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LA POUSSIERE DU PLOMB - la chronique d'une BD fleuve !

Publié le 14 juin 2016 par 7bd @7BD
LA POUSSIERE DU PLOMB - la chronique d'une BD fleuve ! Titre: La Poussière du Plomb Auteurs : Henri Labbé & Dominique Heinry (scénario) et Alexis Robin (dessin) Editeur : Delcourt collection : Encrages Année : 2016 Pages : 224 Résumé : 16 mai 1974, nouvelle édition du Giro, le tour d'Italie, compétition cycliste qui attire les foules. Toute la police est mobilisée pour surveiller au bon déroulement de cet fête sportive nationale. Au même moment, un braquage se produit dans les rues de Rome. 2004, en France, différents événements se déroulent simultanément. Une naissance va avoir lieu, un homme doit prendre le train mais il est visiblement espionné et un autre, en fauteuil roulant, reçoit son journal du matin. Quel est le lien entre toutes ces histoires, tous ces personnages ? Le braquage de 1974 ? Non, il faut remonter bien avant, en 1969, dans les rues de Rome frappées par la chaleur et surtout par les manifestations d'extrême-gauche, d'extrême-droite, les revendications et les menaces armées, les meurtres et les trafics, bref, il faut se replonger dans les années de plomb et suivre des jeunes que l'Histoire va balloter pour le meilleur et pour le pire... Mon avis : Après une brève introduction de Henri Labbé pour nous remémorer ou nous faire découvrir le contexte de ces années de plomb, on rentre direct dans l'histoire avec le braquage du Giro. Le récit effectue des aller-retours dans le temps et aussi dans l'espace, suffisamment longtemps pour nous intriguer et nous faire nous questionner sur ces personnages que l'on croise. Puis, il se pose et la chronologie reprend ses droits mais il va falloir un temps pour s'habituer à ces sauts dans l'espace. Ces changements rapides de lieu sans avertissement m'ont gardé attentif et m'ont aussi mieux immergé dans cette BD. C'était à moi de faire l'effort pour resituer tout le monde. Effort qui s'avère nécessaire car cette histoire mélange pas mal de monde, de générations, alors entre les enfants, les parents, les collègues, les différents milieux, vous pourrez facilement vous perdre. Mais pouvait-il en être autrement pour retracer le destin de cette bande de jeunes qui voulaient « juste » changer le monde dans ces années complexes de violence et de folie ? Cesare, Michel, Marcello, Marco, Alberto, Anna, Penka... Chacun pourra s'attacher à l'un de ces personnages tous différents de caractère, à ceux qui vont se révolter, ceux qui vont baisser les bras, ceux qui vont se détester ou bien s'aimer.
Pour certains, à la révolte politique se mêle aussi le défi de l'autorité des parents. Mais quelles que soient les raisons, ils seront tous amenés à un moment ou à un autre à prendre des décisions drastiques et à le payer plus ou moins cher. Beaucoup des jeunes de la bande se construisent dans leur révolte contre l'image de leur parents. Au fur et à mesure des événements, on comprend les liens existant entre les différentes « factions » qui s'opposent sur le plateau politique tout autant que dans l'ombre. On comprend comment chacun tire ses marrons du feu et on saisit aussi que certaines alliances ne sont pas neutres. Michel navigue en eaux troubles. Cesare se cherche, Marco et Marcello, les deux frères, se rebellent chacun à sa manière, Alberto tente de canaliser tout ce petit groupe. Au-delà de la politique, on sent aussi le souffle libertaire de mai 68, de l'amour libre, de cette utopie folle qui fait croire que tout est possible, dès aujourd'hui ! Dans ce ballet incessant où la situation va en empirant, chacun mène sa barque, chacun découvre un aperçu de la toile. Mais nous, lecteurs, nous avons la vision globale de la situation et nous nous inquiétons pour eux qui ne l'ont pas et qui s'égarent sans le savoir. Ce gros pavé se révèle donc être une BD passionnante. Une chronique sur des décennies où nous voyons grandir, murir, vieillir, se perdre, et peut-être se retrouver ces humains, si proches et si loin de nous pourtant... Et au travers de ces décennies, on sent le style, la mode, le monde qui évoluent aussi. Cela, on le perçoit surtout dans le dessin de Alexis Robin. LA POUSSIERE DU PLOMB - la chronique d'une BD fleuve ! Et non, ce n'est pas là que tout a commencé... Le graphisme réaliste nous ramène dans cette Italie des seventies. Un petit regret de ma part, j'ai eu parfois du mal à différencier physiquement certain personnages selon les cases. Seule la situation m'a permis de comprendre avec qui j'étais. Je pense particulièrement à Marco et Cesare ou au père d'Alberto et à celui des deux frères. Les décors soignés et presque esquissés parfois savent nous recentrer sur les personnages, le cœur de cette épopée. Les couleurs nous offrent des belles teintes fortes, un choix tranché de ne pas tomber dans un réalisme net mais dans des ambiances, correspondant à des époques. Un effet annoncé par la couverture, mais encore plus marqué dès que vous entrez dans la BD. En fait, la BD est en noir, blanc et une teinte variant selon les époques donc, ocre, vert, bleu... Une teinte légère mais qui domine et donne un aspect moins sec que le noir et blanc pur, et fort agréable à la lecture. La composition se découpe en planches de deux à cinq bandes de une à quatre cases. Les auteurs jouent aisément avec les tailles et longueurs des cases qu'il renforce en faisant varier les cadrages. Plongée, plans serrés sur les regards, plans larges sur nos héros qui détalent, le jeu est bien mené et l'action reste toujours lisible, malgré les ellipses qui nous emmènent d'un coup d'œil d'un lieu à l'autre. Ce jeu de va-et-vient, avec ces cadrages et cette composition, rendent la BD très dynamique. A l'image d'un Romanzo Criminale, nous suivons une bande mais cette fois-ci, une bande qui ne souhaite pas basculer dans le crime, une bande à la frontière du bien et du mal. Une frontière que ces années de plomb ne leur permettront pas de tenir bien longtemps. Vous aimez les drames historiques, les histoires d'amitié qui survivent – ou pas – au temps qui passe, l'Italie sous la chaleur de l'été, les utopies, les récits chorales, alors vous aimerez à coup sûr La Poussière du Plomb. Zéda solutionne les années de plomb ! LA POUSSIERE DU PLOMB - la chronique d'une BD fleuve ! David
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