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Deux beaux polars pour finir le mois de juin : The Whites & je vis je meurs,

Par Filou49 @blog_bazart
24 juin 2016

 Avant une prochaine revue de polars à amener dans la valise pour ces vacances voilà une chronique de deux excellents romans policiers, un français et un autre étranger à vous conseiller pour finir la ligne droite de cette saison 2015-2016 et voir arriver les vacances d'été... 

1.Je vis Je meurs ;  Philippe Hauret ( ed Jigal)

vis meurs

« Mattis était persuadé que Rémi n’était pas réel, et qu’il était plutôt le résultat d’une expérimentation des services secrets en vue d’humaniser les personnels de police. Car Rémi était toujours d’humeur égale, il buvait peu, ne fumait plus, rentrait chez lui dès la fin de son travail. Il ne tabassait personne, n’en croquait pas…Bref, il paraissait impossible que Rémi soit un être humain, encore moins un flic. »

Serge la soixantaine, nouveau retraité, a la désagréable impression d’avoir raté sa vie. Mattis lui est un flic au bord du gouffre, père divorcé défaillant essayant, sans grand succès, de se guérir de diverses addictions : drogue, sexe, jeu, alcool… (Rayer la mention inutile). Carlos lui c’est le parrain aux petits pieds qui a l’ambition de chausser plus grand, il peut compter sur la fidélité de José et Sammy ses lieutenants.

Et puis il y a Janis qui est belle comme un soleil, serveuse dans le bistrot d’une banlieue  grisâtre. Serge en est sûr il doit sauver Janis des griffes de son brutal amant et donné ainsi un sens à son existence. Et Mattis, lui, qu’est-ce qui va donner un sens à sa vie…Sauver Serge et Janis, épouser la belle Carole et emménager dans un coquet lotissement ?

Une vraie série noire à l’ancienne, destins tordus, humains blessés en quête de rédemption ou de reconnaissance, nous sommes en terrain connu. Philippe Hauret croque de vrais personnages sans cynisme ni mépris mais avec délicat détachement et un humour qui donne au récit un charme bien particulier. Il organise une valse entre tout ce triste monde et à la bonne idée d’un amer happy-end. Didier Daeninckx, Jean-Patrick Manchette et Jim Thompson veillent par-dessus son épaule.

2. THE WHITES; Richard Price ( ed Presse de la Cité) 

« Ces cœurs sont tissés de joies et de soucis, merveilleusement baignés de peines, prompt à l'allégresse.
Les années leur ont donné de la tendresse. L'aube était leur, ainsi que le crépuscule, et les couleurs de la terre.

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…Il laisse une blanche. Gloire continue, un rayonnement rassemblé, une ampleur, une paix étincelante sous la nuit. » (Extrait d’un poème de Rupert Brooke cité dans le livre)

Considéré comme l'un des plus grands auteurs de roman noir contemporains et excellent dialoguiste (il est notamment le  coscénariste de la géniale série urbaine  The Wire ) Richard Price est revenu en cette année 2016   au roman avec The Whites, paru simultanément à sa présence  aux Quais du Polar à Lyon, et  après huit ans de silence et un Souvenez-vous de moi, particulièrement brillant.

Chroniqueur  féroce et réaliste de l'Amérique urbaine, Richard Price fait incontestablement partie, de  ces auteurs  américains capable, et un peu comme un  Denis Lehane, de mélanger chronique sociale et enquête policières pour un roman noir mais surtout terriblement humain.

Dans ce nouveau roman, Price raconte comme personne le quotidien des flics new yorkais, leurs emportements, leurs questionnements et aussi leurs zones d'ombre,  et trousse une plongée dans l'enfer des  'whites"  ( ces criminels que  les policiers n’arrivent totalement à prouver la culpabilité passés à travers le filet de la justice, et qui ressortent « blanc « comme neige de l’enquête ).

Un polar impressionnant par son équilibre entre suspense et réalisme quasi documentaire de ce quotidien prenant et harassant  d'une brigade de nuit du NYPD  et ses personnages fouillés et assez contradictoires, emmenés par ce formidable, Billy Graves, policier de terrain affecté à la brigade de nuit du NYPD., policier plein d’empathie et professionnel de grande qualité qui se  débat entre leur vie de famille et ce boulot chronophage, anxiogène et pourtant indispensable à son équilibre, comme à celui de ces collègues

Quelle puissance dans la description de ces rues de  New York nocturne où s’ébattent des hordes de paumés, voyous du col blanc à la petite vermine,  et autres marginaux, quelle justesse dans les dialogues qui sent assurément le vécu et qui n’oublie pas l’efficacité liées à ses expériences de scénariste pour la TV et aussi  quelle belle réflexion sur la justice et la culpabilité pour un roman  puissant et addictif qui confirme tout le bien de ce romancier dont ce Whites –à la fin étonnamment ouverte- devrait prochainement  être adapté au cinéma, 25  ans après le Clockers de Spike Lee.. 


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