Autres articles
-
Rémunérations des dirigeants : il est urgent de réfléchir avant de légiférer
-
Médias et loisirs : de profondes mutations
-
Portage salarial : une opportunité intéressante pour les cadres
-
Vivendi-Gameloft : l'impitoyable OPA
-
Vers la fin des marques ?
Pour comprendre à quel point le prix que va payer Microsoft est important, il suffit de réaliser que la valeur d'entreprise de LinkedIn est l'équivalent de 79 fois les bénéfices de ce réseau social avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) pour les 12 mois précédent le 31 mars. Selon Bloomberg, sur la base de ce multiple, cette transaction est ainsi la plus chère jamais faite du secteur internet payé en cash. Dans une lettre écrite aux employés de Microsoft, Nadella affirme que cette acquisition sera « la clé de notre ambition audacieuse de réinventer les processus de productivité et d'affaires ». Le savoir-faire de LinkedIn est important quant aux aspirations plus larges de l'intelligence artificielle. Avec cet achat, Microsoft acquiert un organigramme mondial de l'entreprise, lui permettant de posséder des données pour construire un produit du cloud taillé sur-mesure, par exemple pour l'amélioration d'un logiciel de relation client ou le recrutement de nouveaux employés. Toutefois, des doutes subsistent concernant ce rachat : il constitue une sauvegarde pour LinkedIn, dont les actions sont en perte de vitesse depuis le pic de 269 dollars par action en 2015. Mais depuis, les investisseurs sont devenus plus sceptiques quant aux entreprises basées sur le cloud. La veille de l'annonce, l'action LinkedIn était négociée à 131 dollars. Microsoft n'est pas un habitué des succès dans ses acquisitions, comme en témoigne le désastre Nokia, Yammer ou Sharepoint. Satya Nadella n'était pas aux commandes à l'époque, mais depuis son arrivée, il avait privilégié des acquisitions de plus petites échelles, a l'exception des fabricants du jeu Minecraft pour 2,5 milliards de dollars.
Cependant, certains demeurent sceptiques quant à la logique d'une alliance de Microsoft et LinkedIn, d'autant plus à un prix aussi élevé. Il faut dire que nul ne souhaite être le dernier à effectuer une grosse transaction avant l'effondrement d'un secteur, comme en 2000 lorsque Time Warner a fusionné avec AOL juste avant l'éclatement de la bulle internet. De son coté, Microsoft continue de miser sur le cloud et est convaincu que cette technologie a encore de beaux jours devant elle. Jeff Weiner restera directeur général de LinkedIn, qui fonctionnera comme une marque indépendante, comme Youtube l'est pour Google. Quant au co-fondateur Reid Hoffman, il aura maintenant de quoi payer des abonnements premium à tous ceux qu'il connaît !
A propos de l'auteur : Frédéric Ichay est avocat associé chez Pinsent Masons.