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Eric Cordelle, ancien chef de Jérôme Kerviel à la Société générale I AFP / Jacques Demarthon
A l'issue de sa convocation devant la juge d'instruction, la banque a été placée sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre celui de simple et de mis en examen, selon une source judiciaire. L'audition, qui a duré environ une heure, "a permis de rappeler qu'Eric Cordelle", l'ancien supérieur hiérarchique de Jérôme Kerviel, directement mis en cause par l'ex-trader, "n'a jamais varié dans ses déclarations depuis 2008, ce qui exclut toute pression" de la part de la banque, a déclaré l'avocat de la Société générale, Me Jean Veil. Jérôme Kerviel avait déposé plainte au mois d’avril 2014 pour subornation de témoin, en l'occurrence Eric Cordelle, affirmant que ce dernier avait perçu une indemnité d'environ un million d'euros, après avoir témoigné en faveur du géant bancaire lors des procès contre le trader. Supérieur direct de M. Kerviel durant près d'un an jusqu'à l'éclatement du scandale au mois de janvier 2008, Eric Cordelle avait intenté, au mois d’avril de cette année-là, une action aux prud'hommes contre la banque pour contester les conditions de son propre licenciement par celle-ci. Début février 2013, il s'était désisté de son action et avait témoigné lors des procès contre Jérôme Kerviel, assurant n'avoir rien su des colossales prises de position à risques du trader. Selon Me David Koubbi, avocat de ce dernier, en promettant à Eric Cordelle une importante indemnité avant qu'il ne témoigne, la Société générale se serait rendue coupable de subornation de témoin. "S'il n'y avait rien dans ce dossier, la juge n'aurait pas pris la peine de placer la banque sous le statut de témoin assisté", a-t’il estimé à l'issue de l'audition. Mais pour Me Veil, "la procédure a démontré que M. Cordelle n'a participé ni de près ni de loin à la fraude (imputée à M. Kerviel, ndlr). La Société générale n'avait donc pas d'autres choix que de régler à l'amiable les modalités de son licenciement".
A la suite de la plainte de M. Kerviel, le parquet de Paris avait ouvert en mai 2014 une enquête préliminaire. En mai 2015, l'ancien trader s'était constitué partie civile, ce qui avait conduit automatiquement à l'ouverture d'une information judiciaire confiée à un juge d'instruction. Jérôme Kerviel a connu début juin son premier succès judiciaire : le conseil de prud'hommes de Paris a condamné la banque à lui payer quelque 455.000 euros, estimant qu'il avait été licencié "sans cause réelle ni sérieuse" et dans des conditions "vexatoires". Au pénal, M. Kerviel a été condamné de manière définitive à cinq ans de prison dont trois ferme, entre autres pour "faux et usage de faux". Dans le volet civil de son affaire, les 4,9 milliards d'euros de dommages-intérêts que lui réclame la Société générale, la cour d'appel de Versailles doit rendre son arrêt le 23 septembre. FG