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LA BELLE MÉLANCOLIE de Michel Jean

Par Venise Landry @VeniseLandry
LA BELLE MÉLANCOLIE de Michel JeanSi vous vous fiez aux titres et aux couvertures pour choisir vos romans, gare à vous ! Les deux nous amènent à croire à une histoire à l’eau de rose. Ce l’est oui, un peu, mais si peu.
L’homme dont il est question, Arnaud est un contrôleur d’images et de situations de crises. Il est grassement payé pour cela. Cette fois, la crise sera particulièrement éprouvante et le scandale à étouffer particulièrement répugnant. Et, qui plus est, ce scandale se déroulera loin de sa zone de confort puisque c’est dans une mine du Nunavik que la douzaine de meurtres a lieu. Si encore, il n’y avait que cette affaire dérangeante qui ravage l’esprit de l’homme au cœur de la quarantaine, il y a également une très jeune femme, une avocate qui le trouble par sa pureté. En plus, cette femme, par une ressemblance frappante avec une autre qu’il a beaucoup aimée, le ramène continuellement à son passé.
Nous suivrons donc Arnaud à ce moment charnière de sa vie où il est confronté à des choix de vie qui reposent sur des valeurs d’honnêteté. Il aurait pu s’acquitter de sa tâche et contrôler les dégâts médiatiques (la surface) sans se poser de questions sur la violence dans le Grand Nord, sans observer, sans voir, sans sentir les malaises. Il finira par décrocher de la futilité de sa tâche pour aller plus en profondeur. On le verra, entre autres, entrer en relation avec une Inuit très jeune et aux prises avec de gros problèmes.
Somme toute, cet homme qui joue avec les images part tout à coup à la quête d’une certaine vérité, et le déclencheur est cette jeune avocate, Amélie Roy, une femme qui conduit sa propre vie dans une droiture qui le surprend.
Malgré un intérêt assez soutenu, l’intrigue m’a laissé plutôt tiède et je me suis longuement interrogé pourquoi. Arnaud est le personnage principal, celui par qui tout passe, il vit au cœur d’une crise existentielle majeure qui traverse sa vie sentimentale et son travail et, pourtant, son trouble se vit tout en douceur delà, j’imagine, le titre « La belle mélancolie » qui charrie une certaine langueur. Les évènements sont certainement en crise, plus qu’il ne l’est lui-même. Il conserve une maîtrise qui, à mes yeux, a fini par s’apparenter à de la tiédeur. Ceci dit, là où j’ai senti le plus de fougue au cours de cette histoire et ceci, chez plusieurs personnages, c’est dans toutes les scènes se rapportant à la sexualité.
C’est le roman des entre-deux : la surface et la profondeur, la fabrication ou l’authenticité de l’image, le présent ou le passé sentimental, l’espace (le Grand Nord) ou la densité (Montréal) et pour cela, je me serais attendu d’y trouver plus de tiraillements du protagoniste principal et assister à des déchirements.
Je ne nie pas que le sentiment d’amour soit tangible mais on dirait qu’il arrive au personnage «malgré lui ». Personnellement, j’aurais aimé voir un Arnaud Delagrave plus énergique. Voilà c’est dit « énergique ». C’est certainement une question de perceptions, car tout est une question de perceptions, et s’il y a une chose qu’Arnaud Delagrave pourrait confirmer, c’est bien cela !

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