… Et donc, alors qu’il avait été expulsé de notre pays il y a seulement deux jours, Alexander Chpryguine, le chef d’une organisation officielle de supporters russes ultra-violents, dont on sait, surtout depuis les incidents de Marseille, qu’ils se comportent comme une véritable milice para-militaire , a pu revenir tranquillement à Toulouse pour un match Pays de Galles-Russie. Histoire de narguer les autorités, ce militant néo-nazi proche de Poutine himself s’est même permis le luxe de poster ce tweet devant le stade, avec pour simple message : « Rebonjour Euro 2016″.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a fait savoir dans la soirée que ce néo-nazi qui bénéfice d’une étrange impunité a été interpellé pendant le match et placé en garde à vue. Télérama, dans un article fort bien documenté et détaillé dont je vous conseille la lecture tant les détails sont fort instructifs, nous révèle que le 1er mars dernier, Alexandre Chpryguine, grâce à sa fonction de président de la Fédération des supporteurs de foot panrusse, a rencontré à Moscou le consul général de France, Marc Sédille. Bizarrement, le compte-rendu de la réunion, publié par l’ambassade de France à Moscou sur son site internet – le 10 mars –, et titré « Une rencontre amicale et constructive entre le consulat général et l’association des supporters russes », a disparu du site officiel. Selon le cache de Google, l’article aurait été effacé… le 13 juin, deux jours après Angleterre-Russie. Quant à la photo immortalisant la rencontre, et sur laquelle les deux hommes posent côte à côte, entourés par une demi-douzaine d’invités, avec le drapeau « Vpieryod, Rossiya ! » (« En avant, la Russie ! ») des supporters russes – frappé d’un ours féroce, toutes griffes dehors – on ne la trouve plus que dans les tréfonds de Google images. Malgré la réputation établie de ce néo-nazi, cette ordure a pu rencontrer sans encombres majeurs plusieurs élus et personnalités politiques de premier plan. Sachant tout cela, on appréhende d’une toute autre manière le fonctionnement de notre système de sécurité intérieure… et ses nombreuses failles. On peut aussi se dire sans trop forcer le trait que selon que tu seras un terroriste islamiste radical ou un néo-nazi russe, tu n’es manifestement pas traité de la même manière… L’histoire nous a pourtant appris que ces derniers étaient tout aussi dangereux que les premiers, et que le terrorisme d’extrême-droite est tout autant une réalité que celui provenant de l’islam radical. Devant une telle affaire, si j’étais ministre de l’Intérieur, très franchement, la honte ou l’impuissance m’étoufferaient, et je démissionnerais. Mais on sait depuis Rémy Fraisse que ce petit Monsieur n’a pas d’honneur.