Le jukebox a rythmé la vie dans les bars et les cafés jusque vers les années 90 et c'est l'arrivée des CD qui a marqué son déclin. C'est toujours un objet mythique, collectionné par de nombreuses vedettes comme Christophe.
En choisissant cet intitulé pour son récital Miguel-Ange annonce qu'il y aura de la nostalgie. En annonçant des émotions il gomme la référence à l'automatisme de ces appareils, dont on sélectionnait les pistes après avoir glissé une pièce de monnaie.
Il cumule les talents, à commencer par la comédie, mais c'est la chanson qui lui procure les plus fortes ... émotions, le mot est dit. La partager sur scène lui est quasiment vital.
Son entrée en scène est facétieuse (on entend sa voix sans le voir et soudain son visage perce le rideau), pour masquer sans doute une appréhension qu'il n'aura pas aussi forte lundi prochain, étant donné le niveau des applaudissements qu'il a récolté ce soir.
Il enchaine avec Padam, Padam, immortalisé par Edith Piaf, alternant fort harmonieusement voix parlée et voix chantée.
Miguel-Ange est réaliste et la présence d'un public nombreux le touche vraiment, en ces jours où des compétitions internationales et des manifestations sollicitent tout le monde. Nous apparaissons à ses yeux comme des résistants. Mais sait-il alors que nous n'avons aucun mérite puisque nous sommes venus pour le plaisir ?
Ainsi soit-il. Ce n'est pas moi qui le dit, mais lui qui chante Louis Chédid. et qui nous fait comprendre soudain que ce n'est pas du cinéma, mais la métaphore joliment dite du choix de sa fin de vie.Ainsi soit-il / Tel est le nom du film / Travelling sur un corbillard qui passe(...) Ainsi soit-il / Tel est le nom du film / Alors la caméra zoome arrière Et tu r'montes dans l'hélicoptère.
Il poursuit avec une chanson (peu connue) de Françoise Hardy oh je voudrais que tu m'enterres / mais demain je s'rai loin très loin ...
Pas question d'assombrir l'atmosphère. La lumière passe du bleu au rouge et c'est Back in the market of love, qu'il a coécrite avec Alice Bassié qui en a écrit la musique, et Jean-Christophe Déjean les arrangements, façon bossa-nova.
La soirée est émaillée de confidences, de questions-réponses avec le public, sans que ce soit au détriment du tour de chants, bien au contraire. Beaucoup d'humanité se dégage des échanges.
Quand reviendras-tu ? que l'immense Barbara a créé en 1987 n'a pas pris une ride. Et les paroles du Chanteur malheureux de Claude François (1975) ont le potentiel pour nous tirer une larme. Miguel-Ange a raison de le souligner : les plus belles chansons d'amour chantent le désamour.
Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse écrivait Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra.
Pour finir, une chanson qui parle de départ, Porque te vas, immense tube chanté par Jeanette tout l'été 76, et qui était la musique du film Cria Cuervos de Carlos Saura. Tu m'oublieras disent les paroles.
Il faut espérer une présence plus régulière sur la scène en tant que chanteur. Miguel-Ange ne peut pas être partout. Il doit assurer la tournée du spectacle "Le Front Pop" de Christina Rosmini. Bientôt reprendront les répétitions de "Pasolini Musica", une création conçue et mise en scène par André Roche où il interprète le rôle de Pier Paolo Pasolini. Le spectacle devrait être joué à Paris du 19 janvier au 16 février tous les jeudis au Théâtre de Ménilmontant et ensuite au Festival d’Avignon en 2017.
Jukebox d'émotions, concert de Miguel-Ange SarmientoLes Rendez-vous d'Ailleurs
107 rue des Haies, 75020 Paris