Volta 12 – l’autre foire bâloise pour les galeries et artistes émergents

Par Jsbg @JSBGblog

Quand on vous dit qu’Art Basel est un marathon, on ne pense pas qu’aux kilomètres foulés dans les allées des galeries, dans Art Unlimited, en suivant Art Parcours ou en errant dans Design Miami, qui ouvraient tous ce lundi pour les « nantis » de cartes VIP; on ne pense pas qu’aux brunches et aux Talks ou au programme de films…c’est qu’Art Basel a vu croître autour de son épicentre de nombreux satellites: LISTE , VOLTA, SCOPE , The Solo Project, les Swiss Art Awards organisés par l’Office fédéral de la Culture, Photo Basel − la foire entièrement dédiée à la photographie − ou encore I Never Read, Art Book Fair pour les éditions d’art.

Nous avons donc chaussé nos bottes (de pluie) de sept lieues et avons décidé cette année de commencer notre périple par VOLTA. La foire est née en 2005 à l’initiative des galeristes Kavi Gupta (Chicago), Friedrich Loock (Berlin) et Ulrich Voges (Frankfurt am Main) et de la critique d’art Amanda Coulson qui assure la direction artistique. Le concept en bref : offrir une plateforme pour les jeunes galeries et les artistes émergents qui se situent à mi-chemin entre Liste et la reine mère Art Basel, mais également offrir un lieu et des stands qui permettent aux galeries d’exposer dans des conditions proches de leurs propres espaces et non dans un esprit purement foire. Si à Liste le contexte de l’ancienne brasserie Warteck – qui accueille le reste de l’année des ateliers et résidences d’artistes notamment – donne dans l’alternatif, Volta se présente plus comme une succession de shows − solo shows ou duo − soignés (curatés par les galeristes eux-mêmes, car pour vendre des artistes, pour leur permettre de se faire une place sur la scène internationale, il faut savoir les valoriser, les marier, les accrocher donc). Loin des stands chargés qui vous en mettent plein la vue avec leurs grands noms et qui contribuent à l’esprit commercial du marché de l’art, à VOLTA on rencontre l’esprit de la galerie et son travail avec l’artiste. À ce propos, d’ailleurs, si vous êtes à Bâle dimanche matin, et que le sujet vous intéresse, l’artiste Valentin Carron − qui représentait la Suisse à la dernière Biennale d’art contemporain de Venise − vous donne rendez-vous avec Markus Rischgasser, directeur de la galerie Presenhuber, pour une Conversation à l’auditorium, Halle 1 .

Mais revenons à Volta. L’organisation de la foire se met au service des galeristes, Amanda Coulson − elle-même l’épouse du galeriste Uli Voges soit dit en passant − suit les galeries qui exposent, les accompagnent par ses retours sur les propositions d’accrochage, fait le point avec eux pour penser avec les galeries les outils qui répondent le mieux à leurs besoins aujourd’hui.

Il existe également un Volta New York, depuis 2008 et suite à l’achat de Volta par Vornado Reality Trust, propriétaire également de l’ importante foire new yorkaise Armory Show. Volta New York a lieu au mois de mars et pour jouer la complémentarité avec l’Armory Show fait uniquement place à des solo shows. Ici, pas de jury de sélection sur concours de dossiers, les galeries sont invitées directement par la direction artistique.
La foire bâloise prend ses quartiers depuis quelques années dans la Markthalle (à une station de tram de la gare), lieu historique avec son imposante coupole de béton, lieu aéré et aérien qui laisse respirer les stands de la septantaine de galeries qui s’y déploient cette année. J’en reviens avec l’assurance que « Pop is not dead »: de New Orleans à Osaka, de Berlin à New York, nous sommes définitivement les héritiers d’une culture visuelle initiée par Rauschenberg & co. L’œuvre sur papier − dessins, encres − montre qu’elle s’est définitivement fait sa place dans l’art contemporain sans avoir besoin de ses propres foires (comme Drawing Now qui triomphe à Paris chaque mois de mars en parallèle du Salon du Dessin) pour la valoriser.

Pour leur première apparition à Volta,  les galeries l’Inlassable (Paris) avec le travail fascinant et très poético-astronomique de l’artiste française Caroline Corbasson, Causey Contemporary (New York) et le travail sociopolitique de l’autodidacte Kevin Bourgeois (à voir ici) ou encore taubert contemporary (Berlin) et la peinture murale de Jan van der Ploeg − artiste néerlandais également présent pour sa première exposition en Suisse au Kunsthaus Baselland − font une entrée remarquée. Affaires à suivre donc. D’autres propositions, comme celles des Galerie Heike Strelow (Frankfurt am Main), Ponce+Robles (Madrid) ou Robert Henry Contemporary (Brooklyn) nous ont ouvert de nouveaux espaces de réflexion.

Enfin, tout cela pour vous dire au final qu’à Art Basel, il n’y a pas qu’Art Basel, et qu’un détour par VOLTA pourrait bien vous convaincre d’en faire un rendez-vous annuel!

 – Carole Haensler Huguet

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Informations pratiques:

VOLTA

voltashow.com

Du mardi 14 juin au samedi 18 juin 2016 de 10 à 19 heures

BASEL NACHT, jeudi 16 juin de 17 à 19 heures

lieu:

MARKTHALLE

Viaduktstrasse 10

4051 Basel

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Photos:

Derek Lerner, Asvirus 62, 2016, encre sur papier, présenté par robert henry contemporary, Brooklyn

Volta à la Markthalle, Bâle, photo: Nicholas Winter with courtesy of VOLTA