Commencer avec un déjà vu. ce ne serait pas une journée comme les autres.
En rentrant à l'entrepôt une collègue m'a dit si spontanément qu'elle en a rougi tout de suite après:
"Wow! Hunter, t'es ben beau aujourd'hui, je ne t'ai presque pas reconnu!"
Pas de nouvelle coupe de cheveux, ni de rasage de près. pas plus de beaux vêtements, en fait absolument rien de changé depuis la veille où je l'avais vue aussi et vice-versa. Donc elle me faisait un compliment doublé d'une insulte dans le même souffle. Une autre de mes collègues, plus nouvelles celle-là, qui me connait peu et que je connais peu, et qui était à ses côtés à dit:
"Hunter?...Jones, c'est toi Hunter Jones? on te reconnais pas sur ta photo de Facebook. C'est vrai que t'as pas l'air d'un 200 likes en personne"
Je n'ai rien compris. Aucune idée si c'était un compliment ou non. Je ne comprend plus rien de ce monde.
Les deux se parlaient en anglais car Victor est italien. (...)
Pour les faire détendre de leur discussion tendue, en passant près d'eux je leur ai lancé une blague dure à traduire, j'avais mon téléphone en main:
"Hi guys, you know what turns me on? Unprotected wifi". Ils ont explosé de rire. Mission accomplie.
J'étais de bel humeur je vous dis.
Il y a deux types de gens sur cette terre selon mes analyses: Ceux qui ont un rêve et ceux qui le visent. J'en ai trouvé une troisième: Ceux qui s'en câlisse. Ce matin là, croisant plusieurs zombies au travail, plusieurs se qualifiaient facilement dans cette catégorie.
Le 16 juin 2016 a commencé plus tôt que prévu.
Et en y regardant de plus près, je constatai que ce n'était pas seulement des airs, mais de réels zombies! Aussi vrai qu'un croche au parti Libéral!
Pour les écarter de mon chemin je disais des choses horribles à entendre comme "Julie Snyder en anglais, IceJJfish". Ça fonctionnait. Les zombies erraient ailleurs. Ils ont donc des oreilles et peuvent être dégoûté.
Je n'étais pas confortable auprès de certains d'entre eux. Marlène, qui nous avait confessé se faire plaisir la nuit avec un crayon très large, se promenait, dans l'état de zombie, avec un crayon en main. Avais-je peur de la texture du crayon ou du poignard qu'elle pouvait improviser en faire? J'ai changé de palier avant de choisir une option.
Dans l'allée du fond de l'entrepôt, je me suis blotti et j'ai travaillé en silence. Sans Kathleen dans ma tête. Sans ma main sur ses cuisses. J'étais en alerte. Éveillé. Sur mes gardes. Un chat prêt à toute éventualité
Et l'éventualité s'éventualita.
Ce que je croyais être un moton de vidange s'anima. Brian, en Zombie, qui se levait du coin du mur, et qui menaçait de me manger.
Mon entrepôt était devenu Walking Dead.
Il a saisi ma jambe mais je lui ai crié que je n'étais pas gay. Il a sursauté, je l'ai chatouillé, il a ri comme un idiot. C'est franchement laid un zombie qui rit. Je lui ai ensuite donné un solide coup de pied au visage, le knockoutant sur le coup.
"Bad Brain, Brian" que je lui ai dit.
Marlène est apparue par derrière et a tenté de me poignarder avec son crayon. Les zombies dans Walking Dead ne tentent jamais autre chose que de manger. Était-elle un vrai zombie? La télévision n'était donc pas la vraie vie?
Comme elle était tombée au sol je me suis assis sur son dos et lui ai cassé le cou par derrière.
Pas la matinée que j'imaginais.
Je devais quitter cet endroit pour me rebrancher sur le fil du bonheur, fil si ténu, sur lequel je funambulais en entrant au travail.
J'ai traversé le Vieux-Port à la vitesse grand V et me suis retrouvé dans ma banlieue.
Ma banlieue morte.
On sonna à ma porte et quand je répondis, il n'y avait personne.
Morte, je vous dis.
Mais dans la rue, tous ses marcheurs...
Je ne vous likerai pas d'aucune manière.
Je vous prépare la guerre...