S’infinitif
Je s’écrire une manière de se détacher de soi propre, rester infinitif.
Pour ne pas que paysage se refermer à mesure de s’écrire le texte,
nous se prendre dedans. Le paysage s’être notre addition de pas.
C’être comme ça qu’on se fabriquer un bout de monde où vivre, à force
de pas vouloir, pas pouvoir supporter les choses s’être comme figées
dans un moule. Pas à pas, se décider vouloir se défaire, pas ça encore,
pas possible, pas maintenant. Et aussi pas besoin d’un but même si ça pouvoir
aider transitoire un moment se faire mais pas rester trop là-dessus.
Je se détacher pouvoir se laisser prendre par le mouvement des choses
s’écrire à même l’infinitif. Nous n’y parvenir que par petits bouts s’échanger
pour se donner idée de l’ensemble. Ça pouvoir faire bloc je se l’espérer
en prendre part pour ne pas lâcher. Ensemble c’être déjà manière de faire
les rues où se passer les choses. Et des squares, des maisons, des immeubles.
S’imaginer le monde infinitif une grande marche de tous ceux qui s’écrire
une manière de s’être là ensemble. Mot après mot, tu se sculpter dedans
ce qu’il être possible dire une phrase que se traverser de toutes parts.
Comme s’être résolu à passer infinitif à travers chacun particulièrement.
Quand tu savoir danser les phrases qu’ensemble s’être en marche, alors
le paysage c’être toi avec tout le monde dedans se déplacer c’être nous,
et les choses se faire aussitôt de partout.
Ce court texte comme une tentative de destituer le « je » de la fonction d’auteur. Le sujet : objet de sa propre énonciation. Ou encore : nous qui parlons, sommes parlés. Ecrire depuis l’infinitif – se laisser écrire, accepter d’être débordé, – écriture sans contour, délestée de tout poids : les mots, nuages pneumatiques, brouilalges des limites, jouissances d’un pur muvement de parole.
Sébastien Lespinasse, in Cahier du Refuge, n° 252, Centre International de poésie de Marseille, p. 12.