À l'heure des retransmissions des matchs de l'Euro et particulièrement de celles de l'équipe de France qui péniblement obtiens ses victoires à l'arrachée dans les cinq dernières minutes j'ai envie de reprendre un bel article de Jacques Dion publié par Marianne et qui illustre la relation avec sport et argent. Son recadrage est salutaire et devrait ouvrir les yeux sur ces footballeurs sur fond de crise sociale, salariale et austéritaire qui touche les français.
ÇA M'ENERVE !
Il en est qui n'ont pas besoin de se lancer dans un mouvement social incertain pour obtenir des primes indexées sur leurs performances, leur notoriété et leur art de savoir se vendre. Je parle ici non des PDG de multinationale mais des joueurs de l'équipe de France de football, ces jeunes gens qui ne peuvent se satisfaire de porter le maillot bleu. Pour le mouiller, il leur faut une indemnité sonnante et trébuchante. Cette dernière viendra s'ajouter à ce qu'ils touchent déjà dans leurs clubs respectifs - où ils ont des salaires de nabab - sans oublier la commercialisation de leur image qui les transforme en hommes-sandwichs taille McDo.
A la veille de l'Euro, comme il est de rigueur depuis déjà plusieurs années, les Bleus ont désigné deux des leurs, Hugo Lloris et Blaise Matuidi, pour interpréter le rôle de Philippe Martinez face aux instances de la fédération. Résultat : chacun des Bleus touchera 165 000 € s'ils passent les quarts de finale, 210 000 € s'ils atteignent les demi-finales et 250 000 € s'ils accèdent à la finale. En cas de victoire de ces Carlos Ghosn en short, le bonus atteindra 300 000 € par tête. " Ce sont des sommes très acceptables ", a lancé Noël Le Graet, président de la fédération de foot. On lui conseillera d'aller tenir ce genre de propos devant les instances du foot amateur, là où des bénévoles se dévouent corps et âme pour essayer de protéger les jeunes qu'ils encadrent des illusions éphémères du foot spectacle, de l'argent facile et de la smala d'aventuriers qui règnent sur ce milieu.
Malheureusement, il en est du foot comme du reste de la société. Rien n'échappe à l'engrenage de l'argent roi, pas même le maillot national. En vertu des règles en vigueur dans ce monde, certains (peu nombreux) se retrouvent en position de force pour négocier tout et n'importe quoi, tandis que la masse des autres racle les fonds de tiroirs pour avoir le droit de fouler la pelouse de leurs rêves. J'ai beau être un fan du ballon rond et un supporteur des Bleus, je ne me ferai jamais à l'idée qu'il faille les payer pour qu'ils daignent représenter leur pays. Si les dignitaires du football national avaient un minimum de sens de l'honneur et de la justice, ils auraient refusé de se livrer à un marchandage qui mérite un carton rouge collectif.
Jack DION