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Fanfiction Divergente 4 - Résurgence : Chapitre 16

Par Les Griffonneuses

Salut tout le monde !

Avec un peu de retard, je vous présente dès maintenant le chapitre 16 de la fanfiction Divergente 4 - Résurgence, écrite par Nara.

CHAPITRE SEIZE

Tris est résolue à comprendre ce qui la lie à Beatrice. Ce qui est invisible, ce qu’elle ressent sans mettre de mots dessus. Ce qu’elle a vu lors des simulations avec Tobias va au-delà de ce qu’il a vécu, lui, avec sa petite amie. Tris veut savoir pourquoi et appréhender son destin à elle. Avant même le départ de Tobias pour les bureaux de la gouvernance, où il doit travailler avec Johanna et Jack Kang, Tris est déjà dans le train. Qu’elle a attrapé en marche, à la stupeur des passagers. Tout entraînement est bon à prendre.

Matthew attend Tris de pied ferme. Lui aussi a été plus qu’étonné de l’expérience qu’elle a vécue avec son instructeur. Il a besoin d’éclaircissements, les images qu’il voyait n’étaient pas toujours bien nettes. Mais il n’a pas osé insister pour quémander la contribution de Tris : Tobias se serait interposé comme un chien de garde, et il n’a pas envie de se mettre à dos un Audacieux de cette carrure, qui plus est potentiellement jaloux…

Installés devant les écrans, Matthew repasse les images, floues et dansantes, de l’expérience de la veille. Les fonctions vitales de Tris sont mises sous surveillance et enregistrement, un moniteur reprend les données.

-   Matthew, est-ce que le laboratoire d’armement de David est comme ça ?

-   Je n’y suis jamais entré, personne ne pouvait y avoir accès à cause du sérum de mort dans le sas de protection, lui seul était immunisé et y avait accès. Je n’y suis pas retourné depuis les événements.

-   Et maintenant ? On pourrait aller voir ?

-   Je suppose que oui, répond Matthew. On organisera ça avec Johanna et le nouveau chef du complexe.

-   Je ne peux que l’avoir imaginé, je ne l’ai jamais vu, personne d’autre non plus parmi mes connaissances, et ma sœur était seule à l’intérieur avec David quand elle… a été tuée. Il n’y a pas d’autre possibilité, n’est-ce-pas ?

-   Honnêtement, je n’en sais rien, ton cerveau est encore un mystère pour moi. Nous en saurons plus quand nous aurons pu voir le laboratoire d’armement. Ce lien qui existe entre Beatrice et toi est biologiquement compris, mais tu es la première à pouvoir en parler sur le plan psychologique.

-   Je n’arrive pas à décrire ce que je ressens, parfois. Comme si on m’interdisait de trouver les mots.

-   Ne force rien, un jour ça viendra tout seul.

-   Pourquoi les femmes-Evelyn étaient en rose ? demande Tris.

-   Tu te sens menacée par la mère de Quatre, cela te hante sans doute. Ce que tu ne sais peut-être pas, c’est qu’Evelyn est née chez les Erudits. Mais quand elle a passé le test, elle n’était compatible avec aucune des cinq factions.

-   Elle l’a dit à Beatrice quand ils se sont réfugiés chez les Sans-faction, je l’ai vu dans un patch.

-   Oui, elle l’a présenté comme une incompatibilité d’humeur, mais c’était la stricte vérité sur le plan scientifique. Le résultat a été arrangé pour lui permettre de ne pas se retrouver sans faction. L’Audacieux qui lui a fait passé l’a mise Altruiste car cette faction était la plus tolérante avec les Divergents. Elle y est allée par sécurité, et s’est mariée avec Marcus par obligation mutuelle : personne ne voulait vraiment d’eux, pour des raisons différentes. Même Tobias ne sait pas ça.

Matthew fait une pause et reprend :

-   Chaque faction avait son code vestimentaire : bleu pour les Erudits, noir et blanc pour les Sincères, gris pour les Altruistes, orange et vert turquoise pour les Fraternels, noir et violet pour les Audacieux. Aucune faction n’avait de rose. Ton paysage de peur t’a révélé l’incompatibilité d’Evelyn avec le système des factions.

-   Comment je peux imaginer des choses que je ne sais pas et qui s’avèrent réelles ? s’étonne Tris.

