Comme dans la majorité des initiatives du genre, quel qu'en soit le promoteur, l'ambition portée par la Banque d'Angleterre est multiple, entre désir d'appréhender de nouvelles approches face aux défis qu'elle affronte dans ses missions et besoin de comprendre les technologies émergentes et leurs usages. Ceci étant, en dépit de son appellation, la démarche adoptée dans ce but tient plus de la formalisation d'un mode de coopération avec la FinTech que d'un accélérateur de jeunes pousses au sens traditionnel.
En effet, il n'est point question ici d'héberger les entreprises et de leur offrir des services (de coaching, notamment). Il s'agit, plus modestement, de mettre en place un processus standardisé de soumission de propositions, en vue de la réalisation d'expérimentations. Les candidats se voient ainsi offrir l'opportunité de déployer leur solution dans un environnement réel, en interaction directe avec les experts de la banque, ce qui constituera pour eux une référence utile et prestigieuse (que le projet aboutisse ou non).
Tout en ouvrant le champ d'investigation à tous les domaines susceptibles de la concerner, l'institution explicite les thèmes de recherche qu'elle privilégie, dont il ressort que l'analyse des données constitue le cœur. Plus précisément, l'exploration de jeux de données volumineux (issus du reporting réglementaire des banques…), la détection d'anomalies et la reconnaissance de motifs par apprentissage automatique (pour la sécurité…) et la protection des données sensibles sont les priorités actuelles.
Avant son annonce officielle, ce 17 juin, le dispositif était déjà éprouvé avec plusieurs entreprises pilotes, parmi lesquels figurent BitSight (sur un outil destiné à évaluer la cyber-résilience des entreprises grâce à l'analyse de données disponibles publiquement), Privitar (dont la solution d'anonymisation est jugée sur la capacité à exploiter utilement les résultats qu'elle produit) et PwC (pour la mise en place d'un environnement complet de registre distribué basé sur une technologie de blockchain privée).
Ce dernier exemple souligne toutefois les limites de l'initiative, autant par le choix du partenaire – bien loin d'être une startup ! – que par son faible potentiel de disruption, puisqu'il se réduit à un test technique, dans un domaine où les enjeux sont bien plus larges. Heureusement, ce sujet n'est pas clos, car, les questions soulevées autour de cette expérience préliminaire (qui font aussi partie du champ d'investigation, même si elles sont moins mises en avant) démontrent une maturité certaine de la banque.
En tout état de cause et malgré ses quelques défauts, l'initiative est particulièrement notable de la part d'une organisation qui peut évidemment s'enrichir d'apports extérieurs mais est, par nature, profondément conservatrice. En outre, au-delà de la déclaration d'intention et des premiers pas réalisés, la méthode appliquée (en cycles courts, avec des indicateurs de succès pré-déterminés…) semble faire preuve d'un professionnalisme que pourraient envier bien des grands groupes en mal d'innovation…