Arrêtons de pleurer sur le Brexit

Publié le 24 juin 2016 par Guy Deridet

par Gérard Bouquet : LE BLOG DE BOUQUET.GERARD

Le Brexit est un échec. Il aurait été souhaitable que les Britanniques restent dans l'Union, mais pas à n'importe quel prix ! Depuis Mme Thatcher, l'Union Européenne n'a cessé d'accorder des privilèges exorbitants à un pays qui n'a jamais voulu respecter les règles communes. Aujourd'hui, le Brexit est une chance inespérée de construire une Europe plus intégrée et plus proche des peuples.



Je trouve un peu pénible les jérémiades de certains, qui jouant aux pleureuses effarouchées regrettent le départ des Anglais de l'Union Européenne. Plus encore ceux qui n'y voient qu'une victoire des populistes.

Oui le Brexit est un échec, oui il aurait été souhaitable que les Britanniques restent dans l'Union, mais pas à n'importe quel prix !

C'est un échec qui a commencé à s'entrevoir, lorsque nous avons trouvez bon d’accepter les caprices de Lady Thatcher et son « I want my money back », ouvrant la boîte de Pandore des exemptions, comme celles du Danemark.

Ce fut également un échec annoncé, lorsque nous avons accepté que le Royaume-Uni, ne respectant pas les règles communes, ne soit pas contraint à adopter l'euro.

Échec également avec toutes les exceptions accordées à un pays, qui n'en a jamais fait qu'à sa tête, en voulant toujours « le beurre et l'argent du beurre » !

Comme l'écrit très bien Jean Quatremer à propos des Anglais : «votre seule présence suffit à bloquer toute tentative d’intégration supplémentaire non seulement par peur de vous déplaire, mais parce qu’il fallait à chaque fois imaginer une usine à gaz supplémentaire pour que vous conserviez votre « statut spécial ».

Il faut bien dire aussi que le Royaume-Uni a toujours été le cheval de Troie des intérêts états-uniens en Europe, frein principal à toute intégration renforcée.

Échec enfin, lorsque pour sauver les meubles et cédant au chantage, toute une série de promesses hallucinantes a été faite à David Cameron, pour l'aider à gagner son référendum.

Ils n'ont jamais voulu respecter les règles du jeu. Le carton rouge qu'ils se sont donné eux-mêmes est donc une bonne chose.

Nous sommes bien, en face d'un fiasco de l'Europe. Mais de quel Europe ?

Celle de la gouvernance intergouvernementale, par nature anti-fédéraliste.

Celle de l'Europe libérale, qui a freiné toute avancée vers une harmonisation sociale et fiscale et la mise en place d'une gouvernance politique de l'euro.

Celle qui a honteusement été incapable de donner une réponse humaniste à la crise des réfugiés.

Nos gouvernants ont aussi péché en faisant de Bruxelles l'éternel bouc émissaire de leurs incompétences.

Aujourd'hui il en est fini des faux-semblants. On ne rigole plus.

Pour résister à la vague nationaliste, qui conduirait au déclin de l'Europe, nous devons aller vers plus d'intégration européenne, avec les pays de la zone euro. L'Europe doit surtout définir un véritable projet social, pour retrouver le cœur de son peuple.

Comme le dit Michel Rocard : « le Brexit est une chance inespérée ». Encore faudra-t-il que nous ayons le courage de la saisir.

N.D.L.R

Certes la Bourse va pleurer car la City ne sera plus le centre vital de l'Europe. Les autres bourses pleurent déjà. Bonjour les crocodiles ! Très franchement, je ne pleurerais jamais sur le sort des financiers qui gouvernent le monde. Le Royaume-Uni et son bras armé, la City sont, jusqu'à la caricature, le fer de lance de l'ultra libéralisme US en Europe. Cet ultra libéralisme, dicté par le Etats-Unis qui nous fait tant de mal depuis déjà trop longtemps.

L'Angleterre ne veut plus de nous, quelle se rassure, on ne veut plus d'elle ! Débarrassée de ce boulet qui l'entrave depuis des années l'Europe a maintenant une chance de se préoccuper un peu plus des peuples d'Europe et beaucoup moins des financiers véreux qui nous pourrissent la vie depuis des décennies. Si l'Europe ne saisit pas cette chance, alors il nous appartiendra de dire, une fois pour toutes, non à cette Europe des multinationales.

L'Europe sera (enfin) sociale. Ou elle ne sera plus.