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Hausse rétroactive : EDF a grand besoin d’argent

Publié le 17 juin 2016 par H16

La transition énergétique, c’est un peu comme le changement : si c’est maintenant, ce n’est pas tout à fait ce à quoi on pouvait s’attendre. Et grâce aux gesticulations de Ségolène Royal, des millions de Français et les plus gros consommateurs d’électricité du pays vont justement subir un petit changement de leur facture EDF, et ce sera une hausse rétroactive.

Vivre en Socialie, c’est définitivement l’assurance d’une vie d’aventures et de surprises renouvelées, pas toujours bonne, on en conviendra, et même souvent détestables comme on peut le constater dernièrement en France (mais d’un autre côté, on n’est pas encore à la vie palpitante de la socialie venezuélienne non plus), mais pleine de surprises néanmoins.

Par exemple, en Socialie et au train où vont les choses, rien n’interdit d’imaginer qu’un vigile de supermarché vous rattrape, une fois vos courses payées et chargées dans votre coffre de voiture, et, armé de son lecteur de carte bancaire, vous explique encore un peu essoufflé : « Excusez-moi, mais il y a eu une augmentation rétroactive sur le rôti, et ce n’est plus 12,60€ mais 14,10€. Voilà, insérez votre carte ici, merci. »

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Grotesque ? Et pourtant c’est exactement le petit tour de magie que le gouvernement veut nous jouer. Nos Majax de l’économie planifiée, Ségolène Royal en tête, sont actuellement en train de nous expliquer que 28 millions de ménages français et la plupart des gros consommateurs d’électricité du pays vont devoir s’acquitter d’une petite révision de factures passées, avec une augmentation d’environ 1,5€ qui seront prélevés sur les dix-huit prochains mois.

Et si vous aviez un contrat avec EDF, si la vente effectuée est réputée passée et si vous n’êtes pas d’accord, eh bien allez vous faire f$*^£. Au passage se pose un intéressant problème d’égalité si vous venez de rompre normalement votre contrat avec EDF (vous avez déménagé, vous êtes passé à la concurrence, vous quittez le pays, …) ; je me demande dans ce cas si le service Recouvrement de l’électricien va vous poursuivre pour les mêmes factures…

Bien évidemment, au-delà de la stupeur de constater qu’encore une fois, un paquet de Français va se retrouver purement et simplement spoliés sans rien pouvoir faire et le tout, par des socialistes affichés (ce qui est encore plus croquignolets vous en conviendrez), il reste la question de savoir ce qui motive ce réajustement sauvage.

Une situation complètement ubuesque ? Des Français spoliés ? Le principe des contrats bafoué ? Bingo et pas de doute, pour arriver à ce résultat grandiose, il fallait que l’État soit intervenu d’une façon ou d’une autre.

Et ô combien il est intervenu ! Rappelez-vous en 2014, ce fameux arrêté pondu par le gouvernement qui imposa ses tarifs à EDF en limitant leur hausse à 2,5% et qui portait sur la période du 1er novembre 2014 au 31 juillet 2015. À l’époque, la même Ségolène Royal – qui vient de bredouiller des explications confuses pour cette hausse rétroactive – n’avait pas hésité à geler purement et simplement la hausse de 5% promise par Jean-Marc Ayrault à EDF avant son départ de Matignon, en prétextant au milieu d’une fournée de chatons mignons la sauvegarde du pouvoir d’achat des Français.

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Eh bien le conseil d’État vient donc d’annuler cet arrêté, en estimant que les tarifs « avaient été fixés à un niveau manifestement insuffisant pour assurer le rattrapage des écarts tarifaires passés », et demande au gouvernement de produire de nouveaux arrêtés pour fixer une hausse rétroactive. Autrement dit, les fanfaronnades de Royal coûtent à nouveau fort cher en rattrapage.

Le Conseil d’État avait été saisi par l’Association nationale des opérateurs détaillant en énergie (Anode), qui regroupe des fournisseurs autres qu’EDF et qui ne trouvaient pas cette limitation gouvernementale tout à fait à leur goût. Or, ce n’est pas la première fois que cette association saisit le conseil et obtient gain de cause, ce qui montre une fois de plus que si l’erreur est humaine, persévérer ainsi est bien l’apanage des politiciens qui, de toute façon, n’ont pas à payer de leur poche leur obstination néfaste.

