J'avais besoin de solitude, de silence et de beauté. J'avais besoin de bleu et de soumettre mon corps à l'effort pour que mon esprit s'apaise. J'allais avoir quarante ans quelques jours plus tard, et tout se bousculait un peu dans ma tête. Je n'ai rien trouvé de mieux que le Sentier des Douaniers à la toute pointe nord du Cap corse pour me mettre à l'épreuve. Là, la Corse cache un de ses joyaux les plus purs, inaccessible par la route, réservé à ceux qui n'hésitent pas à mouiller le débardeur et couvrir les mollets de poussière ocre.
J'ai rempli mon sac à dos des indispensables: crème solaire, un litre d'eau, de quoi grignoter, une carte IGN, un maillot de bain et un bon livre. A mes pieds, mes Salomon qui en avaient vu d'autres. Au port de Macinaggio, j'ai embarqué à bord d'une navette maritime (réservation obligatoire) à destination du minuscule port de Barcaggio. Une petite heure de navigation commentée, et agrémentée par les cris des cormorans, à travers la réserve naturelle des îles Finocchiarola, ponctuée par le bon conseil du commandant de bord: " dans le doute, choisissez toujours le sentier le plus à gauche, ne vous engagez jamais dans le maquis, on mettrait plusieurs jours à vous retrouver ".
J'ai fait le tour du minuscule port de Barcaggio, et j'ai dit adieu à la civilisation, direction plein sud. Ramassé un caillou de serpentine qui orne depuis mon bureau, grimpé toujours plus haut d'où le camaïeu de bleu nous coupe le souffle, redescendu les chemins escarpés, traversé les genêts, évité les lézards qui traversaient sans prévenir, traversé un troupeau de vaches nonchalantes, enlevé mes chaussures pour marcher dans l'eau fraîche du début mai, lu sur la plage, et repris enfin ma route pour Macinaggio (il y a un délicieux glacier artisanal en face du port...)
Comptez environ cinq heures de marche, à partir de 10-12 ans.