-   Je ne sais pas, mais j’ai une théorie. Folle, j’en avais déjà parlé à Quatre il y a quelques temps. Pour la vérifier, nous ferons un génogramme de tes ascendants, et aussi de ceux de Quatre s’il le veut bien. Comme une liste de tes ancêtres mais plus que ça : en cherchant ce qui, dans leur personnalité, peut avoir eu une influence sur celle de leurs descendants. Car Evelyn est la mère de Quatre, pas la tienne, et il y a forcément une raison pour que tu aies une peur construite comme celle-là.

-   D’accord, murmure Tris. Mais je ne comprends pas pourquoi j’ai ça dans ma tête.

-   Tu as aussi un rapport particulier à l’eau, comme Beatrice. Même si elle n’avait pas peur en soi de l’eau, mais de l’impuissance humaine contre sa force, tu sembles avoir aussi une appréhension de son pouvoir, non ?

-   Je ne comprends pas non plus : j’essaie de comprendre pourquoi l’eau a disparu et je craindrais qu’elle revienne ? s’impatiente la jeune fille.

-   Ou les conséquences ? Comment fait Quatre pour fuir ?

-   Il a ouvert une porte dans la clôture, je ne pouvais pas bouger.

-   Tu as besoin de lui, explique Matthew.

-   On a tous peur et besoin les uns des autres, ajoute Tris.

-   Oui. Après, c’est peut-être plus facile à interpréter. Qui était à l’extérieur du groupe qui te laisse et s’éloigne, les deux personnes, on ne voit pas bien ?

-   Evelyn et Johanna.

-   Le mal et le bien, tu ne crois pas ? Tu redoutes que tes amis et tes ennemis te fuient, se liguent contre toi. N’est-ce-pas ?

-   Ou… oui… Ce qu’a dit Will, c’est vrai ? Beatrice l’a tué d’une balle dans la tête ?

-   Oui, j’ai vu des soldats ramasser les morts. Ce que je ne sais pas, c’est comment tu l’as su. Les Audacieux qui l’ont trouvé et emmené étaient sous simulation, ils n’ont pas pu le raconter. Seuls étaient présents Natalie et Beatrice, décédées toutes les deux.

-   Je n’y comprends rien. Pourquoi Will m’accuse moi de l’avoir tué ? geint Tris.

-   Je ne sais pas, Tris. Une sorte d’héritage familial macabre dont tu t’accuses ?

-   Evelyn me considère comme… un monstre, c’est une femme de commandement, elle pourrait convertir de nombreuses personnes à sa vision de moi.

-   Je comprends. Tu sais, malheureusement, Jeanine avait raison au moins sur un point : la nature humaine peut parfois être malsaine. Mais il n’y a rien de plus humain que l’inhumanité, et ça, elle ne pouvait pas l’admettre, il suffisait pourtant qu’elle se regarde dans une glace. Eradiquer le mal est une utopie, que les fondateurs de la cité ont crue possible. La vérité, c’est que l’humanité est multiple, elle ne rentre pas dans un moule, même à cinq compartiments. Et parmi les plus noirs, il y aura les intolérants, les stupides, les égocentriques, qui ne supporteront pas la différence, elle leur fera peur, comme les Divergents faisaient peur à Jeanine. Tu devras vivre avec, et toujours, comme tous les bons et les visionnaires, lutter pour avoir le droit d’exister, combattre l’obscurantisme et la folie dominatrice de certains.

-   Mais les gens ont vécu plutôt heureux dans les factions depuis des générations ! argumente Tris.

-   Non, pas tous, il y a toujours eu les Sans-faction, qu’on les dissimule, les néglige ou les occulte ou pas. Ils étaient même plus nombreux que tous les Audacieux. Les factions, l’ordre, c’était le côté pile. Mais le côté face…

-   Les gens se sont aussi révoltés contre l’abolition des factions, ou la domination d’Evelyn ! Que veulent-ils finalement ? s’indigne la jeune fille.

-   Ah, ça, si tu trouves la réponse… souffle Matthew avec un soupir.

Il manipule quelques images de la simulation et celle des couteaux apparaît.

-   Je pense que tu as peur que tes amis aient un jour à faire un choix ?

-   Qu’ils… se fassent tuer par ma faute.

-   Beatrice était rongée de culpabilité, au point de se faire tuer à la place de Caleb, pour ne pas l’être encore plus. Tu n’as pas son vécu et son histoire, ne te rend pas malade par anticipation !

-   Si Evelyn me poursuit, ça met mes amis en danger !

