Ce phénomčne intéresse de maničre récurrente les historiens, et l'un d'eux, Robert Muchembled, en a męme fait un sujet de thčse de doctorat : La violence au village, en Artois, du XV° au XVII° sičcle. Et ses conclusions ne peuvent nous laisser indifférents. Lisez plutôt :
"L'Artois des années 1400 ŕ 1600 est un exemple de la résistance des sociétés paysannes d'Occident ŕ la marche d'une inéluctable modernité conquérante. Cette province porte alors ŕ la fois les caractéristiques d'un équilibre ancien et les signes d'un début de mutation, avant les grandes transformations du XVIII° sičcle et de l'époque industrielle."
Et, affirmation finale :
"La maničre dont une société gčre la violence, aujourd'hui comme autrefois, permet de découvrir ses mécanismes internes les plus cachés. Il reste beaucoup ŕ faire en ce domaine pour préciser les choses dans le cadre de la longue histoire européenne. L'objectif est d'autant plus passionnant que nous ne sommes peut-ętre pas aussi civilisés que nous le croyons parfois, ŕ l'aube du XXI° sičcle. Notre inconscient collectif conserve la trace de pratiques anciennes : xénophobie, brutalité juvénile, formes de vengeance privée, par exemple. Sans parler de la fureur homicide de l'automobiliste contre le confrčre qui lui a fait une queue de poisson... Transmis par des canaux discrets depuis des sičcles, ces comportements prouvent l'importance de l'étude du passé pour bien comprendre le présent."
Phrases terminales qui doivent d'autant plus nous interpeller qu'elles ont été écrites en 1973 !