De faibles niveaux d’exposition au bisphénol A (BPA) ont été considérés -notamment par l’Agence sanitaire européenne- comme sans danger, y compris chez le fœtus et le petit enfant. Cette nouvelle étude démontre à nouveau le contraire en associant une exposition fœtale, chez l’animal, au développement à l’adolescence de maladies liées à l’œstrogène. Une conclusion présentée dans le FASEB Journal, somme toute logique, compte-tenu du caractère perturbateur de ce composé » œstrogène-like « . Cependant la recherche décrypte ici les mécanismes sous-jacents de cet effet : l’expression de plus de 1.000 gènes dans l’épigénome de l’utérus se trouve modifiée par cette exposition fœtale au BPA, entraînant une altération de la réponse de l’utérus, une fois adulte, à l’œstrogène, avec donc un risque de maladies associées.
Le bisphénol A est un produit chimique industriel hormone-like qui apparaît toujours dans de nombreux produits ménagers et est détecté dans l’urine de tous les participants aux études. Si l’Agence européenne (EFSA) a conclu, à l’issue de sa dernière réévaluation (janvier 2015) que » l’exposition au bisphénol A ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs « , aux niveaux d’exposition constatés, y compris pour les groupes plus vulnérables dont les enfants à naître ou les nourrissons, de nombreuses études sur l’animal et sur l’homme ont documenté ses effets de perturbateur endocrinien, avec des effets délétères sur la santé, dépendants à la fois de l’exposition et du sujet. Le BPA peut aussi traverser le placenta dans l’utérus et donc entraîner des effets sur le développement du fœtus.
Le BPA peut avoir un impact négatif sur le développement du fœtus : la démonstration est faite ici, par les chercheurs de Yale, sur 2 groupes de souris gravides, un groupe exposé au BPA par perfusion intra-péritonéale et un autre groupe non exposé. L’analyse du profil génétique et épigénétique de l’utérus chez la progéniture femelle avant la maturation sexuelle et l’examen de la réponse des gènes de l’utérus à l’œstrogène montre, avec l’exposition au BPA,
· des changements à l’utérus apparents après la maturité sexuelle,
· des réponses à l’œstrogène, différentes pour près de 1.000 gènes.
Une altération de la réponse de l’utérus, une fois adulte, à l’œstrogène : ainsi, les chercheurs montrent comment le génome est modifié de façon permanente dans l’utérus de souris exposées au BPA durant leur développement fœtal. Des changements qui affectent principalement les gènes régulés par les œstrogènes et impliqués dans le développement de maladies liées aux œstrogènes tels que l’infertilité, l’endométriose, le cancer de l’endomètre, l’ostéoporose, le cancer de la prostate, les maladies neurodégénératives, l’obésité et le cancer du sein. Précisément, l’exposition du fœtus au BPA conduit à une altération de la réponse de l’utérus, une fois adulte, aux œstrogènes. Certes, il reste à confirmer, chez les humains, ces mêmes effets, un exercice somme toute difficile compte-tenu de l’apparition tardive des changements d’expression des gènes de l’utérus, et encore plus tardif des maladies associées.
Source: FASEB Journal June 16, 2016, doi: 10.1096/fj.201500089R fj.201500089R Preferential epigenetic programming of estrogen response after in utero xenoestrogen (bisphenol-A) exposure
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