-   Personne n’a envie d’une nouvelle dictature, tout le monde a déjà trop perdu au nom de cela, ça n’est pas ta faute, c’est un engagement moral commun. Qui pourrait laisser faire ça sans s’émouvoir ! s’insurge Matthew en donnant un signe de tête vers la cicatrice en travers de la joue de Tris.

-   On ne se débarrasse jamais de ses peurs, répond-elle en passant ses doigts sur la peau neuve et un peu plissée traversant sa joue.

-   Beatrice s’est débarrassée de la dernière… corrige Matthew avec un petit sourire. C’est une question de temps et d’amour. Quatre s’est aussi débarrassé de la dernière mais l’a remplacée par une autre.

-   Laquelle ?

Matthew pose ses mains sur les épaules de Tris, et la regarde droit dans les yeux :

-   Il crevait de trouille de perdre Tris, enfin ta sœur. Et même s’il ne craignait plus son père, grâce à elle, il mourait de peur de lui ressembler un jour.

-   Il n’a plus que trois peurs alors, constate la jeune fille tristement.

-   Je pense au contraire qu’il a toujours strictement la même. Vous êtes encore plus aveuglés l’un envers l’autre que je ne l’étais avec Lily.

-   Tu penses savoir des choses que nous ne savons pas nous-mêmes, Matthew ! dit Tris, un peu agacée.

-   Nous ne sommes parfois pas nous-mêmes les mieux placés pour voir ou comprendre les détails de nos vies. Ne me dis pas le contraire ou je me sentirais l’homme le plus inutile du monde ! N’oublie pas que je suis psy…

Tris sourit faiblement. Elle ne sait pas si elle adore ou si elle a peur de ce que vient de lui dire Matthew. Après une pause destinée à laisser sa patiente réfléchir à leur discussion, il penche un peu la tête et poursuit :

-   Tris, te souviens-tu avoir déjà menti ? Réponds-moi franchement, je ne te demanderai pas de détail, et rien ne filtrera de cette conversation.

-   Non ! Pourquoi aurais-je menti ?

-   Les gens qui mentent ont parfois de très bonnes raisons de le faire. Ou pensent en avoir. Es-tu sûre ? Réfléchis bien, c’est important.

-   Oui, je suis certaine ! affirme Tris, vexée.

-   T’est-il arrivé d’en vouloir à quelqu’un ?

Tris réfléchit quelques secondes.

-   Je crois que oui.

-   En veux-tu encore à cette personne pour la raison qui t’a contrariée à ce moment-là ?

-   Bien sûr que non. C’était ridicule, égoïste, stérile. Nous en avons parlé. Mais…

-   Et as-tu déjà reçu une ou plusieurs injections de sérum de paix ? coupe Matthew.

-   Non ! Mais pourquoi toutes ces questions ? s’écrie Tris avec inquiétude. Qu’est-ce-que j’ai fait ?

Matthew esquisse un sourire amusé, ce qui rassure un peu la jeune fille, mais il marche une minute en long et en large dans le cabinet. Tris décide de patienter. Si Matthew ne dit rien, c’est qu’il a une bonne raison.

-   Tris, ta sœur était Divergente, compatible avec trois factions au moment de son test. Le scanner de Max et Eric l’a pourtant détectée Divergente à cent pour cent lors de l’attaque du siège des Sincères. Et elle a réussi les épreuves des cinq factions pour ouvrir la boîte volée par Jeanine. Sa compatibilité avec les Sincères et les Fraternels est donc acquise. Elle a été poussée au bout et même au-delà de ses limites par Jeanine pour y arriver. Mais je pense que, dans ton cas, ta compatibilité avec toutes les factions est innée.

-   Je… Je ne suis pas comme Beatrice ?

-   C’est ce que je crois, sur ce plan-là.

-   Et si je t’avais menti sur ma sincérité ?

Matthew sourit.

-   Je ne pense pas. Comme je te l’ai dit, les gens ont une raison de mentir. Quand je t’ai demandé ça, je ne t’ai pas donné le contexte, ni ce que j’allais faire de ta réponse. Les deux auraient pu être bonnes. Je pense donc que tu n’as pas arrangé la réalité. Quant à la compatibilité avec les Fraternels. Tu m’avais déjà répondu. Mais j’ai volontairement attendu, je t’ai fait mijoter. Malgré ton inquiétude, tu as attendu, sans t’énerver, et ça me semble très révélateur.

