Réalisé par: Robert Eggers
Avec: Anya Taylor Joy, Ralph Ineson…
Durée: 1h33
Genre: Horreur/Epouvante
Date de sortie cinéma: 15/06/2016
Interdit aux moins de 12 ans
Speech
1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation,
menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
Critique
Encensé par son passage aux festivals de Toronto, Sundance (prix de la mise en scène) et Gerardmer, The Witch s’impose selon les critiques comme le « meilleur film d’épouvante de l’année ». Un titre pompeux et souvent bien trop donné à la légère qui présage bien souvent un électrochoc puisé dans la déception et la tromperie.
Malheureusement, The Witch fait partie selon moi de cette catégorie. Un titre racoleur qui mise, tout comme sa mise en scène, sur la sobriété et le réalisme pour tenter de nous faire connaitre ce « choc viscéral terrifiant » imposé par les critiques.
Viscéral, on ne pourra pas le nier car pour son premier film, Robert Eggers nous tricote une toile primale, brute de sobriété où tous les artifices Hollywoodiens se retrouvent effacés au dissolvant abrasif d’un réalisme cru. La sorcellerie ne prend plus sa source dans l’imaginaire et l’extravagance, elle devient une réalité historique inquiétante de crédibilité.
Se basant sur les superstitions et la croyance religieuse quelque peu étouffante, The Witch nous ouvre les portes d’un huit clos familial claustrophobe où chacun de ses membres se voit doté d’un potentiel paranoïaque facilement décelable. Ajoutez à cela toutes les frustrations et les non-dits d’une famille fanatique et vous obtiendrez un terreau satanique idéal.
Malgré tous ses bons points, ce conte folklorique est pourtant loin de nous embarquer totalement dans son délire onirique. En témoigne ces nombreuses scènes censées arriver à leur paroxysme de terreur à l’aide d’une musique particulièrement grinçante pour les oreilles. L’excès de zèle ne fait souvent pas bon ménage, et dans cette catégorie, The Witch n’en démordra pas. Certains passages vous vaudront ainsi de gros moments de perplexité quand d’autres ne seront pas expliqués notamment la disparition de certains membres de la famille évincés on ne sait comment de ce Koh Lanta satanique. Le dénouement arrivera sans prévenir, et disons le bien, sera assez frustrant pour nos appétits horrifiques.
Si Eggers avait réussi à nous faire aimer ces âmes égarés, sa précipitation finale sera fatale à cet attachement. The Witch aurait peut-être mérité un traitement un plus délicat. Bref, c’est beau, pompeux et sobre, mais on a du mal à comprendre la finalité de cette oeuvre somme toute assez classique.
Mais c’est de l’art vous allez me dire ! De l’art oui, mais l’art doit parfois se mettre à la portée des autres pour briller…
Une déception pour The Witch qui ne brulera pas les planches du cinéma dit horrifique. Ce drame fantastique peinturé d’un réalisme glaçant n’a pour attrait que sa mise en scène d’une sobriété assez efficace et ses acteurs très convaincants. Pour le reste, oubliez d’avoir peur, ce règlement de compte familial n’a vraiment pas de quoi fouetter un chat noir !
Votre dévoué Freddy