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Gil Blas du 18 au 21 juin 1886

Publié le 14 juin 2016 par Luc-Henri Roger @munichandco
Nouvelles et échos
Quelques jours avant sa déchéance, le roi de Bavière était tranquillement et secrètement installé à Paris chez des amis, avenue d'Antin, où il était connu sous le nom de M.Ludwig. Il ne se doutait pas de ce qui l'attendait au retour. C'est ainsi qu'il est allé voir à la Porte-Saint-Martin Patrie, et qu'après avoir retenu des places pour l'opéra bouffe Joséphine vendue par ses SŒW'S, il se trouva qu'au dernier moment le théâtre fut obligé de fermer provisoirement, pour une raison que nous ignorons, et ce contre-temps fut cause que Sa Majesté dût rester à la maison.
X C'est au dernier moment aussi qu'un banquier autrichien, de noblesse toute récente, décima de négocier le dernier emprunt,déclarant que le Royal « papier » pouvait être déclaré sans valeur et que son argent serait perdu. Ce banquier est déjà créancier du roi pour la somme de 40,000 livres sterling, sur laquelle une année d'intérêt au taux de 10 p. 100 a été originairement déduite. L'emprunt avait été négocié en 1883, et depuis cette époque, ni intérêt ni principal n'ont été payés.
Le nouvel emprunt de 40,000 autres livres sterling, qui était sur le point de se régulariser, allait être fait par un préteur bien connu dans le West-End à Londres.
C'est le même qui prêta jadis au prince d'Orange des sommes qui ont toujours été entièrement remboursées.
On pourrait ajouter, comme curieux détail financier, que l'ex-kl!édive d'E..
gypte, Ismaïl-Pacha, un des créanciers en chef de Victor Emmanuel, est en possession de billets du roi Louis de Bavière pour 53,000 livres sterling.
LA mon DU ROI DE BAVIÈRE
Munich, 16 juin.
Le corps du roi Louis II est exposé depuis huit heures du matin daus l'ancienne chapelle du palais.
Les dispositions prises par l'autorité sont absolument insuffisantes, vu l'énorme affluence du public venant de la ville de Munich et des provinces.
Toutes les portes du palais sont solidement fermées, et on laisse seulement entrer tous les quarts d'heure environ deux cents personnes, en ouvrant deux portes situées l'une vis-à-vis de l'autre. Il en résulte une cohue indescriptible, d'où s'échappent les cris et les gémissements des personnes à moitié étouffées, et les nombreux soldats qui s'efforcent, la baïonnette au bout du fusil, de maintenir l'ordre dans cette foule ne parviennent qu'à rendre la situation encore pire.
Si l'autorité ne se hâte pas de laisser la foule défiler librement devant le corps du roi, il est probable qu'il se produira de graves accidents.
X D'après une dépêche officielle adressée à M. le conseiller Moralt, l'état de la reine douairière s'est sensiblement amélioré, les articulations sont presque dégagées; il n'y a ni fièvre ni autre complication.
Mme la comtesse von der Muehle, grandemaîtresse de la cour, ajoute que la reine douairière remercie la population bavaroise de ses témoignages de sympathie.
X On colporte toutes sortes de nouvelles sur les derniers jours du roi Louis. On ne peut les accepter que sous toute réserve. Ainsi, on prétend que le roi aurait formellement tenu ce propos à Hohenschwangau : « Qu'on me prenne le pouvoir, je puis le supporter ; mais qu'on me déclare fou, je n'y survivrai pas e. d t. t b" Aux domestiques qui avaient combiné un plan de fuite dans le Tyrol, le roi aurait répondu : « A quoi bon ? Si je tenais à me sauver, je me précipiterais du haut de la tour du château dans le goufro du Pœllat » Il est fâcheux que legouvernement ait pris le parti de tenir secrètes toutes les pièces qui seront communiquées aux Chambres.
Cela permettra toutes les suppositions et toutes les accusations.
On a répandu ici un document qui manque absolument d'authenticité. C'est une proclamation à son peuple du roi Louis, datée de Hohenschwangau, 9 juin. dans laquelle il proteste contre l'établissement d'une régence.
