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Philémon, T9 : L'arche du A - chronique d'un déluge non annoncé !

Publié le 29 juin 2016 par 7bd @7BD

couverture Philémon T9, L'arche du A de Fred chez DargaudSérie : Philémon T9 Titre: L'Arche du A Auteurs : Fred (scénario et dessin)  Editeur : Dargaud Année : 1992 Pages : 60

Résumé : Philémon doit réparer le tonneau de son oncle Félicien mais uniquement un jour d'orage. Ca tombe bien, le tonnerre roule de sombre nuages sur la ferme du père de Philémon. Le jeune homme se met au travail, écoutant son vieil ami Barthélémy gémir sur l'impossibilité de retourner dans le monde des lettres de l'océan. Ils sont interrompus par la foudre, les deux compères foudroyés et finissent... au sommet d'un mât de vigie, sur un navire étrange en pleine croissance, au beau milieu de l'océan, au cœur d'une violente tempête. Comment Philémon et Barthélémy vont se sortir de ce pétrin ? Mon avis : Philémon repart pour une nouvelle aventure, égaré à nouveau entre le monde normal et le monde des lettres, quelque part entre le poétique et l'absurde. Car voilà les deux véritables maîtres de l'univers de Fred, auxquels il faudrait rajouter le rire. Car les rencontres que traverse Philémon à chacun de ses voyages oscillent sans cesse entre ces trois pôles et Fred arrive vraiment à trouver l'équilibre ténu, le temps parfois d'une case, pour me toucher. L'intrigue de fond de l'épisode est quasi-biblique, car dans le monde des lettres que Philémon rejoint, il pleut depuis quarante jours et quarante nuits sans discontinuer. Du coup, les îles-lettres ont été noyées. Dans ce monde, les lettres du mot Atlantique que vous lisez sur une carte sont autant de véritables îles abritant une faune et une flore des plus farfelues ! Le déluge ne s'arrête pas et la vieille maison de Barthélémy a poussé (normal, avec toute cette eau) et du coup, elle constitue l'arche fixe où se réfugient les habitants des îles alentour. Philémon, en tentant d'arrêter le déluge et de retrouver Barthélémy qu'il a perdu dans une des lames de fond qui frappe l'arche, va tomber entre autres sur des buffets affamés, une licorne, et un trompomp !

L'intrigue n'est pas complexe mais les solutions sont toujours surprenantes. Ce que j'aime dans le monde de Philémon, c'est que la surprise se trouve au détour de chaque page. On ne s'inquiète pas tant pour notre héros que de savoir jusqu'où Fred va pousser le curseur. Et d'ailleurs il le pousse assez loin, et c'est tant mieux. On retrouve donc des anciens, comme Vendredi le centaure mais aussi des nouveaux dont je vous laisse la surprise. Car je me rends compte que je vous en ai déjà trop dit. page extraite de Philémon T9, L'arche du A de Fred chez Dargaud Ô rage, Ô pluie des espoirs ! Mais laissez-moi vous parler du dessin de Fred. Personnages stylisés, simplifiés, mais tellement reconnaissables. Barthélémy avec sa tenue verte et son chapeau conique, Philémon avec sa tignasse brune et son T-shirt rayé blanc et bleu, Vendredi et sa barbe. Les décors ont quelque chose d'organique – ce qui se comprend quand on vous parle de buffet carnivore – une trace d'irréel, même dans le monde normal. Et Fred utilise des extraits de photos, d'images anciennes qu'il « absorbe » dans son dessin pour les faire ressortir d'autant plus. Ce qui nous remet d'une façon graphique de façon plus prononcée dans l'absurde. Les couleurs sont pleines, poétiques tout autant que l'histoire. Elles se mélangent, et la couverture vous en donnent un bel aperçu. La composition porte elle aussi la magie d'un monde étrange. En effet, les cases sont reliés par des éléments de dessins continus d'une case à l'autre, alors que les personnages même peuvent parcourir ces cases en changeant d'échelle. La scène de fuite au milieu des buffets carnivore en est un bel exemple. Pour alterner, Fred nous offre de temps en temps des dessins pleine page, même pleine double page, qui figent l'action, la vie et le combat de ces naufragés en pleine tourmente. Le cadrage semble simple mais par la construction même de la composition, il se dénature, et suit une histoire qui semble le dépasser. Le gros plan sur un cigare, et Philémon en plan serré, avec un gardien au loin, tout cela en deux cases qui n'en font qu'une ! Un simple exemple de la magie de Fred. Une magie que je suis heureux d'avoir retrouvé en relisant cet album, et encore pus heureux d'avoir partagé avec vous ce tome, porteur d'une grande catastrophe naturelle avec ce déluge inattendu, ou une autre. En espérant que tout ceci vous donnera envie de découvrir ou de retrouver le cycle de Philémon. Fred nous a quitté, certes mais il a pu porter la pierre finale à son univers, boucler ces voyages tranquilles dans le dernier tome de la série. Parfois, j'ai l'impression que ces histoires douces, autant absurdes que drôles, manquent un peu aujourd'hui. Mais je peux me tromper, il y a telle profusion sur le marché de la BD que je ne prétendrai pas tout commettre. Le cycle de Philémon est comme une succession de contes, de fables, de ce que vous voulez, car dans le monde des lettres, vous y apporterez au moins autant que vous y trouverez !
Zéda et Philémon sous le déluge ! Philémon, T9 : L'arche du A - chronique d'un déluge non annoncé ! David
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