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Yvonne, la cinquantaine. Cliente anglo-saxonne du bout du monde. Parmi la multitude, aujourd'hui, j'ai choisi de jeter mon dévolu et ma tendresse sur cette dame. J'ai choisi d'échanger un peu plus que les formalités d'usage. À sa demande, je l'accompagne en chambre, traînant dans notre sillage une montagne de valises. Je l'interroge sur les pays qu'elle a traversés. Un voyage de six mois, c'est pas rien. "Oh formidable," dis-je, enthousiaste. Silence. Ne sachant trop par quel bout continuer la conversation, elle finit par me confier la raison de son embarras. "Mon mari et mon fils sont décédés, récemment. J'ai voulu ce grand voyage pour faire le point sur ma vie".
J'ai choisi de m'occuper d'elle un peu plus que de mes autres clients. Je lui montre Montmartre par la fenêtre, je lui dis qu'elle a bien fait d'attendre. Elle s'excuse presque de me tendre un petit billet pour l'avoir aidée, lui avoir donné une si jolie vue. Je la remercie et lui dis : - Ce soir, je boirai à votre santé. À votre voyage.