Et, parce qu'elle est consciente de ses propres limites en matière de divertissement, elle fait appel pour cela aux talents extérieurs, à travers l'organisation d'un « Business Challenge » sur sa plate-forme de co-innovation « Launchpad ». En présentant la démarche, Barclays Bank exprime une volonté explicite de créer de nouveaux services avec les entreprises partenaires qui sauront la convaincre. Un air de déjà vu ? Certes, mais, pour une fois, les moyens semblent être au rendez-vous de l'ambition affichée.
Premier facteur d'optimisme, les participants à la compétition pourront disposer non seulement d'un jeu d'API (« interface de programmation applicative »), leur offrant une capacité d'intégration avec les systèmes de la banque, mais également d'un modèle d'application mobile, qui devrait leur permettre de concevoir et développer rapidement des fonctions additionnelles au cœur même des solutions existantes. Rarement les conditions opérationnelles d'une telle initiative ont atteint ce niveau…
Autre source d'étonnement et signe d'un changement de culture, la cadence imposée par la banque rompt définitivement avec les habitudes du secteur : il s'écoulera moins de 3 semaines entre la clôture des candidatures (sur dossier), le 10 juin, et la démonstration des prototypes (fonctionnels), le 27 juin. Si tous les acteurs impliqués parviennent à maintenir le même rythme jusqu'à la fin du cycle, le processus d'expérimentation du « Launchpad » pourrait faire la preuve d'une productivité exceptionnelle.
Car il faut noter que le challenge ne constituera qu'une entrée en matière. À l'issue de cette phase initiale, les candidats retenus auront en effet l'opportunité de finaliser le développement de leur projet, avec le support des équipes de Barclays Bank, puis, peut-être, de le lancer sur le « Launchpad » (c'est-à-dire le déployer auprès des volontaires inscrits, en vue de le tester en conditions réelles). En perspective, c'est une intégration dans la stratégie web et mobile de l'établissement que peuvent viser les participants.
L'approche s'avère particulièrement propice à une incursion dans le domaine de la ludification. Naturellement, la banque n'est pas idéalement positionnée pour produire les meilleures solutions du genre et elle a donc tout intérêt à recherche l'appui de spécialistes (du jeu vidéo ?) pour espérer réussir. D'autre part, le principe d'une application financière plus « fun » mérite certainement d'être validé auprès d'un échantillon de clients, avant sa généralisation, tellement il peut paraître décalé par rapport aux usages.
Le résultat est – en tous cas vu de l'extérieur – l'illustration d'un processus d'innovation parfaitement orchestré, depuis la définition des objectifs à atteindre jusqu'à la mise en œuvre éventuelle, en passant par les différentes étapes de raffinement du concept…