Aux États-Unis, inquiet de cette situation, le Centre pour l'Innovation dans les Services Financiers (CFSI) a décidé de réagir, en estimant (avec justesse) qu'il n'était pas possible de résoudre les difficultés récurrentes auxquelles fait face plus de la moitié de la population sans disposer au préalable d'un diagnostic fiable. Il a donc défini un cadre générique d'évaluation de la « santé financière » des ménages, avec l'ambition d'en faire un point de départ pour toute entreprise qui souhaiterait s'inscrire dans la démarche.
Le dispositif, présenté dans un guide [PDF] détaillé, est volontairement simple. Il comporte 8 indicateurs, répartis sur 4 axes : dépenses, épargne, crédit et planification. Pour chacun d'eux, la description s'accompagne de conseils pratiques de mise en œuvre, essayant, dans la plupart des cas, d'établir une corrélation (préalablement validée au cours de campagnes de test menées l'année dernière) avec les données que possède une institution financière sur ses clients (essentiellement ses transactions et le solde de ses comptes), de manière à délivrer une mesure aussi objective que possible.
Si le principe peut sembler utopique, il n'en inspire pas moins quelques pionniers. Outre 7 structures candidates ayant confirmé leur participation à un « beta test » qui devra confirmer la valeur de l'approche, le CFSI a déjà identifié trois expériences proches de son modèle. Sans grande surprise, une d'elle est due à une association de lutte contre la pauvreté tandis qu'une autre émane d'une startup (HelloWallet). Cependant, la troisième est à porter à l'actif de Wells Fargo, avec un site dédié à la santé financière, visant à développer l'adoption de comportements financiers plus sages parmi ses clients.
Loin de ne constituer qu'un vernis superficiel pour se donner bonne conscience, la proposition de la CFSI devrait intéresser au plus haut point les banques (y compris en dehors de son pays d'origine). D'une part, il vaut certainement mieux investir dans des actions potentiellement porteuses de résultats concrets que dans, par exemple, des outils de PFM inefficaces, qui restent souvent inutilisés. D'autre part, à un niveau plus stratégique, le suivi de la santé financière des clients devrait être un indicateur essentiel de l'activité, ne serait-ce que parce qu'il est représentatif de son évolution future.