit là que d’exceptions !

- Je partage ton avis Farida - Signé Jean-Paul (non pas Furax...)


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