Lors de la NOAH Conference qui s’est tenue à Berlin du 8 au 9 juin 2016, le futur de la mobilité a été l’un des grands sujets de conversation avec la révolution du transport à la demande et l’arrivée de la voiture autonome.
“En Europe, 1% du PIB est perdu chaque année à cause des embouteillages et en France, 12% des émissions de CO2 proviennent des voitures.” a expliqué
Travis Kalanick, CEO d’Uber lors d’une table ronde de la
NOAH Conference 2016. Celui-ci a en effet rappelé l’importance d’une meilleure utilisation des véhicules sachant qu’il y a actuellement 1 milliard d’automobiles sur terre et que le taux moyen de remplissage d’une voiture en Europe est de 1.7 personnes.
“Le fait de posséder sa propre voiture à un énorme impact écologique mais aussi économique. Tout cela, alors qu’au final un conducteur moyen ne se sert de sa voiture que 4% du temps, et pendant les autres 96%, celle-ci doit être stockée occupant beaucoup d’espace dans nos villes déjà saturées.”
Une entrée en fanfare pour @Daimler & @Uber au #NOAH16 pour parler du futur de la mobilité #smartmobility @latelier pic.twitter.com/v8l8WiCEtY
— Constance GD (@ConstGD19) 8 juin 2016
A ses côtés lors de la conférence, on pouvait retrouver Dieter Zetsche, président du Conseil d’Administration de Daimler, et nous avons eu également l’opportunité de rencontrer
Nicolas Brusson, cofondateur de
BlaBlaCar. Si chacun prêche pour sa paroisse en matière de futur de la mobilité - covoiturage, partage de vtc et voiture autonome -, tous sont d’accord sur l’inclusion de l’automobile au centre des déplacements mais la question de la propriété reste, elle, en suspens.
Une nécessité écologique et économique derrière le partage de véhicule
“J’ai constaté que beaucoup d’utilisateurs partaient d’un endroit proche pour arriver à peu près dans la même zone, c’est comme cela que m’est venue l’idée d’Uber Pool. Si deux personnes vont au même endroit, pourquoi utiliser deux véhicules ?” Aujourd’hui 40% de tous les trajets Uber de la ville de San Francisco se font en Uber Pool et en Chine, un marché conséquent pour Uber, on constate 30 millions de trajets Uber Pool par mois. Enfin, à l’échelle mondiale, 20% des trajets Uber sont maintenant des Uber Pool partagés entre plusieurs utilisateurs. Pour lui, le futur de l’automobile réside nécessairement dans le partage.
“On m’a bien sûr alerté sur le fait que les gens n’apprécieraient peut-être pas de partager une même voiture avec des inconnus, mais finalement, est-ce bien différent de partager un métro ou un bus avec des gens que l’on ne connaît pas ?” poursuit-il. Il reconnaît toutefois que les transports en commun sont un bon début de solution mais ceux-ci ne desservent malheureusement pas toutes les zones, notamment au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre ville.
“A Paris, 10% des déplacements commencent ou se terminent dans une zone qui n’est pas desservie par les transports en commun.” Il pointe aussi du doigt le fait qu’une grande majorité des réseaux de transports publics ne fonctionne pas la nuit. Le véhicule a donc toujours sa place.
L’avenir sera à la voiture autonome et à la mobilité de manière globale
Et cela,
Daimler ne va certainement pas le contredire puisque de son côté le constructeur automobile prépare plusieurs modèles de véhicules autonomes. Selon Dieter Zetsche :
“En moyenne, aujourd’hui, un allemand passe 2 ans et demi de sa vie assis dans sa voiture. Je suis convaincu que bientôt le temps sera un bien de luxe et la voiture autonome permettra aux gens de regagner ce temps en pouvant réaliser d’autres actions à l’intérieur de leur véhicule. Cela aura aussi un impact pour réduire les accidents et la mortalité sur les routes.”
Quand on sait que chaque année, 1 million de personnes meurent sur les routes et que 10 millions sont blessées, on comprend mieux toute l’importance de cette technologie. Actuellement, Daimler travaille pour faire en sorte que ses voitures autonomes soient capables de s’adapter aux différentes régulations de différents pays, ils ont pour cela équipé leurs voitures de la technologie deep learning. Mais le Président du Conseil d’Administration avoue aussi plancher sur un autre concept : celui d’une application multimodale envisageant la mobilité comme un service global, un peu à la manière de MaaS, une jeune startup finlandaise, dont nous parlions dans un précédent article.
“Ce chantier va être énorme et notre industrie va être complètement chamboulée dans les prochaines années, mais nous voulons faire partie de ce changement.”
Mais le modèle de la propriété de véhicules n’est pas encore caduc
Pour Nicolas Brusson, cofondateur de BlaBlaCar, l’arrivée de la voiture autonome et le succès de l’économie du partage ne signifient pas la fin des ventes de voitures pour les constructeurs automobiles.
“J’ai des doutes sur le fait que la propriété de voiture disparaisse. Pour moi, il y a une confusion entre le modèle de propriété de voiture et celui de la voiture autonome. On entend beaucoup que le dernier va faire disparaître le premier, mais je ne vois pas en quoi cela serait évident. Si l’on pense que demain la voiture sera un droïde qui roulera en permanence, bien sûr, il y aura moins de voitures sur les routes, mais celles-ci se renouvelleront aussi plus vite.”
Plusieurs éléments appuient son idée. Tout d’abord l’engouement pour les nouvelles technologies :
“Pour le moment, l’âge moyen d’une voiture est de sept ans, mais on voit que chez Hertz avec les locations, elles ne durent déjà plus que 6 mois. L’obsolescence technologique fait que les gens voudront toujours avoir les dernières innovations.” Il y a selon lui également une question d’usage quotidien : les particuliers qui se serviront d’une voiture tous les jours auront envie d’avoir la leur mais pour les autres, la vraie question sera: qui les achètera ?
“Des professionnels ou d’autres particuliers décidant d’investir dans le business de la voiture autonome? Finalement, cela n’aura pas trop d’importance pour les gens qui s’en serviront mais dans tous les cas, il faudra bien quelqu’un pour financer ces nouveaux véhicules.”