un film de : Robert Eggers
avec : Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie
1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s'établit à la limite de la civilisation,menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d'une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres...
Bons baisers des profondeurs
Après sa victoire à Sundance, The Witch a fait le buzz, et ne cesse depuis de cartonner en salles. Pour un budget minimum d'un million et des brindilles, le film en a déjà rapporté plus de 25. Aux comptoirs, les brèves évoquent l'idée d'une horreur unique et renouvelée, bourrée d'idées noires, et drapée d'une esthétique jamais vue auparavant. Il faut dire que s'il y a un domaine dans lequel The witch en impose, c'est bien son celui du look. On y retrouve Grimm, Perrault et Andersen, une noirceur japonaise, une touche d'Italien, et diverses influences des horreurs d'aujourd'hui et d'hier, réunies pour former un tableau unique en son genre, un film d'épouvante en costumes, à part de tous les autres. Entre visions clipesques et naturalisme peint, inspirations picturales et littéraires, Eggers plonge ses grosse pattes au plus profond du baril de ses amours passés, pour bâtir un fantastique de campagne, où chaque plan semble une page, un maleus maleficarum à lui tout seul, avec son grain, ses brumes et ses entrailles. Comme une plongée dans un bouquin d'autrefois, ça fait un bien fou!
De l'art de trop en faire
The witch vise les hautes sphères, et les tutoie sans problèmes. Tant et si bien qu'il finit par déborder: à trop forcer le drame, c'est la mise en scène qui s'épuise, gonflée par les hurlements exponentiels des protagonistes comme par les notes de plus en plus stridentes d'une musique au demeurant bien intentionnée. Un drôle de souci pour cette sorcière ; moi qui, depuis toujours, ne tourne qu'à l'honnêteté, accusant sans cesse les différents cynismes du monde moderne, me voilà pris à mon propre jeu, mis en face d'une œuvre sans concession, entière et pure, dont l'efficacité - remarquable - est rongée de l'intérieur, subissant l'érosion d'une honnêteté bienvenue, mais peu maîtrisée, d'une âme belle et sombre débordant de partout, comme une toile de maître portée à ébullition. C'est superbe, trop superbe ; c'est à voir tout de même, et on attend la suite avec impatience.
Nos attentes pour une édition collector :
Making-of, pour sur! Avec une qualité pareille, on n'attend pas mieux. Un documentaire, peut-être, sur le travail de recherche, qui semble colossal. Et l'interview du réalisateur; qu'il nous parle du pourquoi du film. Et de son comment, tant qu'à faire.
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