la socialisation est surtout une affaire de terrain

Publié le 19 mars 2016 par Ticotherapeuthe @efficacitic

A force de parler de l’importance des réseaux sociaux, nous pourrions croire qu’avant Facebook, Twitter et autre Linkedin il n’y avait pas de vie sociale. Et ce n’est pas une affaire de génération : il suffit d’observer le nombre de personnes de 7 à 77 ans qui, dans les lieux publics, sont rivées sur leurs smartphones !

Comme nous le démontre Thibaud (ingénieur agro ISTOM, à Madagascar) le management et la relation sociale sont clairement une affaire de terrain. Certes il exerce un métier de… terrain au sens propre et figuré : son management ne se fait pas derrière un écran via des tableaux Excel à la façon d’un trader.

Thibaud participe à la construction d’une cabane à compost (Madagascar)

Thibaud exerce le métier de "responsable agro" qui consiste à superviser 1200 agriculteurs malgaches en s'appuyant sur des "sous officiers" que sont les chefs de secteurs et les chefs de groupes. Il a en fait une triple responsabilité : agricole, management et développement (cf. recrutement de paysans et de nouveaux chefs de secteurs/chefs de groupes) ; sans oublier l'objectif fondamental de quantité et qualité de la production.

Et il y a de nombreux métiers qui sont encore une affaire terrain, notamment le bâtiment. Les réunions de chantier sont le quotidien des ingénieurs, conducteurs de travaux, chefs de chantiers et de la kyrielle d’artisans-sous-traitants maçons, couvreurs, charpentiers, électriciens, plâtriers, peintres, etc. Sur les chantiers il y a de bons moments comme  gigot-bitume et d’autres plus tendus quand on s’engueule, et ils ont la voix qui porte… 

Dans ces métiers – agricultures, bâtiment, voire industrie – on se renifle, on se tape sur l’épaule, on s’engueule, c’est la loi du genre.

Dans les métiers du conseil (consultant, cabinets d’ingénierie, community managers, etc.) on peut, que dis-je  : on doit aussi être sur le terrain.  Je ne suis pas le seul à constater que les entreprises ont perdu le sens du contact humain (1) et je peux vous confirmer, à l’exemple des 5 à 7 du conseil, que les actions terrain qui permettent de construire, développer et renforcer sa relation avec les autres est une qualité primordiale.

Comme je l’expliquais d’ailleurs dans mon article Community Manager, homme-orchestre du web 2.0, les pros du web auraient tors de se dispenser d’une activité sociale terrain.

Gardons à l’esprit que l’homme est grégaire et depuis la nuit des temps nous avons une vie sociale. A ce sujet, je vous recommande vivement le livre de Yuval Noah Harari : Sapiens, une brève historie de l’humanité.

La différence entre la socialisation avant et après Facebook, Linkedin, Google+ et autres Twitter est l’envergure géographique de notre socialisation, voire cette tendance ubiquitaire où la distance et la temporalité ont disparu avec l’ATAWAD (any time, any where & any device). Même la télévision – poids lourd du 4e pouvoir – est en perte de vitesse face aux YouTubers (2).

Mais ne nous y trompons pas : nos cercles sociaux que sont la famille, les cultes, les alumnies, les associations loisirs et hobbies et les syndicats professionnels ont toujours un rôle capital, même si certains comme les syndicats sont en pleine zone de turbulences.

Et puis nous aurons toujours plaisir à aller sur ces espaces sociaux qui font un des charmes de notre beau pays : les marchés. Et ce n’est pas sans raison que les élus les arpentent en long en large et en travers en période électorale.

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(1) lien ajoutée après la publication originale de cet article
(2) les jeunes passent désormais plus de temps sur Internet et les réseaux sociaux que face à la télévision.