Le départ de Google de Tony Fadell, ex-Apple, ex-Nest, annonce un changement profond de paradigme dans les usages de chacun en matière de domotique.
Tony Fadell est ce qu'on pourrait appeler une « star » dans le monde digital. Ingénieur à l'origine de la conception de l'Ipod d'Apple, puis vice-président senior de la division qui lui est dédié, il a à son actif plus de 300 brevets. Il est également le fondateur en 2010 de Nest, spécialiste de la domotique et créateur du thermostat connecté du même nom, racheté en 2014 par Google pour plus de 3 milliards de dollars.
Une relation qui se poursuivra en 2015 puisqu'après le demi échec de ses lunettes connectées, les Google Glass, Google cherche un nouveau souffle et fait appel aux services de Tony Fadell. Une relation qui toutefois touche à sa fin début juin 2016, lorsque le départ de Tony Fadell est annoncé dans tous les médias. Lui, qui pourtant avait été gardé à prix d’or lors du rachat de sa société Nest par Google.
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Tony Fadell, fondateur et CEO de Nest Labs / Photo by @kmeron for LeWeb12 Conference, Paris
Certains disent que cela est lié à ses résultats décevants et qu’Alphabet, la holding de Google, l’a poussé dehors. Une thèse accréditée par la défaillance d’une mise à jour du thermostat Nest en décembre dernier qui avait laissé ses utilisateurs dans le froid et sans réponses de la part de l'appareil. D’autres pensent que le fond de rétention que Google avait créé pour garder Fadell et les ingénieurs de Nest arrive à épuisement.
Si la raison n'est pas claire, les bruits de couloir laisse entendre qu’il aurait discrètement investi ces dernières années dans pas moins d’une centaine de startup. L'homme étant un visionnaire qui a l'art de transformer ce qu'il touche en or, la curiosité est à son comble concernant ces sociétés.
Un départ qui en dit long sur les usages
Mais au-delà de ce départ, déjà largement commenté, il est important de souligner une chose. S’il part de Nest aujourd’hui, c’est que son thermostat connecté est déjà dans la vie de beaucoup de personnes, notamment aux Etats-Unis. Il est en effet devenu un objet du quotidien pour de nombreux Américains : le marché des thermostats intelligents que Nest et Honeywell se partagent représente pas moins d’un milliard de chiffre d’affaire pour 2015, avec 5 millions de thermostats vendus et 40% rien qu'aux USA.
La thermostat connecté de Nest VS le thermostat connecté d'Honeywell, son concurrent
C’est un morceau non négligeable, aujourd’hui ,de ce qu’on a appelé pendant des années la domotique, l’informatique appliquée à la maison. Domaine sur lequel une entreprise français formidable Somfy, est en train de capitaliser, au-delà des traditionnels volets et stores déroulants. Car les objets connectés, l’Internet des objets, l’IoT pour les experts, Internet of Things, ce n’est pas pour demain. C’est déjà aujourd’hui.
Si l'on regarde ce que l'on a chez soi aujourd’hui, on trouve au moins un smartphone, une tablette, et sans doute une Box. Certains ont, en plus, des alarmes connectées et maintenant des thermostats. Demain, nos compteurs d’eau ou de gaz, mais aussi nos réfrigérateurs, pourquoi pas nos fours, nos casseroles – et Seb s’y emploie - , seront eux aussi connectés.
Et maintenant ?
Au départ, nos objets connectés communiquaient assez peu entre eux. Ils dépendaient chacun d’une plateforme différente : celle d’Apple, celle d’Orange, celle de Samsung, celle de Securitas, etc. La grande nouveauté est qu'il vont de plus en plus être mis en relation sur la même plateforme, pour être vraiment optimisés. Demain, quand l'individu lambda rentrera chez lui, il pourra s'attendre à ce que son plat soit cuit, son vin à température, sa boisson fraîche et son film sur le point de commercer. Ce monde que je décris, il n’est pas pour dans dix ans. Il est en train de se mettre en place. Quand l’iPod de Tony Fadell est sorti, cela faisait plusieurs années que lui et les équipes d’Apple y travaillaient. Pour les objets connectés, c’est pareil. Cela fait plusieurs années que l’on en parle. Et c’est aujourd'hui qu’ils sortent et qu'ils s'apprêtent à dialoguer ensemble.
La chance que l’on a en France est d’avoir des entreprises et des patrons plutôt bons en matière d’objets connectés. Des personnes comme Ludovic Le Moan de Sigfox ou encore Pierre Cesarini, ex-d’Apple, qui est en train de redresser Avanquest et qui vient de conclure un contrat avec Carrefour dans le monde de l’internet des objets avec sa technologie MyDevices. Comme quoi en France aussi, on a nos Tony Fadell