de Tahar Ben Jelloun
Roman - 270 pages
Editions Gallimard - février 2016
Amir est un riche commerçant de Fès, et est souvent en déplacement à travers l'Afrique. Il est amoureux de Nabou, une belle Sénégalaise qu'il voit à Dakar chaque année. Comme le prévoit l'Islam, il décide de contracter un "mariage de plaisir", un mariage en CDD. Mais l'amour ne les quitte plus, et il décide de rentrer à Fès avec Nabou, auprès de sa première épouse très colérique et jalouse. La cohabitation s'annonce difficile quand Amir informe de son intention de la prendre comme seconde épouse officielle. Nabou est Noire et le racisme est très présent. Les jumeaux qui naitront seront confronté à l'injustice, au regard de la société sur leur couleur de peau, l'une noire et l'autre blanche, et ne se construiront pas de la même manière malgré des parents aimants.
En démarrant la lecture, j'étais quelque peu gênée par le style que me paraissait trop académique (sans jeu de mot par rapport à l'auteur de l'Académie Goncourt), désincarné. Et puis peu à peu, je suis rentrée dans cette histoire comme dans un conte oriental,
Extrait :"Fès était le tombeau du Temps, la source enchantée de l’Esprit, le refuge des repentis et le divan des poètes qui tissaient de leurs vers les ruelles sombres et étroites. C’était aussi le centre du commerce, de l’échange, de l’arbitrage et de toutes les enchères pour l’or et la soie. Chaque chose était à sa place. C’était cela le secret de cette cité. "
Plongée sociale dans le Maroc d'hier et d'aujourd'hui, avec les profils dressés et décryptés des villes de Fès, Marrakech et Tanger, aux facettes si différentes. Volonté de faire un roman avec une ambition sociétale, dénonçant non pas les coutumes de mariage et de polygamie, mais plutôt les traditions de racisme ordinaire d'une société au long passé esclavagiste encore trop présent et l'intolérance de l'Autre au sein d'une famille. L'Autre comme celui qui ne nous ressemble pas, l'Autre comme Karim le frère trisomique ou l'Autre comme Nabou la peule du Sénégal ou encore son fils Hassan a la peau encore noire....
L'avis de Kenza - Thé au jasmin