-   Et c’est bien, ou mal ? demande Tris inquiète.

Matthew éclate de rire.

-   Pourquoi ce serait mal ? Que tu sois Divergente, et à quel degré, ne relève pas du bien ou du mal, ça te définit, c’est tout. Par contre, cela peut à terme influencer ta façon d’être, de te comporter, de faire des choix.

-   Ça veut dire, si je comprends bien, que si Beatrice et moi étions toutes les deux confrontées à la même situation en même temps, nous ne réagirions pas de la même façon ? interroge Tris.

-   C’est ça oui. Potentiellement, si la décision à prendre devait faire appel aux caractéristiques des factions que vous n’avez pas en commun.

-   Quel intérêt cela peut avoir concrètement ?

-   J’ai peut-être une réponse à la question que tu te poses, Tris : pourquoi toi et quel est ton destin. Viens !

Matthew entraîne Tris en la saisissant par la main.

-   On va où ? demande Tris en le suivant.

-   Jusqu’à mon ordinateur contacter Johanna.

Matthew appelle la responsable du conseil. Johanna se montre très heureuse de saluer Tris et se met à l’écoute.

-   Johanna, dit Matthew, Tris et moi avançons. Peut-on avoir accès à tout l’état civil de Chicago depuis la fondation de la cité, depuis le centre d’Etudes de la Divergence ?

-   Je vais regarder ce que je peux faire. Jack Kang nous dira quelles sont les règles pour cela. Pour quel usage avez-vous besoin de toutes ces informations ?

-   Je voudrais tester une théorie sur la psychogénéalogie et faire le génogramme de Tris.

-   Matthew… J’ai passé ma vie chez les Fraternels, pas chez les Erudits ! sourit Johanna.

-   Je pense que Tris peut comprendre son présent et se projeter dans l’avenir si elle apprend à connaître ses ancêtres, ce qu’ils ont vécu, répond évasivement Matthew.

-   Je comprends. Mon enfant, est-ce ton souhait ? demande Johanna en s’adressant à Tris. Le passé peut s’avérer douloureux parfois.

-   Tobias m’a montré déjà tout ce qu’il a vécu. Je ne veux pas vivre dans un cocon. Je veux apprendre, et comprendre ce que je suis, ce que je peux faire pour la communauté, explique Tris.

-   Très bien. Voudrais-tu y avoir accès chez Tobias ? s’enquiert Johanna.

-   Je… Ce serait plus pratique. Depuis que j’ai été… agressée, il préfère que je ne sorte pas seule.

Johanna sourit tendrement.

-   Si nos règles nous le permettent, je fournirai l’accès à Tobias.

-   Merci, Johanna, à bientôt ! dit Matthew en coupant la communication.

Tris regarde Matthew d’un air inquisiteur.

-   Matthew, pourquoi ne fais-tu pas ces recherches toi-même ? Pourquoi tiens-tu tant à ce que je les fasse ?

-   Les données récentes ne peuvent être fournies qu’aux descendants directs. Tu devras avoir l’accord de Quatre pour les siennes. Elles sont protégées par biométrie, il faut s’identifier pour avoir accès à ces données. Le problème que doit résoudre Johanna est celui de l’accès aux bases de données informatisées.

-   Je comprends, dit Tris.

-   Quatre te montrera comment naviguer dans les données. Construis-toi ton schéma, prends des notes, les pièces du puzzle finiront par s’imbriquer. Je suis certain que tu feras des découvertes étonnantes ! s’enflamme Matthew avec passion.

-   Je vais m’y mettre dès que Johanna aura permis, promet Tris en souriant. J’ai encore tellement de choses à chercher, à comprendre ! J’en ai pour la vie !

-   Elle n’attend que toi, que vous… dit Matthew gentiment.

-   Je vais rentrer, pendant qu’il y a encore du monde dans le train et les rues, maintenant, dit Tris pour changer de sujet.

Elle n’a pas envie de parler à Matthew de sa relation avec Tobias. D’ailleurs, elle ne sait pas trop ce qu’il y aurait à dire. Elle ne se cache pas sa propre attirance pour le beau jeune homme, même si elle gère mal l’ambiguïté de celle qu’il entretenait avec sa sœur Beatrice. Mais elle ne comprend pas l’attitude lunatique de Tobias. Tantôt protecteur, tantôt distant, elle sent son énergie gonfler quand il est près d’elle, mais à son corps défendant. Tobias semble ne pas vouloir de ce lien qui se crée à son insu.