La pièce a été imprimée à Bâle. On l'attribue à une manœuvre du parti socialiste.
X D'après le Courrier bavarois, jpurnal clérieal, les obsèques du roi Louis auront lieu sûrement samedi, à une heure de l'aprèsmidi.
Le roi sera inhumé à l'église de la. cour, qui porte le nom d'église Saint-Michel.
L'archevêque Steichele officiera.
Le cardinal secrétaire d'Etat du Saint-Siège a chargé le nonce apostolique à Munich d'exprimer au prince régent les regrets que la mort du roi Louis inspire au pape Léon XIII.
X.
Interview du docteur Von Schleiss (De notre correspondant spécial) Munich, 15 juin.
On craint des troubles à Munich et l'esprit public y est douloureusement impressionué.
On remarque que les rapports officiels sur le suicide de Louis II sont pleins de contradictions.
Les piétinements au bord de l'étang, les empreintes laissées sur son fond qui est crayeux, lej blessures du docteur von Guidden, ne permettent pas de douter qu'il n'y ait eu une lutte terrible dans laquelle le roi aurait cherché à entraîner le docteur, à le saisir, à le maîtriser et à le maintenir sous l'eau.
Le bruit s'est répandu que les deux corps donnaient encore signe de vie quand ils ont été retirés de l'étang ; on ne s'explique pas comment l'un des deux au moins n'a pu être sauvé et on va jusqu'à suspecter les scAu.:!
qui ont été donnés.
Enfin, le docteur von Schleiss, médecin ordinaire du malheureux Louis II,interwiévé et pressé par plusieurs correspondants de la presse étrangère,s'est exprimé dans des termes qui sont hautement commentés.
 a Depuis quarante-six ans, dit le docteur von Schleiss, je suis le médecin du roi que je n'ai pas perdu de vue depuis sa naissance : moi et mon collègue, le docteur Gilt, nous nous sommes constamment refusé à déclarer que le roi fût fou et il est certain pour nous qu'il ne l'était pas.
— « Mais, dit-on au docteur von Schleiss, pourquoi n'avez-vous pas protesté contre le rapport officiel, dont les conclusions étaient en contradiction avec vos convictions et celles de votre collègue.
- Je l'ai lait, il y a quinze jours, par un télégramme adressé à Y Allgemeine-Zeitung, déclarant que je me séparais entièrement de l'avis émis par la commission officielle et que je n'en acceptais pas ta. responsabilité.
Ce télégramme n'est jamais parvenu !
— Ce n était pas assez, il fallait renouveler vos protestations.
— Elles eussent été inutiles et n'auraient abouti qu'à me faire partager le sort de ceux qui ont voulu prendre la défense du roi et qui sont actuellement écroués en lieu sûr.
— Mais on ne saurait nier le désordre des finances du roi : elles accusent de la folie.
— Le roi agissait en grand seigneur et avait placé sa confiance entre les mains de certains financiers juifs de Berlin, qui ont volontairement, de parti pris, et par spéculation ou d'autres motifs provoque ces désordres.
- Mais, enfin, quelle est votre opinion?
- La seule réponse que je puisse faire est celle-ci : Sous prétexte de dépenses exagérées du roi, on manœuvrait à Berlin pour provoquer sa déposition; la date en était fixée, elle était connue et coïncidait avec la proclamation du prince Luitpold et les événements qui ont suivi.
Mais, à l'origine, il n'était pas question de folie, etl'oa u'a çu recours à cet expédient
que sur le refus du roi de se prêter à l'établissement d'une régence.
La commission médicale chargée de la déclaration de folie a elle-même hésité, et c'est le docteur von Gudden qui a déterminé la décision.
Aussi le ressentiment do roi contre lui était-il profond, et il avait été averti à plu.
sieurs reprises de se tenir sur ses gardes et de se délier d.'un éclat de colère du roi, qui a toujours été d'un naturel violent.
