Partager la publication "[Carnet noir] Bud Spencer est décédé"
Il y a quelques semaines, je décidais d’envoyer un message à Bud Spencer, un acteur que j’ai adoré (et que j’adore aujourd’hui) étant enfant et pour lequel j’ai toujours eu beaucoup de respect. Très aimable, Bud Spencer avait répondu par l’affirmative à ma demande. Je lui ai vite fait parvenir des questions. Ce soir, j’apprends qu’il n’est plus. Le balèze, le compère de Terence Hill, a tiré sa révérence…
Né en 1929 à Naples en Italie, Carlo Pedersoli, alias Bud Spencer, s’impose dans un premier temps dans le sport. C’est sans trop le vouloir, plutôt réticent comme il l’avouera volontiers lui-même, qu’il se lance dans la natation, tout en faisant néanmoins tomber les records. Il obtient sept titres nationaux et deux médailles (or et argent) aux Jeux Méditerranéens de 1951 et 1955. Il participe même aux Jeux Olympiques. Décidément surprenant, il met le sport de côté en 1957 pour aller diriger en Amérique du Sud une équipe de construction de la Panaméricaine. À son retour au pays, il se marrie, a des enfants, devient chanteur et inventeur, puis se tourne vers le cinéma. Fan de l’acteur Spencer Tracy et amateur de bière, il adopte tout naturellement le pseudonyme de Bud Spencer, à l’instar de beaucoup de ses contemporains, dans un soucis de sonner plus « américain ». Toujours prompt à relever les défis, il prend très au sérieux les cascades, qu’il exécute lui-même. Pour les dialogues néanmoins, il laisse la rigueur à son compère Terence Hill, avec lequel il va enchaîner les longs-métrages. Lui aime improviser. Avec son mètre 92 et ses 130 kilos, Bud Spencer devient vite le spécialiste des bourre-pifs dans des westerns ou des films d’action. Avec Terence Hill, avec lequel il forme un duo qui réinvente à la sauce baston la dynamique de Laurel et Hardy, Spencer entre dans la grande histoire du septième-art par la porte du divertissement bon enfant et familial.
Sa bonhomie, ses baffes monumentales et ses réparties hilarantes sont à la base d’un paquet de vocations et demeurent parmi les fondations de beaucoup de cinéphilies. Il est difficile de citer tous les films qui se sont imposés dans un inconscient collectif reconnaissant quant à la qualité de spectacles honnêtes et généreux, mais on peut notamment parler de On l’appelle Trinita, On continue de l’appeler Trinita, Maintenant, on l’appelle Plata, Deux super flics ou encore Attention les dégâts. C’est en 1994 qu’il joue pour la dernière fois avec son copain Terence Hill dans Petit Papa Baston. On a pu le voir depuis dans plusieurs productions, principalement destinées au marché italien (mais pas toujours).
Le champion dans ses jeunes années
Acteur sous-estimé par l’élite, mais apprécié par ceux qui ont une vision simple et franche du cinéma tel qu’il doit être, pilote accompli (hélicoptère et avion de chasse), sportif de haut niveau et écrivain, Bud Spencer a vécu plusieurs vies dans une vie. Toujours sans avoir l’air de trop s’investir mais toujours en laissant sa marque. Très actif sur les réseaux sociaux, sur lesquels il postait des photos du temps jadis mais aussi de son quotidien, ce comédien légendaire s’est éteint ce lundi 27 janvier. Il avait 86 ans.
@ Gilles Rolland