Chamonix a beaucoup à offrir pour une personne comme moi. Tout d’abord, le Français est en quelque sorte la langue étrangère ici. Les étrangers sont très présents et la plupart des employés de restaurations parlent d’abord Anglais et parfois Français. La réputation internationale de Chamonix concernant les activités de montagnes, le ski et l’alpinisme ainsi que la présence d’athlètes internationaux s’entraînant ici attirent les sportifs outdoor en quête de Haute Montagne. Les étrangers participent également à rendre l’ambiance générale plus amicale et chaleureuse. En conséquence je n’ai pas totalement la sensation d’être rentré de mes voyages, chose qui serait différente ailleurs.
Je me suis également fait de super amis. Ceci est essentiel si vous envisager de devenir sédentaire. Tous pratiquent plusieurs activités sportives outdoor: Parapente, Escalade, Trail Running, … Il est encore difficile de trouver des VTTistes car ceux-ci se trouvent soient en forêt…ou au bar! J’envisage donc de rejoindre le club de VTT de Chamonix très prochainement…lorsqu’il arrêtera de pleuvoir! (Oui, c’est pour cela que j’ai le temps d’écrire un article si long!).
J’aime beaucoup Chamonix et aujourd’hui je voudrais vous faire découvrir son impressionnante chaîne de montagne que j’ai pu explorer pendant quatre jours en faisant le Tour du Mont Blanc!
Bienvenue au Tour du Mont Blanc Express!
Il faut généralement compter 8 jours pour achever le Tour du Mont Blanc. Toutefois nous envisageons de le faire en seulement quatre. Romain a étudié la carte afin de trouver des raccourcis plus intéressants que le tracé officiel du Tour du Mont Blanc. Au lieu de suivre les vallées qui entourent la chaîne du Mont Blanc, nous couperons par 7 cols:
- Le col du Tricot
- Le col du Bonhomme
- Le col de la Croix du Bonhomme
- Le col des Fours
- Le col de la Seigne
- Le col du Petit Ferret
- Le col de Balme
Comme ces cols sont pour la plupart au dessus de 2000m, nous avons des crampons et des luges pour pouvoir marcher sur la glace et glisser de l’autre côté à la seule condition que la neige ne soit pas trop molle. Notre point de départ est la mairie des Houches et nous terminerons notre Tour du Mont Blanc à l’arrêt de Bus du Tour.
Commençons cette randonnée par un contrôle d’alcoolémie!
Notre aventure commence à 5h00 du matin à Chamonix. Julien et Romain sont restés chez moi pour y passer la nuit. Alors que nous sommes sur la route en direction des Houches, nous devons nous garer sur le bas côté pour un test d’alcoolémie! Nous sommes tous amusés par ceci et nous expliquons au policier qu’il n’y a aucun risque puisque nous sommes en route pour le Tour du Mont Blanc. Nous sommes fin prêts à 5h30 et commençons notre randonnée qui nous conduira au Col de la Croix du Bonhomme près de 11h plus tard.
Nous faisons une courte pause aux Contamines pour remplir à nouveau nos gourdes et acheter du pain et des viennoiseries (qu’il est bon d’être de retour en France!). Nous déjeunerons et nous relaxons un peu plus tard à La Chapelle de la Dame de la Gorge et en profitons pour libérer nos épaules de notre sac à dos de 15 kg. Le plat du jour: fromage local, saucisson et pain. Notre repas préféré! Nous avons déjà marché près de 20km mais il nous reste encore 10km à parcourir. Les nuages sont toujours en train de se former et de nous suivre. Il est temps de partir maintenant. 40 minutes plus tard nous revoici de retour sur la piste 4×4 lègèrement ascendante jusqu’à nous retrouver face à face avec la grande difficulté du jour: 850m de dénivelé positif dans de la neige fondue jusqu’à attendre le Col de La Croix du Bonhomme…
Saleté de neige, pourquoi est tu encore là!
