House of the Dying Sun : Vaisseaux en feu à la porte de Tannhäuser

Publié le 23 juin 2016 par _nicolas @BranchezVous
Exclusif

L’empereur est mort. Et il en revient à vous de le venger sans faire de prisonniers. Après avoir passé plusieurs années en développement et un changement de nom plus tard, House of the Dying Sun – anciennement Enemy Starfighter – débarque enfin en accès anticipé.

Au fil des années (et des reports), le développeur de Marauder Interactive (oui, une seule personne) a dû réduire ses ambitions. Mais le résultat, quoique moins audacieux qu’attendu, est particulièrement satisfaisant.

Scénario

La critique vient à peine de débuter et, déjà, les choses se corsent : au départ, Enemy Starfighter devait être un simulateur de vol spatial offrant au joueur la possibilité de protéger le territoire du tout-puissant empereur en semant la mort chez ses ennemis, ou de se ranger plutôt dans le camp des rebelles. Le tout dans un univers dont la structure et les missions seraient en partie générées aléatoirement en fonction des choix du joueur.

L’empereur a été tué par les traîtres, et il n’en tient qu’à vous de le venger en assassinant scrupuleusement tous les impudents ayant contribué à la révolte.

Dans House of the Dying Sun, toutefois, on se rabat plutôt sur un récit linéaire, faute de ressources pour aller plus loin. L’empereur a été tué par les traîtres, et il n’en tient qu’à vous de le venger en assassinant scrupuleusement tous les impudents ayant contribué à la révolte. Il s’agira donc de cumuler les meurtres des nobles de la cour jusqu’à atteindre l’ancienne capitale et enfin pouvoir en finir avec l’usurpateur du trône.

Aspect franchement intéressant du jeu, il est aussi possible de rejouer des missions déjà accomplies pour en augmenter le niveau de difficulté, histoire d’accumuler davantage de points permettant de déverrouiller des améliorations apportées aux vaisseaux amis et à son propre chasseur. Ainsi, les 14 missions se transforment en fait en 42 engagements. Un bon point, alors que le titre aurait quand même besoin de contenu supplémentaire pour diversifier son offre scénaristique.

Design

L’inspiration est évidente : le développeur de Marauder Interactive a sans aucun doute passé beaucoup d’heures à jouer à Homeworld. On retrouve ainsi le même style épuré; les couleurs simples, complémentaires ou carrément opposées.

Les deux camps sont également clairement identifiés : les vaisseaux des traîtres sont rectangulaires ou cubiques, et arborent des tons de bleu. L’engin spatial du joueur et ceux qui l’accompagnent ont des lignes élancées, menaçantes, des couleurs sombres… La Mort personnifiée sur fond d’étoiles froides et d’explosions. 

Oui, le concepteur auraient pu engloutir temps et argent pour atteindre le même niveau de détail que Star Citizen. Mais cette simplicité forcée permet en fait de se concentrer davantage sur les mécaniques de vol, voire les petits détails du cockpit dans lequel on passera l’intégralité du jeu. Tout y est : l’indicateur de vitesse, le choix des armes, l’état de santé des alliés et des ennemis. Tout est sobre et efficace. De petits évents de proue s’activant lors de manœuvres acrobatiques viennent compléter l’illusion. Un excellent travail qui prouve qu’il n’est pas nécessaire de surcharger un écran pour offrir une expérience immersive.

Jouabilité

Simulateur de vol beaucoup plus rapproché de l’arcade que d’un Flight Simulator ou d’autres titres pour puristes, House of the Dying Sun place le joueur dans le cockpit d’un chasseur impérial. Trois armes, des boucliers, des moteurs, et le vide intersidéral directement de l’autre côté de la verrière.

Pour se diriger, le développeur suggère une manette de console. Il est aussi possible de s’en tenir au clavier et à la souris, voire de brancher un joystick et de plonger dans les options pour configurer le tout, mais une manette de Xbox 360 est suffisante pour passer à travers le jeu. Du moins, lorsqu’il est question de contrôler son propre appareil. La gâchette gauche pour accélérer, la droite pour tirer, plus quelques autres boutons pour freiner, recharger, changer d’arme… la prise en main est naturelle. 

En fait, les seules contraintes découlent soit d’une petite erreur du programmeur, soit du jeu en lui-même. Ainsi, si la largeur du champ de vision est poussée au maximum, il deviendra pratiquement impossible de lire le texte affiché à l’écran. S’agit-il d’un oubli? Le jeu a aussi été conçu pour être compatible avec l’Oculus Rift, et cette option correspond peut-être davantage aux lunettes de réalité virtuelle qu’à un écran classique.

La précision toute relative de la manette entre par ailleurs en ligne de compte lorsque vient le moment d’attaquer des ennemis à très grande distance. L’un des seuls moments, en fait, où un joystick serait plus approprié pour jouer. Mais la «faute» est inhérente au jeu : faire mouche à des kilomètres contre un petit objet se déplaçant rapidement est foncièrement complexe. 

Le joueur finira bien sûr par développer des habitudes, mais quelque chose semble définitivement coincer de ce côté.

Enfin, lorsqu’il est question de contrôler des vaisseaux et de leur assigner des ordres (ce qui devient très rapidement essentiel à sa survie et à la réussite des missions), on ressent cruellement l’absence de la formidable caméra en trois dimensions de la série Homeworld. Ici, on en est quitte à tenter le coup avec le clavier et la souris, encore une fois, où à manipuler quasi frénétiquement les deux joysticks de la manette pour tenter de s’y retrouver.

Le joueur finira bien sûr par développer des habitudes, mais quelque chose semble définitivement coincer de ce côté. Peut-être une idée pour une future mise à jour?

Ambiance

House of the Dying Sun est un jeu n’offrant aucun répit. Après tout, point de repos pour les ennemis du défunt empereur. Il s’agit de frapper vite, mais surtout de frapper fort. Les missions durent en moyenne moins de cinq minutes. Arrivée, attaque, fuite. Pas le choix, non plus, puisque le vaisseau amiral de l’usurpateur a la fâcheuse tendance à intervenir dès que les armes commencent à parler. C’est donc une course contre la montre – et la mort – pour parvenir à ses fins. 

Autre preuve de ce sentiment d’urgence, le joueur est pratiquement toujours en situation d’infériorité numérique. Les ennemis sont légion, et ont tendance à appeler rapidement des renforts… surtout aux niveaux de difficulté plus élevés. Cette oppression constante se manifeste aussi dans l’impossibilité de déverrouiller et d’utiliser l’ensemble des améliorations disponibles. Chaque type de vaisseau peut activer deux caractéristiques spéciales, en plus d’un nombre limité d’armes. Il faudra alors tenter de trouver des combinaisons gagnantes, quitte à reprendre une mission ratée.

Saluons aussi le choix du concepteur de ne pas nous encombrer sous une atmosphère trop étoffée – et qui devient étouffante. Tout est conçu pour marteler le même message : les traîtres doivent mourir. Même si le joueur finit par se poser des questions sur le bien-fondé de sa mission sacrée.

Conclusion

House of the Dying Sun n’est pas ce qu’aurait pu être Enemy Starfighter. Peut-être que la situation changera éventuellement avec l’ajout de contenus supplémentaires, mais pour l’instant, le jeu demeure néanmoins un titre très solide au rythme endiablé. La combinaison des batailles chaotiques et de l’atmosphère oppressante, le tout dans un univers simple, mais stylisé, fait de House of the Dying Sun un très, très bon jeu.

Peut-être trop court, actuellement, pour mériter les 21,99$ exigés pour son achat, mais un très bon jeu malgré tout.