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Littérature étrangère: la Compagnie des artistes, 39 rue de Berne, Retour à Cayro

Par Filou49 @blog_bazart
15 juin 2016

 Après une revue de trois films, on sélectionne trois romans étrangers parmi nos dernières lectures, trois genres différents mais chacune à lire dans leurs genres respectifs

1. La Compagnie des Artistes ;Chris Womersley ( Albin Michel)

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"Pour être honnête j'étais enchanté d'être en cette compagnie. Leurs vies semblaient hermétiquement scellées, non corrompues par le reste de l'univers ni même assujetties à ses lois naturelles".


 1986 Melbourne. Tom a dix-huit ans et veut prendre son indépendance. Ça tombe bien puisque son père a hérité d'un appartement dans la résidence d'Art Nouveau de la ville, Cairo. Il va pouvoir s'y installer, trouver un petit boulot et entamer ses études supérieures…. A Cairo, ses voisins sont de gentils excentriques qui refont le monde la nuit sur fond de drogue et d'alcool, et hibernent le jour. Parce qu'il a reçu par erreur une lettre, Tom fait la connaissance de Max Cheever, musicien fantasque, beau parleur aux opinions tranchées, et marié à la magnifique Sally. Très vite, Max prend le jeune homme sous son aile et le présente à ses amis. Les études s'éloignent car Tom veut prendre le temps de profiter des moments passés parmi eux. De toute façon, Tom veut devenir écrivain, et pour écrire, quoi de mieux que d'accumuler des expériences….

Je n’avais encore jamais lu de romans de l'australien  Chris Womersley  auteur de Mauvaise Pente ou des Affligés qui ont eu  bonne presse à leur sortie., et j’ai donc découvert cette compagnie des artistes, récit iniatitique prenant et accrocheur même si le personnage principal, ce Tom qui va vite être attiré par la lumière de mauvaises fréquentations peu agacer par ses choix et son manque de discernement global.

 Malgré cette reserve, on aime le style limpide et prenant du romancier, et  sans oublier de citer  la belle traduction de  Valérie Malfoy qui le met parfaitement en valeur (.Il est des périodes dans la vie qui nous marquent à jamais, des saisons ou des journées qui déterminent notre personnalité si totalement que c'est à l'aune de ces moments-là que le reste de notre existence se mesure, tout comme il existe peut-être une seule photo de nous à avoir saisi notre véritable moi").

On évolue  dans le monde de l'art à travers la peinture, et en particulier une toile de Picasso, « La Femme qui pleure » puisque l'intrigue du roman s'appuie sur le vol de ce tableau en 1986 au musée national du Victoria à Melbourne, un décor forcément passionnant pour qui s'interesse un peu à cet univers artistique.

On pourrait penser au fil des pages à un roman d'apprentissage  puisque Tom sort grandi et plus mûr de cette expérience. malheureuse au départ, mais le livre est également et sans doute surtout un bon roman d'aventures, pas loin des classiques du genre à la DUMAS, un livre certes à la trame certes un peu prévisible et classique mais qui reste un divertissement efficace et prenant..

2. 39 rue de Berne ;           Max Lobe

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« Ma mère dit que dans la vie, il y a des trucs qu’elle ne pardonne pas, même si tu lui donnes un container de crèmes dépilatoires. Quand elle dit ça, moi, je peux voir dans ses yeux qu’elle veut parler de ce que lui a fait tonton. Moi, je vois que maman est toujours très affectée par ce truc-là, et je crois qu’elle le restera. C’est pour ça qu’elle n’a jamais donné à tonton sa part de pardon. Elle ne l’a jamais mis en haut comme il le souhaitait, même pas avec un petit-petit Western Union. Rien. »

Mbila a tout juste 16 ans lorsqu’elle quitte Douala pour devenir danseuse à Paris. Son frère lui a fourni un faux passeport qui la vieilli de cinq ans, la majorité est à 21 ans au Cameroun. Elle compte bien envoyer beaucoup de mbongo au village lorsqu’elle sera célèbre. Mbila n’est jamais devenue danseuse et célèbre, elle est pute à Genève et élève seule son fils Dipita. Enfin le jeune garçon n’est jamais vraiment seul au 39 rue de Berne, l’immeuble est un bordel et si toutes les prostituées sont aux petits soins avec lui, leur affection est parfois un peu étouffante.  Dipita a aussi  des soucis de son âge, le lycée bien sûr mais aussi le beau William dont il est tombé fou amoureux.

De Douala aux rues chaudes de Genève, tout l’univers et la sensibilité de Max Lobe est déjà dans ce  roman. Le Cameroun et ses personnages forts impliqués dans un quotidien sans avenir, la Suisse pays idéal qui malheureusement ne tient pas toujours ses promesses et l’amour toujours compliqué quand on est un jeune homme noir amoureux d’un beau blond aux yeux verts. Max Lobe c’est surtout un vrai écrivain qui tient son lecteur grâce à un style bien à lui. Un conteur africain dans les rues de Genève, c’est Romain Gary dans les rues de Belleville qui écrit «La vie devant soi ».

 3. Retour à Cayro, Dorothy Allison 

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«Afin de résister à la destruction, la haine de soi, ou le désespoir à vie, nous devons nous débarrasser de la condition de méprisé, de la peur de devenir le "eux" dont ils parlent avec tant de mépris, refuser les mythes mensongers et les morales faciles, nous voir nous-mêmes comme des êtres humains, imparfaits et extraordinaires"

  Dix ans auparavant, Delia a abandonné ses deux filles pour suivre un groupe de rock. Elle a fait carrière comme chanteuse et a connu un certain succès. Mais l'alcoolisme et un conjoint absent ne l'ont certes pas aidé à oublier son passé. A la mort de Randall, elle décide de rentrer chez-elle avec Cissy, sa troisième fille, à Cayro, un bled paumé en Georgie. Elle s'attendait à ce que ce soit difficile, mais pas à ce point, les habitants de Cayro n'ont pas oublié la femme qui a laissé tomber sa famille. Oh bien sûr, son mari l'a battait mais ça ne compte pas après ce qu'elle a fait. Les bien-pensants lui font la vie dure et elle attend le moment où elle pourra parler à ses filles mais d'abord est-ce que les filles ont envie de connaître leur mère...

Voilàn un livre paru en France il y a maintenant plus de 25 ans en 1989 que Belfond réédite, je me souviens que ma mère l'avait acheté et que du haut de mes 13 ans je m'étais dit que ce gros pavé à la goire de la femme ce n'était pas pour moi..

Or finalement, ce Retour à Cayro écrit par une féministe convaincu, lesbienne auto assumée auteur également de L'Histoire de Bone, un inédit publié directement chez 10/18 se lit avec plaisir tant cette saga familiale où les femmes ont effectivement le meilleur role que les hommes est plutot touchant et bien mené... Un peu long certes mais globalement on en a pour son argent, car ce roman dense et roboratif se lit avec pas mal de plaisir...


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