Cette histoire commence simplement : Thomas et Laure, des amis d’enfance devenus nouvellement un couple retournent sur les lieux de leur enfance à St-Denis de Brompton. Après quelques hésitations, ils s’installent dans une vieille maison un peu décrépie mais faisant face à un attrayant lac. Thomas est un scénariste à succès et Laure, une bibliothécaire. On se tient près du livre pour gagner sa vie dans ce roman.
« Jusqu'à quel point veulent-ils un enfant ? Était-ce une bonne idée l’achat de cette maison ancestrale La Chalande qui bouffe leurs économies ? Pourquoi ce retour imprévu dans leur vie du frère de Thomas ? » entre ces questions d’ordre plutôt concret surgissent des questions d’ordre de l’esprit où règne en maître le thème des disparitions mystérieuses.
Tout au long de l’histoire du couple, plantée en 2005, et du frère qui s’y joint, s’intercalent des épisodes de l’enfance de Thomas en 1985. S’intercale également l’histoire d’un enfant abénaquis. Ces derniers textes intercalés (en italique), se lisant sur 42 pages, varient considérablement de longueur d’un segment à l’autre. Un épilogue de 18 pages nous attend à la fin et 3 pages de notes de l’auteur.
L’histoire en 2005 m’a intéressée, surtout ce couple foncièrement contemporain, une entité en soi assez captivante par leurs questions existentielles et leur manière d’être assez répandue : la femme plus centrée sur la vie du nid que l’homme dont l’esprit se plait à vagabonder. Pour ce dernier, faut dire que le travail de scénariste peu exigeant lui laisse une latitude d’horaire lui offrant l’occasion de fouiller son présent sous les éclairs illuminés du passé. En ce sens-là, les épisodes de 1985 nous aident à comprendre l’attraction qu’exerce sur lui un ventre-de-bœuf qui avale des vélos et pourquoi pas, tant qu’à y être, des vies. La vie du gamin en 1985 est habitée et je dirais que c’est lors de ses passages que j’ai le plus senti palpiter l’âme de St-Denis de Brompton.
Pour ce qui est des segments de légendes abénaquises, afin de mieux les savourer, j’ai dû les relire une fois l’histoire principale terminée.
J’en conclus que ce roman, à plusieurs partitions, entre ses visites à l’enfance, puis à l’âge adulte, puis aux légendes abénaquises fut trop morcelé pour que j’arrive à l’englober avec facilité. En plus, j’ai un moment donné réalisé que j’avais un sérieux problème de lecture : je restais imperméable au mystère qui s’en dégage. Nous avons ici une histoire mystérieuse, ou en tout cas qui veut l’être, avec ses doubles sens de vie de l’esprit, ses recherches, ses symboles et ses disparitions inexpliquées. Si on y ajoute également ses êtres différents qui la hantent, le tableau est complet. Je suis passé à côté de ce mystère, me tenant très (trop ?) près du concret. Ce qu’il m’en reste principalement est une curiosité et un intérêt certain pour ce coin de pays que l’auteur a su faire sien à chaque phrase.
Reste que, même si ce roman n’était pas pour moi, la majorité des lecteurs s’en sont délectés, voir ne serait-ce que la très belle critique de Marion Transetti à La Recrue du mois qui a entièrement embarqué dans le côté mystérieux.