Nous n'ajouterons aucun commentaire à ces déclarations du docteur von Schleiss. Il y a des gens dans les brasseries de Munich qui, en fumant leur pipe et en buvant leur chope, disent que cette tragédie sur le dernier acte de laquelle la toile vient de tomber est marquée au coin d'une fatalité qu'on appelle bismarkiana.
Y.
Gil Blas du 19 juin
LA MDjT DU RDI DE BAVIÈRE
Munich, 17 juin.
Voici un extrait du rapport des médecins qui ont procédé à l'autopsie du roi : L'autopsie confirme en tous points le diagnostic des médecins aliénistes, en prouvant qu'H y avait des développements anormaux et des traces d'inflammations chroniques de date ancienne et récente dans le cerveau.
Le corps avait 1 mètre 91 de longueur, et le thorax, très adipeux, 1 mètre 03 de circonférence.
Les muscles et les os étaient très développés.
Le visage et le cou étaient gonflés ; la peau à la tète, surtout près des oreilles, avait une teinte bleue. Des taches cadavériques se remarquaient aux extrémités. A l'exception de légères écorchures aux genoux, il ny avait nulle part trace de blessure.
La langue était légèrement serrée par les dents, qui sont généralement gâtées. L'épiderma de la tête est épais et extraordinairement sanguin. Le crâne, comparativsment au corps, est petit et quelque peu assymétrique. La diagonale de la gauche du front à l'arrière-crâne de droite mesure 17 centimètres 9. La voûte du crâne est très mince ; sa plus grande épaisseur no dépasse pas 3 millimètres.
Le cœur est anormalement gros, mais bien constitué et modérément adipeux. L'estomac, qui contenait encore des aliments non digérés, est atteint d'un catarrhe chronique. Le foie et le3 intestins sont congestionnés; la rate est trop développée, les reins sont grands, très cyanosés, mais sans autre anomalie.
On n'a trouvé dans les papiers du feu roi aucune disposition testamentaire.
On vient de publier le programme officiel d'es obsèques du roi Louis II. La cérémonie funèbre commencera samedi, 19, à une heure de l'après midi.
Le général d'infanterie baron de Horn sera chargé du commandement des troupes qui y prendront part.
Derrière lui marcheront les généraux de service, deux régiments de cavalerie,* deux régiments d'infanterie, un régiment d'artillerie, les cadets et les élèves de l'école de guerre.
Ensuite viendront les services portant la livrée royale, les confréries, les écoles, les fonctionnaires royaux, les membres du chapitre, tous les évêques bavarois, le grandmaître des cérémonies, le char funèbre attelé de huit chevaux et orné des insignes rey" aux et des décorations de tous les ordres les aides de camp, les pages, les gardes-archers, et le cheval du roi, caparaçonné do deuil.
Derrière la croix viendront le prince régent, tous les princes, les fonctionnaires de la couronne, les membres du Reichsrath, les députés, les seigneurs, les hauts fonctionnaires de la cour, les ministres, les généraux, les chevaliers de Saint-Georges, tous les officiers de l'état-major, les chambellans, les officiers subalternes, les intendants de la cour, ensuite tous les fonctionnaires supérieurs des ministères, la municipalité de Munich, les associations d'anciens militaires et les autres associations.
Le cortège funèbre suivra la Residenzstrasse, et la Dienerstrasse, traversera la Marienplatz, et se rendra par la Kaulingerstrasse et la Nouvelle Hanserstrasse, à l'église Saint-Michel, où tous les membres du clergé seront réunis pour recevoir la dépouille mortelle du roi.
L'archevêque de Munich donnera sa bénédiction, et le cercueil, conduit par le grandmaître de la cour, M. le comte de Castell, et par le ministre de la maison du roi, M. de Crailsheim, sera descendu dans le caveau, qui sera ensuite fermé.
Hier. après midi, a eu lieu, au cimetière du faubourg, l'inhumation du docteur de Gudden.
Assistaient à la eérémoie funèbre, les ministres'de Lutz, de Crailsheim, de Feilitsch, beaucoups de hauts fonctionnaires, d'officiers et de médecins militaires, les sociétés médicales de Munich, les corps d'étudiants,
tous les professeurs de 1 Université.
