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Paris International Festival of Psychedelic Music - Woods, Jacco Gardner, Ulrika Spacek, etc - Noisiel, la Ferme du Buisson - 19 juin 2016
Publié le 23 juin 2016 par TotoAvoir l'occasion de voir et d'écouter Woods en concert vaut bien de rater un match de l'équipe de France à l'euro 2016 - surtout un 0-0. Les américains sont responsables de mon disque préféré de 2016 : un folk moderne et magnifiquement arrangé. Bon, après c'est dans le cadre d'un festival, donc avec un timing écourté et l'obligation de se palucher d'autres groupes pas tous indispensables. La soirée se passe dans un lieu plutôt agréable, la Ferme du Buisson, à Noisiel, en banlieue parisienne, mais assez accessible en RER depuis la capitale. Le thème psychédélique du festival n'était aussi pas pour me déplaire. Juste le temps de fêter dignement en famille la fête des pères, nous sommes arrivés avec maman pour 16h30, le début du concert de Ulrika Spacek, clone anglais de Deerhunter. A l'entrée du site, nous passons évidemment par les inévitables contrôles de sécurité. Les gars ne regardent même pas nos sacs. Ils posent juste une question : avez-vous de la nourriture ? C'est sans doute pour repérer de manière détournée les éventuels terroristes. Comme c'est Ramadan, ils ne vont pas apporter de bouffe. Malins, les gars. Comme on avait pris avec nous de quoi tenir jusqu'à la nuit tombée, ils ne nous ont même pas fouillés. On aurait pu passer avec tout un arsenal, sans problème. Etant donné la petite épicerie que les gars constituaient sur la table devant eux, on a rapidement compris qu'on allait quand même devoir y rajouter nos victuailles. Les types s'excusent, trouvant ça aussi pas très sympa, mais se cachent derrière l'organisation du festival qui aurait décidé le jour même que toute nourriture ou boisson extérieures seraient prohibées. La prochaine fois, ça serait gentil de prévenir un peu plus à l'avance et de mentionner officiellement que c'est pour que les food trucks présents sur place puissent rentrer dans leur frais. Le public n'est pas dupe non plus. On comprend bien. Bon, les gars nous disent qu'on pourra quand même les récupérer à la sortie. Mais parlons musique puisqu'on est venu pour ça. Ulrika Spacek semble un peu perdu sur la grande scène de la Ferme du Buisson. Les titres n'ont pas le relief qu'ils ont sur disque. On s'ennuie vite d'autant que le charisme des anglais est proche de zéro. La suite tardera à se faire attendre, puisque les organisateurs décident de décaler le concert de Tomorrows Tulips suite à un incident sur la ligne de RER A. En attendant, on découvre le site et on s'aperçoit entre autres qu'il y a une salle de cinéma qui diffuse un vieux film, "La chute de la maison Usher" de Jean Epstein, dans l'esprit de l'expressionnisme allemand avec un fond sonore expérimental et très moderne. Des tapis dont installés pour qu'on puisse s'y allonger. Quelqu'un ronfle à côté de nous. Dehors, des stands de bouffe (10 euros quand même le petit hamburger, le même prix qu'au resto sans la quantité ni le service), des stands de disques (les Balades Sonores forcément), des stands d'associations dont une qui vend des lunettes de soleil rigolotes en forme de coeur pour aider la construction d'une école au Malawi, "l'un des trois pays les pauvres au monde". L'heure de retrouver enfin les tulipes de demain. Franchement, il n'y avait pas besoin d'attendre la fin des incidents des transports parisiens pour ça. On aurait pu faire ça en catimini et passer sous silence ce groupe plus que dispensable, énième ersatz de Nirvana. Les morceaux nerveux et courts passent encore mais difficile d'adhérer à leur attitude scénique hautaine et suffisante, surtout quand c'est pour un résultat si commun. On les quitte avant la fin, histoire d'être bien placés pour le concert de la soirée. Woods est conforme aux attentes : impeccable. Peut-être trop même. Tout est en place. Jeremy Earl ressemble à Woody Allen dans "Bananas". Son look est à l'exact opposé des nombreux hipsters aux tenues excentriques du public.
Les morceaux du nouvel album sonnent aussi bien que sur disque, plus élaborés que les anciens, notamment le formidable "Sun City Creeps". On pense évidemment que l'ambiance aurait été autrement plus chaleureuse dans l'intérieur feutré d'une petite salle de concert. C'est pas qu'on n'aime pas la Ferme du Buisson mais cette scène plantée là a quelque chose de profondément impersonnel. Pas grave, la soirée est déjà gagnée : j'ai vu Woods en concert et c'était bien. Heureusement car la suite ne sera pas folichonne. Les Night Beats demeurent une énigme de programmation, tellement éloignés des autres formations. Ils pratiquent un blues sévèrement burné. Avec leur dégaine à la Che Guevara et Emiliano Zapata, on sent que les gars sont plus venus là pour faire la révolution que des bisous. Nos oreilles saignent un peu. Le guitariste chanteur part dans des solos dignes d'un Jack White, sauf qu'au lieu de nous impressionner, on en a rapidement assez. Ne reste plus que la tête d'affiche de la soirée, le néerlandais Jacco Gardner.
Le set est à l'image de la musique. Il y a de l'idée mais ça tourne rapidement en rond. Maston, du même label, est venu prêter main forte au clavier. Quelques titres sortent du lot, comme "Before the Dawn" au motif de clavier répétitif qui permet de s'évader un temps du carcan pop psychédélique sixties. Après un petit rappel, l'heure est enfin venue de plier les gaules et de récupérer nos victuailles laissées à l'entrée tout l'après-midi... Sauf que tout est malheureusement parti à la poubelle et que c'est une fois de plus de la faute de l'organisation. Parfait : un festival qui se targue de venir en aide aux pays pauvres, propose des toilettes sèches et qui dans le même temps jette volontairement de la nourriture, c'est pas un peu paradoxal tout ça ? Après Pitchfork, voici un autre festival où, c'est promis, on ne mettra plus les pieds. On doit être trop vieux pour ça.