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À présent, on ne peut s’empêcher de rapprocher cette brutale révision de tarifs antérieurs de la situation particulièrement délicate de l’électricien français, dont on se demande s’il ne va pas droit vers une faillite retentissante. Récemment obligé de reprendre Areva que son équipe dirigeante aura consciencieusement flanqué dans le fossé, EDF est de surcroît empêtré dans les lubies écoloboulimiques qui plombent ses résultats, et ce d’autant plus que – oh, zut alors – le prix du pétrole s’est effondré, rendant encore plus dispendieuses les « alternatives » amusantes mais déjà fort coûteuses.

S’ajoutent à ces déboires des investissements nécessaires pour sécuriser son parc nucléaire, moderniser les compteurs électriques déployés dans le pays, et rattraper autant que possible le fiasco déjà inquiétant des deux EPR anglais.

N’oublions pas qu’au moins une partie de ces investissements sont décidés généralement arbitrairement par un gouvernement qui n’a cessé de placer ses intérêts politiques avant ceux d’une réelle direction commerciale et économique.

Le pompon de ces couacs étant bien sûr la gestion grotesque du dossier « Fessenheim » qui promet encore d’intéressants rebondissements. Centrale nucléaire dont la fermeture a été décidée de façon purement politique par un candidat Hollande toujours prêt à distribuer promesses et argent des autres sans s’occuper des conséquences, Fessenheim est – bien malheureusement pour l’Exécutif – détenue en partie par les Suisses (Alpiq, Axpo et BKW) et les Allemands EnBW.

Patatras : ce qui devait être simple commence à tourner vinaigre, parce que démanteler Fessenheim, c’est devoir payer des indemnités à ces deux groupes. En outre, EDF y a fait de nombreux investissements permettant à l’actuelle centrale, pourtant vieille de trente ans, de très bien se classer en terme de sécurité, ce qui lui permettrait de l’exploiter encore plusieurs années.

Heureusement, Ségolène Royal est intervenue pour transformer en chaos ce qui semblait déjà particulièrement complexe : imposant que la centrale ferme, mais qu’elle ne le fasse que lorsque l’EPR de Flamanville sera en fonctionnement, elle propose 100 millions d’euros d’indemnités (ce qui, pour un État français virtuellement en faillite, représente déjà beaucoup) là où les propriétaires, EDF en tête, réclament … deux à trois milliards (ce qui, pour un opérateur au bord de la faillite, s’explique finalement assez bien).

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Je résume.

L’État (Ségolène Royal en tête) a imposé des tarifs à EDF qui se sont révélés complètement inadaptés au marché, provoquant des « tensions » dans la trésorerie de l’électricien. L’État intervient donc pour remettre les tarifs d’équerre et tabasser le consommateur et quelques principes de base au passage.

L’État a imposé à EDF de se positionner sur des énergies peu ou pas rentables, au détriment d’autres qui, elles, ont fait leur preuves. Ségolène approuve bruyamment.

Pendant ce temps, l’État impose aussi la fermeture de centrales pourtant en état de fonctionnement, rentables et sécurisées. Ségolène acquiesce.

L’État impose aussi les normes qui rendent la construction des EPR de plus en plus délicate, fusillant durablement la confiance qu’on peut avoir dans la capacité d’EDF à mener à bien ses projets en France et en Angleterre. Ségolène applaudit.

L’État impose qu’EDF récupère Areva et éponge ses dettes, poussant l’entreprise au bord de la faillite. Ségolène trouve ça cool.

Enfin, l’État compte spolier autant que possible les actionnaires minoritaires de Fessenheim parce qu’en plus de centrales nucléaires, il a des bombes du même métal qui feront taire les mécontents. Ségolène ne pipe pas mot mais adhère grave.

À l’évidence, tout ceci va forcément très bien se terminer.

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Décidément, vivre en Socialie est une aventure de tous les jours… Et puis, c’est un peu le souci d’intervenir comme un chien dans un jeu de quilles dans un marché volatil pour des raisons purement politiques en se moquant de la réalité économique : à un moment ou un autre, cette réalité, tendue comme un élastique, finit par revenir droit dans le museau des impétrants qui ont cru bon de l’oublier.


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