Des couronnes ont été déposées sur la tombe par l'aide de camp baron de Wolfskehl, au nom du prince régent, et par M.
Rothmund, conseiller intime et doyen de la faculté de médecine, au nom de l'Université.
Gil Blas du 20 juin
CIIRONIQUE FANTAISISTE La maison de Bavière n'est plus qu'une maison de santé. Au malheureux fou qu'on pourrait appeler le suicidé malgré lui, on vient de donner pour successeur son frère qui lui-même est depuis plusieurs années dans un cabanon du Charenton bavarois. Ce prince Othon (ôtonsle de là que je m'y mette) est obligé de faire desserrer sa camisole de force pour signer des décrets, et c'est sous une douche qu'il préside le conseil des ministres.
Ce à quoi on ne songe pas assez, c'est que la fréquentation des aliénés ayant presque toujours pour effet d'oblitérer les facultés mentales, les membres dudit conseil sont exposés à tomber également en démence. Or. comme le propre des fous est de se croire absolument raisonnables, ils ne conviendront jamais de leur état et le pays continuera à être administré par des clients du docteur Charcot.
L'école du bon sens nous a donné de si maigres résultats en littérature comme en politique, que ce serait amusant d'être gouverné par des gens qui se présen teraient dans les cérémonies officielles, leurs vêtements à l'envers et leur chemise sur la tête. La vie des sujets d'un souverain en démence est nécessairement pleine d'imprévu. Tout à coup on lirait sur les murs une ordonnance portant que les habitants de la capitale ne sortiront plus qu'habillés en polichinelles et que tous les chiens porteront des lunettes bleues. Sans compter que pour flatter les manies de Sa Majesté, les courtisans rivaliseraient d'excentricités et d'extravagances. Les fonctionnaires se feraient un devoir de danser sur la tête aux bals de la cour, et leurs femmes s'y montreraient décolletées, par en bas, jusqu'à la naissance des épaules.
La justice se rendrait dans des conditions aussi carnavalesques. Pour avoir risqué sa vie dans un incendie, arrêté un cheval emporté ou tiré de l'eau un citoyen en danger de se noyer, un homme serait condamné à cinq ans de travaux forcés avec la marque et l'exposition. En revanche, un accusé convaincu de viol suivi d'assassinat serait nommé consul de première classe.
Et, au fait, qui sait si ce bouleversement de toutes les lois sociales et humaines ne produirait pas des résultats aussi satisfaisants que ceux que donne l'application des divers articles du code ? Du moment où ce seraient les mauvaises actions qui seraient récompensées par des distinctions honorifiques, il serait non plus flatteur mais déshonorant d'être décoré et il suffirait de ne pas l'être pour jouir de l'estime des honnêtes gens. Il ne s'agit que de s'entendre.
Peut-être même, est-ce parce que l'on n'a pas trouvé que le roi Louis fût assez fou qu'on lui a préféré son frère, qui l'est davantage, sans quoi il deviendrait inexplicable qu'après avoir déposé un souverain, parce "qu'il est en démence, on le remplaçât par un autre souverain encore plus toqué. D'ailleurs les bizarreries misès à la charge du suicidé malgré lui me paraissent loin d'être concluantes. On lui reprochait d'aimer passionnément la musique deWagner.Est-ce qu'à Paris même nous n'avons pas quantité d'amateurs qui vont se pâmer tous les dimanches à l'audition du Lohengrin ou de Tristan et Yseult ? Jamais leurs familles n'ont pensé à les faire interdire et encore moins à les précipiter dans le lac d'Enghien.
On l'accusait aussi d'avoir les femmes en horreur. Ce ne peut être là un signe de décomposition cérébrale, attendu que beaucoup de gens passent pour fous précisément parce qu'ils les aiment et qu'ils leur sacrifient jusqu'à leur dernier centime.
