La Nación a choisi de faire sa une sur l'institution religieuse
Quelques jours après que le Pape François avait fait savoir samedi dernier qu'il refusait le don de 16 millions de pesos (d'argent public) annoncé par le Président Macri au bénéfice de la fondation Scholas Occurentes, parce qu'il redoutait que sa fondation glisse peu à peu dans l'acceptation de pratiques politiques peu claires, voilà un groupe de fidèles, en fait trois femmes très âgées, sans doute dépassées par les événements et se présentant comme une communauté régulière de l'archidiocèse de Mercedes-Luján, dans la Province de Buenos Aires, qui se trouve sous le feu des projecteurs, au grand dam de l'archevêque. Ce dernier se dit perplexe et surpris. La rumeur prétend que, depuis des années, cette communauté aurait abrité des réunions secrètes de responsables politiques parmi les plus compromis dans les scandales les plus divers. Le terrain où s'élèvent les bâtiments communautaires aurait été donné à un ancien évêque de Avellaneda, dans la proche banlieue de Buenos Aires. Il aurait entretenu des liens étroits avec Néstor Kirchner et son cercle politique proche, le tout sous l'autorité de l'ancien archevêque local, lui-même très proche de Carlos Menem, ancien président avec lequel Kirchner avait pris ses distances. C'est cet ancien évêque de Avellaneda qui, il y a moins de trente ans, a fondé cette étrange communauté aux infrastructures pharaoniques qui n'est, en droit canon, qu'une simple association privée comme il y en a beaucoup dans l'Eglise, certaines présentant des caractères ambigus (ce qui semble être le cas ici), d'autres relevant de démarches spirituelles authentiques et pleinement soumises à l'autorité diocésaine. Or le prélat honoraire de Avellaneda, déchargé de toute responsabilité pastorale du fait de son âge avancé (à 75 ans, les évêques cessent d'exercer des fonctions de gouvernement pastoral), ne peut plus se défendre : il est décédé il y a deux mois dans cette communauté et il est enterré dans le domaine d'un hectare qui entoure les bâtiments. Autre source de scandale : les travaux d'agrandissement du supposé monastère (1) sont paralysés depuis quelques mois et leur taille paraît surdimensionnée pour les trois femmes qui sont censées y vivre en une bien petite communauté. Qui plus est, la supérieure aurait reconnu devant des journalistes que López, en arrivant affolé pour cacher ses trésors, lui aurait avoué qu'il s'agissait d'argent mal acquis.
L'archevêque local en exercice s'est déclaré à la disposition de la justice alors que vient de s'ouvrir à Tucumán une grande rencontre spirituelle, le congrès eucharistique national, auquel participent tous les évêques argentins...
Pour aller plus loin : lire l'article de La Nación lire l'article de La Prensa sur les déclarations de la religieuse qui a accueilli López à son arrivée lire le communiqué de l'archevêque de Mercedes-Luján diffusé par l'agence de presse catholique AICA lire l'article de Clarín sur le lâchage de Pacho O'Donnel
(1) En droit canon, le mot monastère est très strictement encadré comme celui de couvent. Les paramètres ne semblent pas réunis dans le cas présent. On est donc dans un cas d'usurpation de vocabulaire, ce qui n'est pas un très bon signe en soi.