Sélectionné pour le Prix des lecteurs Livre de Poche, ce roman fait partie des romans du mois de Mai. Je suis un peu en retard pour mes chroniques je m’en excuse. Une belle pile de livres lus attend sagement sur mon bureau que je fasse enfin les chroniques ! J’espère rattraper mon retard très vite.
Ce roman est celui qui a été sélectionné par le jury et même si ce n’est pas celui pour lequel j’ai voté, j’ai longuement hésité à le choisir. Donc une très belle lecture, d’autant plus que c’est un roman historique qui nous emmène en plein Paris des années 1897 où va avoir lieu un terrible incendie dans les locaux du Bazar de la Charité qui fera un très grand nombre de victimes parmi les femmes de la haute société.
Quatrième de couverture:
» Mai 1897. Le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. La charismatique duchesse d’Alençon, petite sœur de Sissi, a pris deux jeunes femmes sous sa protection en dépit du qu’en-dira-t-on. Scellant le destin de ces trois héroïnes, l’incendie du Bazar de la Charité bouscule ce monde cruel et raffiné et plonge Paris dans le deuil? Mais il permet aussi des amours et des rapprochements imprévus, des solidarités nouvelles, des libertés inespérées. Car naître à soi-même demande parfois d’en passer par le feu. »
Mon avis:
Les romans historiques sont toujours passionnants. Même si les personnages sont fictifs, les faits sont bel et bien réels quant à ceux concernant l’incendie. Je suis allée voir sur internet si des photos de l’époque étaient en ligne, et j’en ai trouvé quelques unes et également des dessins faits à l’époque. Je les ai recherchés après ma lecture et j’ai encore plus saisi l’horreur de cette journée.
Un bazar de charité, des femmes du milieu mondain s’y bousculant pour être vues et reconnues, un rendez-vous immanquable pour ces femmes de la haute société mais également pour celles désireuses de pénétrer dans cet univers fermé. C’est le cas de Violaine qui tente désespérément de mettre un pied dans ce monde. Lorsque l’incendie démarre, la panique gagne peu à peu la foule et ce sont des hordes de femmes qui tentent de sortir de cette prison enflammée. Les corps s’entassent, les cris se confondent, et des personnes impuissantes assistent à ce terrible spectacle.
Autour de cette tragédie déambulent trois personnages principaux et leurs entourages: la duchesse d’ Alençon, Violaine et Constance. Trois femmes dont le destin va être brutalement transformé à cause de cette incendie. Certaines restent introuvables, d’autres profitent de ce cahot pour se fondre dans l’anonymat, d’autres encore développent tout leur courage et leurs forces pour aider les personnes chères à leurs cœurs.
C’est sur fond d’Histoire que Gaëlle Nohant nous immerge dans la vie de ces trois femmes mais aussi dans la vie de leurs familles et amis, dans ce que ce malheur va engendrer pour chacune d’elle, dans leurs réflexions sur leurs vies après avoir frôlé la mort. Voir la mort de près, la toucher, amène à se pencher sur sa propre existence et à vouloir faire de sa vie celle que l’on veut vraiment.
Ce roman est un livre sur l’humanité, l’amitié, la volonté, la liberté et sur la révélation sur nos vies que peut avoir une tragédie.
Une magnifique lecture!
Petit extrait:
» C’était là qu’elle avait appris que Mme David, la maman du petit Alfred retrouvé mort dans les cendres du Bazar, avait perdu la raison au moment où une généreuse souscription mettait fin à l’indigence qui l’avait poussé à envoyer son fils trouver les dames du Bazar de la Charité. Là qu’elle avait découvert le nom du vieux général qui était mort dans d’atroces souffrances sur le lit voisin du sien, à l’hôpital Beaujon. Là, enfin, qu’elle avait parcouru chaque jour la liste des victimes en redoutant d’y lire le nom de Constance. Il y avait eu les jours de la salle Saint-jean, cette éprouvante identification qui avait laissé des corps sans nom, abandonnés à la fosse commune faute d’avoir été reconnus. (…) ne pouvait s’empêcher d’imaginer au-dessus de chacun de ces anonymes une âme sursautante, déchirée d’avoir vu ses proches scruter sa dépouille pour l’écarter fermement – non, cette momie hideuse n’est pas notre mère, ne saurait être ma fille bien-aimée. Et l’âme ulcérée regardait cette écorce racornie – qui avait été son corps fier et plein – glisser dans l’anonymat de la fosse tandis que la douleur des siens butait contre une tombe impossible à remplir. »
« La part des flammes », Gaêlle Nohant, Livre de Poche, Mars 2016, 545 pages.