« Francy », comme l’appelait Beaumarchais, est un personnage attachant, on sait peu de choses sur lui. Il est né le 1er septembre 1754 à Arnay-le-Duc en Bourgogne, fils d’un notaire royal Louis Theveneau et de Philiberte Belin.
Conseiller secrétaire du Roi et capitaine de marine, Lazare-Jean Théveneau épousa sa cousine germaine Philiberte Guichot, dame de Vergoncey et mourut de phtisie à Cachan ou Dunkerque en 1783, sans postérité.
Il serait resté inconnu si un jour il n’avait rencontré Beaumarchais, Beaumarchais l’a-t-il connu à la Cour ? Ou son premier contact avec la famille Théveneau date-t-il de 1774, lorsque à la demande du Roi, il est allé à Londres récupérer et brûler un pamphlet contre Madame du Barry écrit par Charles Théveneau de Morande ? Ce Charles Théveneau de Morande (1741-1805), libelliste et maître chanteur avait deux frères bien différents de lui, Lazare-Jean Théveneau, seigneur de Francy-lès-Arnay, et Louis-Claude-Henry-Alexandre Theveneau. (1)
Le fait d’être marin et de parler couramment l’anglais font de Lazare-Jean un secrétaire idéal pour Beaumarchais écrivain qui se sentant l’âme d’un armateur crée en 1776 la Société Rodrigue Hortalez pour approvisionner les « Insurgents » américains.
Francy travaille 47 rue Vieille du Temple à Paris et occupe un bureau communiquant avec celui de Beaumarchais, de là il dirige le service de fret, de l’armement et le secrétariat, pendant les premières années il court de port en port pour mettre en route l’organisation et parer à tous les ennuis ! Les ennuis ne manquent pas, c’est Francy qui est chargé de tout arranger, sa qualité de capitaine lui facilite les rapports avec les marins et les armateurs.
Une de ses premières missions, en janvier 1777, est d’éviter la catastrophe entre Tronçon du Coudray et le capitaine de L’Amphitrite à Lorient, en février il passe à Nantes chez Pelletier-Dudoyer, en juin 77 c’est l’affaire de la Marie-Catherine, ordres et contre-ordres se suivent … Beaumarchais lui écrit : « Vous aurez de mes nouvelles ostensibles toutes relatives à ce détail à cause de la Poste. Saisissez bien l’esprit » … affaire tellement compliquée que le bateau est saisi par les Anglais.En Amérique les affaires sont aussi complexes et le Congrès paye mal ou ne paye pas du tout, angoissé Beaumarchais décide d’envoyer Francy aux Etats-Unis, il s’embarque pour l’Amérique sur « L’Heureux » à Marseille, le 26 septembre 1777, et arrive le 1 décembre à Portsmouth, New Hampshire. Ses instructions se terminent par : « servez-moi de votre mieux … Je vous salue comme je vous estime et vous aime. »
Les rapports entre Beaumarchais et ses interlocuteurs sont ainsi, mais avec Francy qu’il considère comme un fils, ils seront encore plus chaleureux. Sa confiance ne sera pas trompée, Francy se démène comme un beau diable, porte des jugements, conseille, récupère de l’argent, vend au mieux la marchandise et défend avec succès auprès du Congrès les intérêts de Beaumarchais. Il aide financièrement La Fayette, La Roüerie, Von Steuben, Pulaski et bien d’autres. Pendant le séjour de Francy en Amériques Beaumarchais lui obtient un brevet de capitaine dont il rêvait… et c’est madame de Beaumarchais qui fabrique les épaulettes.
Il envoie ses correspondances à Pelletier-Dudoyer qui les lit et fait suivre à Beaumarchais, ce qui allège un peu le circuit car les délais sont longs et les lettres faites pour plus de sûreté en plusieurs exemplaires.Au printemps 1780 Francy est de retour en France, en près de trois ans il a amassé une fortune considérable mais il doit faire une cure de repos dans sa famille. En mars 1782 il va encore à Nantes, mais atteint d’une maladie de poitrine il doit renoncer à ses missions dans les ports. C’est lui qui va s’installer dans le fauteuil directorial, Beaumarchais ne cherche pas à le remplacer, il va partir sur les routes. Francy est toujours chargé de toutes les missions comme en témoignent les nombreuses lettres que Beaumarchais lui adresse à Paris.
Dunkerque 1783, le cher Francy décède, il a 29 ans, Beaumarchais va s’occuper de son testament
Tugdual de LANGLAIS
(1) Louis-Claude-Henry-Alexandre Theveneau qui siégea au tribunal de paix d’Arnay-le-Duc et mourut sans alliance à Arnay-le-Duc, le 31 août 1808. – Source : « Theveneau de Morande », Paul Robiquet, Paris, Quantin, 1882, p. 304.
Merci à André JARLAUD pour cette trouvaille qu’il a tenu à partager avec nous !