Il est vraiment plaisant de redécouvrir la neige lorsqu’on l’attend 8 mois de l’année: flocons de neiges, poudreuse profonde, du fun, Noël, le ski, … Je l’adore! Toutefois ce sentiment peut changer après 4 mois à jouer dessus ou dedans, surtout sur de la neige fondue et glissante sans chaussures de randonnées dignes de ce nom! La neige fondue ce n’est pas drôle… PAS DRÔLE DU TOUT! Heureusement une fois que mes chaussettes sont imbibées par la neige fondue après une heure, je ne sens plus rien, excepté cette sensation spongieuse très bien connue dénommée Schpouick Schpouick… Les bâtons sont d’une grande aide pour trouver son équilibre dans une situation pareille. Sans eux, je ne ferai que tomber encore et encore! Notre route vers le Col du Bonhomme semble interminable. Je commence à comprendre ce que le trail Runner croisé deux heures plus tôt voulait dire par « ce n’est que le début les gars! ». Une fois l’abri du Col du Bonhomme atteint, je sors mon coupe vent de mon sac à dos comme le vent est plus contant ici. Julien prend la tête du groupe pour la dernière partie jusqu’au Refuge du Col de La Croix du Bonhomme où Tristan (le gardien du refuge) nous accueil avec trois bières et lance le feu dans le poël juste avant que les nuages et la pluie ne nous rattrapent!
Nous sommes ses premiers randonneurs de la saison et il est heureux de nous raconter l’histoire du refuge qu’il garde pour la 34ème année. Après une trop courte sieste, nous passons la soirée ensemble pendant laquelle Tristan nous raconte son incroyable épopée autour de l’Antarctique et de la Géorgie du Sud.
Italie, nous arrivons sur nos luges!
Lorsque l’alarme sonne, j’ai juste envie de la jeter à travers le refuge… Tout notre corps est en souffrance à 4h30 et ouvrir nos paupières est terriblement difficile. Heureusement il n’y a pas de nuages dehors et la vue sur le Mont Pourri est divine! Ce second jour du Tour du Mont Blanc semble plus facile que la veille. Nous profiterons de la glace dès la première heure avant que celle-ci ne commence à fondre et ensuite, après le deuxième col, le sentier descend doucement jusqu’à Courmayeur. Une fois nos crampons en place sur nos chaussures, nous quittons le refuge à 5h45. Il est tellement plus plaisant de marcher sur une surface dure et stable plutôt qu’humide et glissante. Les rayons du levé du Soleil nous accueillent au Col des Fours. IL EST TEMPS D’UTILISER NOS LUGES!!! Malheureusement il est plus difficile de glisser sur nos luges que ce que nous pensions. Soit la surface est trop gelée et dangereuse, soit toute molle et on s’enfonce. Notre sac à dos n’aide pas non plus en nous interdisant de nous pencher en arrière. Cette idée à besoin d’amélioration pour la prochaine fois!
Atteindre le col de la Seigne du facile jusqu’à 2200m où la neige devînt épaisse et fragile. Nous faisons une pause à 10h30 pour savourer quelques tranches de fromage et de saucissons tout en profitant de la vue. Nous marcherons sur la neige et sous un soleil brûlant jusqu’au Refuge Elisabetta. Le plateau à 2200 m entre le Col de la Seigne et le refuge renvoit les rayons de Soleil et les UV vers nous comme le ferait un Micro-ondes. A partir de maintenant, la route jusqu’à Courmayeur est ennuyeuse, rectiligne et lente… Orux Maps indique que nous avons parcouru la même distance qu’hier, soit 60km en 2 jours avec un équipement complet, en altitude, avec de la neige molle et de courtes nuits. Je ne suis pas sûr de savoir combien de temps nous pourrons tenir ce rythme avant de nous blesser. Je commence même à me demander comment nous allons faire pour rejoindre Champex demain, 40km plus loin en Suisse!
Par chance, Julien arriva en retard des courses. Cela nous fit rater le bus pour Palud dans le but de raccourcir la distance à marcher. Pourquoi est-ce une bonne nouvelle? En fait il est possible de privatiser un bus public pour un supplément de 1€/persone et celui-ci peut nous conduire à l’arrêt de bus le plus éloigné demandé, à 2km du refuge Elena et du Col du Petit Ferret! Pour un total de 3€/personne, nous nous épargnons 14km de route et une plus grande probabilité de rejoindre Champeix demain, troisième étape de notre Tour du Mont Blanc!
Camping 5 étoiles et eau gelée avant une ascension périlleuse!
A ce moment je ne savais pas que Romain commençait à avoir mal à son genou droit. Il a une tendinite et celle-ci ne se guérira pas avant d’avoir achevé notre Tour du Mont Blanc. C’est ce que je craignais: manque de sommeil, journée intense de marche et peu d’entraînement. Cette malédiction nous suit de près Julien et moi si nous ne nous reposons pas davantage. Cette partie de la Suisse est magique. Tout est magnifique peu importe la direction dans laquelle nous regardons. Cependant il y a quelque chose d’encore plus étonnant: Les chalets sont somptueux, les paysages incroyables et les chemins sont… RATISSES!!!? Bon sang, est ce que les Suisses ratissent réellement leurs sentiers?
