Départ après le petit-déjeuner de Calatayud pour la capitale de l'Aragon.
Cette année, Saragosse organise l'Exposition Universelle 2008 du 14 juin à mi septembre. Saragosse pense accueillir 6 millions de visiteurs pour un investissement d'1 milliard d'€ (gare neuve, agrandissement de l'aéroport, rénovation des monuments et des routes) et a orienté cette exposition universelle sur le thème (très d'actualité) de l'eau : changement climatique, nouvelles sources d'eau, services d'approvisionnement et d'épuration...; dans le but d'accueillir pour les 10 années à venir, le siège du secrétariat de l'eau de l'ONU! Des concerts (Iggy Pop, Alanis Morisette et Diana Krall...) animeront l'expo de 25ha entouré d'un parc de 120ha composé d'espaces verts. Rien n'a été laissé au hasard : aquarium fluvial (parcours naturel le long de 5 grand fleuves étrangers dont l'Ebre), palais des congrès, tour de l'eau de 76m... un complexe ultra-moderne écologiquement correct où l'après-expo a été pensé : reconversion des bâtiments : centre des congrès, centre thermal, commissariat, bureaux.... (10h-03h, 35€/pers pour 1 journée; pass 3 jours à 70€, gratuit -5ans, parking 12€).
Parenthèse refermée, Saragosse est une ville monstrueusement grande et étendue, nous avons réussi à nous faufiler jusqu'au centre-ville, et nous nous sommes garées dans le parking souterrain de la rue Santa catalina (beaucoup de parkings souterrains en centre-ville). La ville compte 660 000 hab et arosée par l'Ebre. Occuppée par les Phéniciens, restaurée comme colonie romaine en 24-23 av JC, puis par les Vandales, les Suèves, les Francs et enfin par les Arabes en 712. Saragosse restera arabe jusqu'à la Reconquête du début du XIIs
Ensuite, à pied, nous avons remonté la calle Don Jaime I, piétonne. On pourrait la surnommer la rue des boutiques de robes de mariées et des boutiques souvenirs! Au bout de la calle, on arrive sur la Plaza del Pilar où les 3 bâtiments les plus emblématiques de la ville se côtoient : à droite : la Cathédrale de San Salvador avec ce très beau cadran ornant un ensemble éclectique de styles,
ensuite la lonja, bourse du commerce de 1551 de transition gothique et plateresque. Comme Valence, Barcelone et Palma, Saragosse disposait d'une bourse du commerce, Remarquons ces petites têtes (plâtre peint) ornant la façade.
Ensuite on est stupéfait par la grandeur de la Basilique du Pilar avant d'être interpellé par une bohémienne "bonitas, bonitas!". Elle nous offre un brin de laurier et veut nous lire les lignes de la main : le comble c'est qu'elle nous dit à chacune la même chose! Pas gonflée... et au final elle nous demande 5€ chacune! On lui en propose 2€ et basta! On entre dans la basilique dont la construction débuta au XVIIs -les tours ne furent achevées qu'au milieu du XXs. Les coupoles à lanternon (XVIIIs) en tuiles vernissées rappellent la toiture de l'église St Etienne de Vienne! L'intérieur est actuellement, partiellement, en cours de restauration, mais il est très imposant avec 3 nefs séparées par de gigantesques piliers à pilastres cannelés. Chaque coupole est décorée de fresques dont certaines sont de Goya. De l'autre côté de la basilique, sur le paseo de Echegaray y Caballero, il y a une entrée qui jouxte l'ascenseur qui conduit en haut de la tour (2€, S-J 9h30-14h/16h-18h/19h). De là : panorama à 360° sur Saragosse (c'est assez étroit, pas plus de 8 personnes autour d'un escalier en colimaçon). La légende raconte que La vierge Marie, alors qu'elle viviat à Jérusalem, vint à Saragosse pour consôler et encourager l'apôtre Jacques, qui peinait dans sa mission d'évangélisation (40 ap JC) et aurait apporté la colonne (pilar en espagnol) pour y fonder la 1ère chapelle qui serait le 1er temple marial de toute la chrétienté.
