Titre : Je mourrai pas gibier
Scénariste : Alfred
Dessinateur : Alfred
Parution : Janvier 2009
Mortagne. La campagne. Deux clans d’affrontent : ceux de la scierie et ceux du vignoble. Mais tous sont chasseurs et ne veulent pas mourir gibier. C’est dans ce contexte de cambrousse consanguine que se déroule le roman « Je mourrai pas gibier » de Guillaume Guéraud. Alfred l’adapte en bande-dessinée en 2009 chez Delcourt. Le tout pèse une centaine de pages.
La campagne en accusation ?
On ne va pas se mentir, l’histoire est peu crédible par bien des aspects. Ce village coupé en deux en clans rivaux qui ne se mélangent pas, ainsi que certains comportements de personnages ou encore la tuerie finale (découverte dès les premières pages), tout cela semble peu probable. J’imagine aussi que cette description de la campagne gênera les habitants des zones rurales.
Mais cela mis à part, le scénario fonctionne à plein. La narration amène une tension permanente. On sent le trop-plein monter chez le narrateur. On en connaît la fin, on découvre le pourquoi. C’est là la force de l’ouvrage, car on est happé dans la lecture et on ne peut en sortir qu’une fois la dernière page tournée. Alfred maîtrise le rythme du livre à la perfection, alternant action et narration avec brio.
Comme souvent pour les adaptations de romans, Alfred laisse une grande part à la narration du personnage principal. Tant mieux, car elle est plutôt réussie et marquante, décrivant un univers que le personnage rejette et cherche à fuir.
Le dessin d’Alfred est formidable dans cet ouvrage. Relâché, nerveux, vif, son trait fait des merveilles. Sous un aspect brouillon, le dessin est précis. Les compositions des pages sont remarquables également, mise en valeur par les couleurs d’Henri Meunier. Le dessin est fort et ne fait qu’un avec l’histoire.
Il y aurait à redire sur cet ouvrage. Vision de la campagne caricaturale ? Histoire peu crédible ? Toujours est-il qu’Alfred maîtrise pleinement son art pour mettre en lumière ce roman avec force. Du beau travail !