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[Manga] A Silent Voice

Par Jibouille

Shoya Ishida vit en combattant tous les jours l’ennui par les jeux les plus insensés qui lui viennent à l’esprit. Un jour, Shoko Nishimiya rejoint sa classe et essaie de s’y faire une place, mais cette dernière est atteinte de surdité et va causer quelques soucis à ses camarades, ce qui va permettre au jeune Shoya de s’occuper en profitant des faiblesses de celle-ci. Mais tout cet amusement se retournera contre lui. Une fois lycéen, Shoya, qui décide de revoir une dernière fois Shoko pour s’excuser, va finalement se rapprocher d’elle à travers la langue des signes.

a silent voice

Un manga que j’avais déjà présenté et qui partait sur d’excellentes bases. Quid de l’ensemble?

Mon avis sera peut-être différent des autres car j’ai été en contact intime avec le monde des sourds et la langue des signes. J’ai appris cette langue et j’ai été interface de communication auprès des sourds. Le sujet m’a donc tout de suite interpelé. En France, le sujet est parfois sensible car c’est un handicap encore mal connu et mal renseigné. Et c’est aussi le plus vicieux car il ne se voit pas. Être sourd est un combat dans un monde fait pour les entendants. C’est d’ailleurs ce point qui m’avait séduit dans le premier tome du manga. On y voit une jeune fille sourde, perdue dans une classe d’entendants qui la prennent pour une extraterrestre. La réaction de Shoya est d’ailleurs très parlante lorsqu’il dit spontanément « Trop bizarre ». Bizarre. un mot que j’ai souvent entendu avec mes élèves mais faux. Terrible serait plus exact car il enferme le sourd dans un son monde. Ou plutôt, on le pousse à s’y enfermer. Et Shoko a parfois cette attitude quand elle est seule.

Dans les deux premiers tomes, tout est présenté. Les personnages bien sûr, mais aussi le handicap, les remords, l’exclusion, la différence, les moqueries. Certains diront, à juste titre, que ces tomes sont naïfs. Mais ce n’est pas l’important. Il montre de manière idéal le problème de la surdité pour que ceux qui ne le connaissent pas puissent en prendre conscience. D’abord avec le regard de Shoya. Un garçon lambda qui se retrouve face à une situation inédite. Certes, son comportement est un peu extrême et, heureusement, on ne le retrouve pas dans la réalité, mais j’avoue avoir eu peur que cela arrive. Sa réaction, maladroite et débile, est en fait le symbole du malaise créé par ce handicap. Ensuite avec la mère de Shoko qui tente d’aider sa fille mais qui en réalité, lui reproche inconsciemment son handicap. Le regard des parents est souvent le plus difficile à soutenir car ils sont le pilier, le soutien indispensable et malheureusement, les plus cruels à l’égard de ce handicap fourbe. Pas volontairement. Plus par désespoir mais cela fait encore plus mal.

alphabet lsf

Alphabet Langue des Signes Française

Les suivants montrent une évolution naturelle des deux amis, que pourtant tout oppose. Le passé, que chacun croyait avoir oublié a vite tendance à revenir à grande vague.Chacun combat ses préjugés, et surtout les préjugés des autres. Le milieu du manga est donc intense, émotionnel, un peu éloigné du sujet de la surdité mais intéressant. Petit à petit, ce n’est plus le point de vue de Shoya qui prime mais celui de Shoko. Et j’aime que cette transition se fasse en douceur. Alors que Shoya tente de se comprendre et de se placer entre deux mondes, Shoko éprouve le même souci mais dans le sens inverse.  Du coup, on a parfois l’impression que les deux jeunes se loupent, s’égarent, se croisent. Et autour d’eux gravitent d’autres personnages, qui comprennent, aident, doutent, jugent mais qui leur apportent des réponses, à leur façon.

Si la fin peut paraitre rapide (et elle l’est sans aucun doute), le manga reste un excellent manga, parlant d’un problème que peu de gens connaissent et qui mérite d’être débattu.


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