S'il avait comme son père livré son royaume aux fantaisies d'une Lola Montés, on l'eût déposé comme idiot. Probablement effrayé par cet exemple, il a soigneusement évité les séductions du sexe enchanteur et, au lieu de lui savoir gré de cette précaution, on le remet entre les mains des aliénistes. Quand on veut se débarrasser d'un monarque dont on convoite le trône, on dit qu'il n'aime pas les femmes, et pour peu qu'il envoie un bouquet à une actrice, on dit qu'il les aime trop. (...)
LA iflYT DU ROI DE BAVIÈRE
Munich, 18 juin.
Le prince impérial d'Allemagne est arrivé ici un peu avant onze heures du matin.
Une compagnie du régiment des gardes du corps formait la haie sur le quai de la gare.
Le prince Luitpold, revêtu de l'uniforme de l'artillerie prussjenne, était venu à la rencontre du prince impérial avec tous les autres princes bavarois, un grand apmbre de généraux, le ministre de la guerre, le corn mandant de la ville, le ministre de Prusse, le grand maréchal de la cour, M. le comte de Castell-Castell, le président du district gouvernemental de la Haute-Bavière.
Le prince-régent et tous les autres princes et hauts fonctionnaires étaient en grand deuil.
En sortant du wagon-salon, le prince impérial d'Allemagne, qui portait l'uniforme des uhlans Bavarois, a embrassé le prince-régent et a passé avec ce dernier devant la compagnie d'honneur qui présentait les armes et dont les tambours exécutaient des roulements funèbres.
Les deux princes se sont ensuite rendus en voiture de gala au palais du roi. Une foule nombreuse qui stationnait sur leur passage, leur a fait un accueil sympathique.
Le prince et la princesse Guillaume de Prusse, qui étaient dans le wagon-salon du train-express, ne se sont pas arrêtés à Munich; ils sont partis immédiatement pour Reichenhall, où ils vont prendre les eaux.
M. le docteur Ewald Hecker, un éminent paychologue, s'exprime, au sujet de la maladie (paranoia) dont souffrait le roi, en ces termes : « Cette maladie, qui affecte surtout 1 imagination et la raison, se caractérise par les idées fixes qui dominent le malade ; elle n'est pas aussi fréquente qu'on le croit généralement. Beaucoup de cas, où il s'agit seulement d'une idée fixe particulière, sont le - résultat de troubles intellectuels qui n'ont
pas été entièrement guéris et se caractérisent par la faiblesse d'esprit. La paranoia n'entraîne ni la mélancolie, ni le délire, ni l'idiotisme. Les facultés intellectuelles du malade ne sont nullement affaiblies dans leur ensemble, mais, par suite de l'élargissement continuel des idées fixes, les relations du patient avec les personnes saines d'esprit deviennent absolument impossibles. Je traite en ce moment un dément qui est obsédépar l'idée fixe d'être persécuté, et qui cependant étudie avec succès les langues slaves, qui lui étaient tout à fait étrangères. »  mm, mm r-  I I M.    I I ■■■  
Gil Blas du 21 juin
 LA Mort DU Roi DE BAVIÈRE
LES OBSÈQUES Munich, 19 juin.
Les obsèques du roi Louis ont eu lieu par un magnifique soleil et ont produit une impression grandiose et profonde.
Une foule immense, devant laquelle des vétérans, des soldats et des sergents de ville formaient la haie. était massée sur tout le parcours du convoi funèbre.
On remarquait dans le brillant cortège militaire, les députations du régiment de hussards prussiens, du régiment d'infanterie autrichien et du régiment de dragons russes dont le roi Louis II était le chef honoraire.
Vingt-cinq moines, vêtus de noir de la tête aux pieds,-et le visage recouvert de cagoules ne laissant voir que les yeux, précédaient, selon la coutume, le cercueil du Roi et portaient la croix.
Le prince régent, tous les princes étrangers et bavarois et les autres représentants spéciaux des Etats allemands et étrangers suivaient à pied le cercueil.
Le cortège a défilé pendant une heure.
L'inhumation à l'église Saint-Michel a produis un effet des plus émouvants.
Le cercueil a été descendu dans le caveau de la famille royale, et les assistants se sont .ensuite dispersés.


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