T’es normal, t’es humain

Par Dany Desjardins

Aujourd’hui, j’ai envie de te parler de la vie. Mais ne t’en fais pas, je ne suis pas là pour te prêcher la bonne nouvelle alors tu peux rester. Je suis plutôt ici pour te parler de ma réalité et celle de plusieurs de tes amis ainsi que pour une très grande partie de la planète.

Je parle de la vie en tant qu’homosexuel. La vie «différente» qu’on apprend, parfois avec difficulté, à accepter. Même pour sa propre personne. Une vie qui, parfois, fait mal, écorche au passage notre petit coeur, mais qui, une fois apprivoisée, est une vie remplie d’aventures et d’amour que même toi, tu ne penses même pas être en mesure de mériter. La vie de gai, lesbienne, transgenre, bisexuel, c’est une vie de liberté, de droit, de légèreté et remplie de rêves à long terme. Cependant, n’oublies pas que ce n’est aucunement un choix. Crémeuse ou traditionnelle? Les Canadiens ou les Bruins ? Le rouge ou le vert? Ça, ce sont des choix. Tu ne t’es pas levé un matin en te disant «C’est tellement «in» d’être homosexuel». Tu as senti dans ton petit cœur un sentiment que tu n’as jamais ressenti auparavant. Et tout ça en croisant le regard d’une personne qui, comme toi, sans la connaître, porte en elle, une attirance pour une personne du même sexe que toi. Tu n’arrives même pas à l’expliquer. Tu es à bout de souffle.  Des papillons (tsé les vrais là) parcourent ton estomac. Tes jambes deviennent molles, tes mains moites et même si tu le désires vraiment très très fort, tu n’arrives pas à décrocher ton regard de cette personne.  Si tout ça t’arrive, dis toi que t’es normal. Vraiment. T’es peut-être juste pas l’image «idéale» que la société désire avoir de toute personne sur Terre mais la différence, c’est ce qui fait la beauté du monde. Rappelles-toi en.

Même que je ne devrais pas dire «la différence» parce qu’après tout, nous sommes tous pareils, tous égaux. Je ne me suis jamais senti différent. J’ai eu la chance d’avoir une famille aimante qui, dès le départ a su m’écouter et m’épauler dans l’annonce de cette nouvelle vie. Parce qu’on va ce le dire, t’auras beau avoir 7, 14 ou même 40 ans, quand tu décides de faire ton «coming-out», c’est une toute nouvelle vie qui s’offre à toi et avec laquelle tu devras apprendre à vivre (sans trop de difficulté crois-moi). Être soi-même, c’est merveilleux. Je suis certain qu’en lisant ces lignes, tu auras la force et la résilience nécessaire afin de laisser passer les commentaires qui réussiront à atteindre tes oreilles et parfois même tes yeux (les réseaux sociaux et ses ravages). Parce que oui, ça peut faire mal. Beaucoup de mal même. Mais les marques que ça laisse ne seront pas sur ton visage ou dans un coin de ton cerveau mais bien sur ceux et celles qui auront lancés ces attaques gratuites et futiles. La conscience fini toujours pas nous rattraper et ce n’est pas toi qui aura le plus mal. Par contre, tout ça ne se fait pas sans heurte. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable; beaucoup de gens pensent que c’est encore un choix d’être gai. Une maladie même. Mais je te le confirme, si ce l’est réellement, on n’en guérit pas. Même que ça nous améliore. Ça nous donne encore plus le goût de vivre et de nous battre pour notre bonheur. Le meilleur remède pour vaincre cette «maladie» c’est de s’accepter et d’accepter aussi parfois que certains de tes amis, de tes collègues de travail et même pour certains, de tes parents auront du mal à accepter ou tout simplement, n’accepteront pas ta vie. Oui ça fait mal. Oui tu vas pleurer. Tu vas vouloir crier tous les sons que ton corps sera capable d’émettre et essayer de leur faire comprendre que t’es le même petit gars qui ne passe pas une journée sans dire Je t’aime ! à ses parents. Tu vas vouloir qu’ils comprennent que t’es le même enfant qu’hier, tsé, la journée où est-ce que tu n’étais pas gai. Tu vas même vouloir revenir en arrière. Tout effacer. Même que tu vas sans doute penser que tu serais bien plus heureux 6 pieds sous terre. Ne te sens pas mal de penser à tout ça. Ne te sens pas coupable d’avoir même essayé. T’es normal, je te le dis. Mais à partir d’aujourd’hui fais-toi une promesse. Regarde autour de toi. Observes et écoutes. Regardes des livres, des blogues. Parles-en à des amis de confiance. Tu deviendras un homme plus fort que jamais. Plus puissant que tu n’aurais plus l’imaginer. Apprends à t’aimer à partir d’aujourd’hui. Apprends à ne pas avoir peur des personnes qui souffrent plus que toi en n’acceptant pas l’amour entre deux personnes de même sexe. Ne leur en veux surtout pas. Ces personnes ont plus besoin d’aide que toi. Mais un jour, ces personnes verront à quel point tu es beau. Je t’en fais la promesse.

Et maintenant que tu es rendu à ces dernières lignes, retiens bien ceci:  t’es normal, t’es resplendissant, t’es humain.

Je t’aime.

– Toi, dans un futur pas si lointain.