En effet ils le font…après avoir croisé l’un d’entre eux en charge de cette tâche entre La Fouly et Champex. La réputation suisse concernant l’ordre et la précision est indéniablement vraie!
Jusqu’à maintenant nous avons toujours pu trouver des fontaines dans les villages traversés. Il me semble important de le préciser si vous vous lancez dans le Tour du Mont Blanc au milieu de l’été. A chaque fois que je suis de retour à la civilisation, je ne peux m’empêcher de prendre des photos des chalets tous plus atypiques les uns que les autres, entourés par une nature sauvage préservée. Les fleurs, les hautes herbes, les montagnes et les cascades sont absolument partout. La dernière ascension du jour commence à partir de Praz-de-Fort jusqu’à Champex. Celle-ci fait vraiment souffrir Romain et son genou. Heureusement une bonne bière récompensera nos efforts du jour!
Nous passerons l’après-midi à patauger dans le lac de Champex (deux fois plus chaud que le ruisseau d’hier!) pendant que nous faisons sécher notre équipement de camping. Nous rangerons tout dans nos sac avant que l’orage ne tombe sur Champeix à 16h30. Nous nous excusons pour notre bazar auprès des passants mais les Suisses sont vraiment sympathiques et compréhensifs à ce sujet. Certains d’entre eux nous posent des questions au sujet du Tour du Mont Blanc auxquelles nous sommes ravis de répondre.
Camping en gare de télésiège: Nous ne sommes pas gitans, nous sommes des Randonneurs!
La direction pour rejoindre le refuge Bovine est indiquée mais l’autre possibilité par le GR6 (notre chemin) ne l’est pas. Orux Maps fut une fois de plus utile face à cette situation. Cette section du parcours me rappelle le Pérou: végétation dense, sentier raide et technique. On se sent désormais dépaysé de la Suisse. Une fois au-dessus de la lisière de la forêt, Martigny et Verbier apparaissent. Nous réalisons une courte pause juste avant d’amorcer la longue descente jusqu’au Col de la Forclaz. Pour la première fois, nous croisons un groupe de randonneurs Coréens et leur guide. C’est un peu cliché mais c’est la vérité! J’espère que leur guide est bien préparé car certaines sections pentues à l’ombre sont recouvertes de névés gelées.
Midi sonne. Nous prenons enfin le temps de faire une vraie pause à Le Peuty juste avant d’accomplir la dernière ascension de la journée au Col de Balme. Une fois à l’aire de pique-nique abritée, nous nous endormons instantanément jusqu’à ce que le vent nous réveille.
Bien que Romain souffre le martyr, sa progression est étonnement constante et il ne ralenti pas le moins du monde notre équipe. Nous terminons nos réserves de nourriture en grande partie et nous nous remettons en marche à 13h00.
Le torrent qui descend du Col est puissant et il ne fut pas facile à traverser. Nous avons trouvé un passage plus étroit dans lequel nous avons jeté des blocs de roche les uns sur les autres afin de traverser en sécurité et au sec. Une fois ce challenge relevé, nous commençons notre longue route vers le Col de Balme avec de la neige dès 1900m. Même en marchant en crabe pour épargner à Romain de souffrir, il ne nous aura fallu que 2 heures pour rejoindre le Col. J’utilise encore et toujours ma luge pour descendre (au moins, je ne l’ai pas prise pour rien!). La pluie nous tombe dessus juste après notre pause pour enfiler nos vestes GoreTex à la station intermédiaire. Nous pouvions sentir la tempête se préparer pendant notre descente et plus vite elle se forme, plus elle est puissante! Nous atteignons enfin l’arrêt de Bus du tour à 16h30 et pour la première fois de notre Tour du Mont Blanc, nous sommes sous la pluie!
Il est maintenant temps de célébrer ce Tour du Mont Blanc avec nos amis!
Quel meilleur endroit que le Chambre 9 pour un tel événement? Oui nous souffrons, mais nous savons également que nous ne seront pas en état de bouger pour les deux prochains jours pour pouvoir récupérer! Je suis sûr que le « Remède de Chris » sera efficace tout comme le dîner préparé par Eva et Benoît content de nous revoir! Merci Romain et Julien pour cette fantastique épopée! J’avais besoin de me replonger profondément dans ces grands espaces où rien d’autre que l’instant présent n’a d’importance. Nous sommes fait pour explorer le monde et ses trésors. C’est encore mieux lorsque ce plaisir est partager ensemble!