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Auteur : Paul Clément
Édition : auto-éditéParution : 2015
Pages : 320Prix : 12,99 €
Genre : SF, Horreur
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ne journée de juin comme une autre en Provence. Blessé à la cheville, Patrick, un agriculteur de la région, asocial et vieillissant, ne souhaite qu'une chose : se remettre au plus vite pour retrouver la monotonie de sa vie, rythmée par un travail acharné. Mais le monde bascule dans l'horreur lorsque les automobilistes, coincés dans un embouteillage non loin de chez lui, se transforment soudain en fous assoiffés de sang... de sang humain. S'il veut survivre, Patrick doit non seulement faire face à ces démons qui frappent à sa porte mais aussi à ceux, plus sournois, qui l'assaillent intérieurement. Et si cette petite fille, qu'il prend sous son aile, parvenait à le ramener, lui, vieux loup solitaire, dans le monde des vivants ?
J’avais un bon à priori sur ce bouquin, parce que j’avais lu des avis assez positifs dans l’ensemble, et que mes dernières incursions en territoire zombie m’avaient laissé un souvenir plutôt sympathique ; bien que ce genre ne soit pas forcément mon préféré. Pourtant, je ne vous cache pas que j’ai eu beaucoup de mal avec le premier tiers du roman, et je termine ma lecture sur un avis plutôt mitigé.
Dès les premières pages, l’auteur ne s’embarrasse pas de détails : on entre directement dans le vif du sujet, à savoir l’invasion des zombies, sans qu’on ne sache comment ni pourquoi. Et disons le tout de suite : on ne saura rien sur l’origine de l’épidémie. Ce n’est pas tellement gênant en soi, surtout que nombre de productions (littéraires ou non) sur le sujet nous ressortent les mêmes causes, plus ou moins remaniées, mais toujours un peu les mêmes sur le fond.
Ce qui m’a moins plu en revanche, c’est le fait que l’auteur s’appuie très clairement sur la connaissance commune du mythe des zombies véhiculée par les dernières productions du genre ayant touché le grand public : The Walking Dead, pour citer la référence la plus évidente et la plus connue. Les personnages eux-mêmes se basent sur ces connaissances partagées de tous pour lutter contre les zombies. Ainsi, il n’y a aucune surprise concernant la créature en elle-même : classiquement, les zombies sont lents, bêtes, ont un appétit insatiable, ils puent, sont répugnants, ne dorment jamais, et une simple morsure suffit pour en devenir un à son tour. Voilà en gros ce qu’on sait. J’ai été déçue de voir que l’auteur ne s’éloignait à aucun moment de cette vision du zombie : je pensais que Les Décharnés allait au contraire nous proposer quelques nouveautés en la matière, ce qui n’a pas été le cas.
A partir de là, l’auteur a choisi de développer un pur roman de survival, limitant l’intrigue à un seul et même objectif : survivre le plus longtemps possible. Il n’y a pas d’horizon plus lointain que les heures qui suivent, pas de problématique globale : juste la survie des deux personnages principaux.
Dans le genre survival, Les Décharnés est plutôt bon, surtout pour un premier roman. Le rythme est très soutenu, les réactions des différents protagonistes sont particulièrement réalistes, et c’est ce qui rend l’ensemble à la fois cohérent et fluide. Le roman se lit d’ailleurs très vite : c’est nerveux, sans prise de tête, tous type de lecteur est capable de s’identifier aux réactions des personnages, et les nombreuses scènes de lutte contre les zombies sont très visuelles et très claires.
Et pourtant… il m’a manqué une psychologie des personnages plus développée, une intrigue un peu plus complexe qui ne se base pas uniquement sur « survivre », « tuer du zombie », « manger », « dormir »… Il m’a aussi beaucoup manqué de la surprise, car aucun des événements, y compris la fin, ne m’a étonnée ni même vraiment touchée. C’est aussi cet attachement aux personnages qui m’a fait défaut pour réellement entrer dans l’histoire et l’apprécier comme il se doit.
Les Décharnés est un pur roman de survival qui s’appuie sur le mythe du zombie tel qu’il est actuellement véhiculé par les grandes productions du genre. L’auteur n’a pas misé sur l’originalité au niveau de l’intrigue ou du background, mais il maîtrise clairement le genre : son écriture visuelle et très rythmée rend la lecture fluide et aisée, et les amateurs de zombies ne devraient pas s’en plaindre. Les Décharnés est donc un premier roman réussi dans le genre survival, mais il pourrait décevoir ceux qui cherchent la nouveauté et ne souhaitent pas rester sur un développement classique ou un univers déjà connu.
6/10