La personnalité la plus emblématique de Saragosse est l'artiste Francisco GOYA, né à Fuendetodos (près de Saragosse) en 1746 et décédé 82 ans plus tard, à Bordeaux. Après sa formation à Madrid, il est choisi pour décorer le plafond d'une chapelle de la Basilique du Pilar qui lui ouvrit les portes du succès : les cartons des tapisseries de la Manufacture Royale de Sta Barbara qui orneront l'Escorial et le Prado; puis les aquatintes qui séduiront le roi Charles III et enfin les tableaux de la famille royale entre 1786-1808. Ecoeuré par la politique absolutiste menée par le roi Ferdinand VIII, Goya s'exila à Bordeaux en 1824 où il réalisa ses lithographies tauromachiques. Il fut exhumé en 1899 et transféré dans le mausolée à la Sacramental de San Isidro de Madrid. Son art suit ceux de Velazquez et Rembrandt : effet du clair-obscur, compassion des personnages, ornementation baroque...
Au bout de la place del Pilar, se dresse la donjon de la Zuda, (actuel office de tourisme). Il faisait partie de la ligne des tours de la muraille romaine et devint siège des gouverneurs musulmans, puis palais résidentiel des monarques aragonais jusqu'au XIIIs. Au XIVs, il devint siège du Grand Castellan de Amposta (plus haute hiérarchie de l'hôpital de la Couronne d'Aragon.
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On ne peut manquer le morceau restant des murailles de Caesaraugusta, de 80m de long du IIIs (à l'origine son périmètre atteignait 3km et 120 tours-donjons!!). Bien entendu, un hommage est rendu à la statue de l'Empereur César-Auguste, dont est issu le nom de la ville!
Non loin de là, se dresse la halle du marché avec sa charpente métallique Art Nouveau, et accueille primeurs, poissoniers, bouchers...
On continue par la rue Conde Aranda (plusieurs döner Kebab) jusqu'à l'Avenida de Madrid et le palais de l'Aljaferia (3€, 10h-14h/16h-18h30/20h, compter 1h). Visite libre ou guidée de ce palais arabe du XIs élevé par la famille des Benihud, réaménagé pour les rois d'Aragon puis pour les Rois Catholiques. Ce palais sera ensuite occuppé par l'Inquisition puis transformé en caserne. Il accueille de nos jours, dans une partie, le parlement d'Aragon. La visite manque d'explication, les petits supports sont en espagnol et pas dans toutes les pièces, c'est dommage, car ça vaut vraiment le coup d'oeil! Le bâtiment s'organise autour du patio rectangulaire, entouré de 16 tours semi-circulaires et d'1 tour rectangulaire (celle du Troubadour- dont la légende fut le point de départ de l'Opéra de Verdi-qui raconte les mésaventures du jeune troubadour Manrique de Lara, enfermé dans la tour par amour envers une jeune nobe). L'organisation des pièces répond à la typologie des palais islamiques oméyades : délicate beauté décorative, cour rectangualire centrale à ciel ouvert, dotée d'un bassin et de 2 portiques latéraux polylobés. Au fond s'ouvrent des pièces triples dédiées aux cérémonies de Cour et à la vie privée, sans oublier le lieu de culte : le mirhab.
Arcs polyobés décorés de motifs en stuc.
Pour les shopping addicts, faites un tour sur le paseo independencia ou sur celui de Damas (Mango, Zara, Bershka...), ensuite les rues piétonnes Don Jaime I et Alfonso I sont les plus touristiques. La meilleure pâtisserie de Saragosse est FATOBA, sur la Calle Don Jaime I.
Déjeuner au restaurant VIPS, sur la calle Alfonso I, cadre très branché, bien rempli de 14h à 15h, carte proposant des salades (César, Asiatique, mangue et canard, oriental), des spaghettis, des pizzas, des beignets d'oignons, des burgers, un menu du jour à 10€, des desserts américains et de succulentes coupes de glaces...Compter 20€/pers. Sinon, l'office de tourisme de Saragosse édite un petit guide très pratique où sont répertoriés les restaurants-bars à tapas.
On repart en milieu d'après-midi pour rentrer en début de soirée sur la côte basque!