Tris prend le chemin du retour, en empruntant le train et les rues fréquentées. En arrivant à l’orphelinat, une agitation inhabituelle règne dans le grand hall. Une armée de gamins se bouscule en file indienne.

-   Triiiis ! crient les plus jeunes en se précipitant pour entourer la jeune fille. Tobias a demandé notre aide !

-   Ah bon ? dit Tris en riant. Et quelle mission vous a-t-il confiée ?

-   Il arrive avec un canapé ! Il veut que nous l’aidions à le monter chez vous !

En entendant l’innocent « chez vous » du petit garçon, Tris rougit et réalise de quelle façon les gens de l’extérieur peuvent considérer leur colocation.

-   Oh je vois ! Eh bien en effet, il va avoir besoin de vous tous ! C’est très lourd un canapé !

-   Ouiiii ! Et c’est John qui va ouvrir les portes, il va nous aider aussi !

Tris sourit et s’éloigne des petits pour saluer Monsieur Stone assis sur son fauteuil préféré dans le coin lecture.

-   Alors vous êtes réquisitionné, Monsieur Stone ? lui dit Tris en riant.

-   Ces maudits gamins sont intenables depuis que ton petit ami leur a demandé de se tenir prêts ! grogne Monsieur Stone sans conviction.

-   Allons, ils vous adorent, vous le savez bien ! Ne vous faites pas plus ours que vous n’êtes !

-   Pffff ! souffle le vieil homme. Ah, le voilà quand même !

Tris se retourne pour voir entrer Tobias portant un grand canapé bleu en simili cuir, aidé de deux amis de la gouvernance. Aussitôt, les gamins se précipitent pour poser leurs petites mains sur le meuble et faire semblant de forcer comme des galériens pour supporter la charge. Monsieur Stone se lève en soupirant, ravi bien qu’il s’en défende, de se rendre un peu utile et d’évoluer au milieu de la jeunesse. Il marche vers le monte charge et l’appelle. Il tente en vain de calmer le tohu-bohu des gamins qui poussent et tirent le meuble à l’intérieur. Tris sourit à Tobias avec bonté. Tout le monde s’engouffre dans l’ascenseur, Monsieur Stone en sort en premier une fois arrivé à l’étage, il fixe la porte coupe-feu pour laisser passer les porteurs. Tris va ouvrir la porte de l’appartement. Monsieur Stone et elle poussent les quelques chaises et la table pour faire de la place. En quelques secondes, le canapé est en place. Les amis de Tobias prennent congé, en riant sur l’usage que Tobias va faire du canapé, et les enfants repartent avec les félicitations d’usage. Tris propose une chicorée à Monsieur Stone.

Le vieil homme s’assoit sur une chaise, alors que l’appartement retrouve son calme. Tobias fait chauffer de l’eau, et Monsieur Stone s’intéresse tout-à-coup à la statue bleue trônant sur la table. Il la prend, la tourne et la retourne.

-   Où tu as eu ça, gamin ? demande-t-il à Tobias.

-   Ma mère me l’a donnée quand j’étais petit, répond le jeune homme.

-   J’ai l’impression de l’avoir déjà vue ! ajoute le grand-père.

-   Je la cachais, nous n’avions pas droit à la décoration, chez les Altruistes. Où pensez-vous l’avoir vue ? interroge Tobias.

-   Je m’en souviens plus, c’est bien le problème, grogne le vieux monsieur.

-   Dans quelle faction viviez-vous, Monsieur Stone ? demande Tris en s’asseyant près de lui.

-   Chez les Erudits, enfin, je crois.

-   Voilà votre boisson, John, dit Tobias en s’asseyant en face de lui. Merci pour votre coup de main.

-   Tout le monde sait que vous n’aviez pas besoin de moi, gamin, je suis pas encore complètement sénile ! C’était un prétexte pour me faire bouger de mon fauteuil ! grogne le vieil homme.

Tris et Tobias rient de la clairvoyance de leur ami. Une fois sa tasse vidée, Tris raccompagne son retraité préféré dans son logement. A son retour, Tobias est affalé dans son canapé, songeur. Tris sourit.

-   Je voudrais bien savoir où il a pu voir la statue, marmonne Tobias.

-   Il n’a plus de mémoire, il confond peut-être avec un autre objet ? avance Tris.

Mais Tobias n’est pas convaincu.


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