Après avoir rêvé pendant des années de s'établir en pleine montagne dans une cabane Vingt cinq ans ont passé depuis son expérience de gardien d'oeufs de saumon qu'il conte dans "introuvable car trop isolée", Pete Fromm s'est installé dans les plaines, à Great Falls, avec sa femme et ses deux fils, passant ainsi "De la nature sauvage à la vie bien sage". Indian Creek, quand on lui propose de s'installer un mois au coeur de la Bob Marshall Wilderness afin de surveiller à nouveau la croissance d'oeufs de poissons. Il voit là l'occasion de renouer avec ses rêves de vie sauvage, et surtout, il pense pouvoir partager cette expérience unique avec ses fils, leur inculquant ainsi davantage encore son goût pour l'aventure et la nature. C'est sans compter sur sa femme et le garde forestier du district, la première n'étant guère enthousiasmée à la perspective d'envoyer ses petits en pleine nature à la merci " des sales bêtes sournoises" comme les grizzlys, "Et il y avait aussi les loups. l'eau rapide et glacée. Les chutes. Les blessures. Les maladies.", et le deuxième avançant des questions de responsabilité en cas d'accident pour poser son veto à la venue des enfants. Pete part donc seul, déçu tant il souhaitait partager sa passion pour l'aventure avec ses enfants.
Mais les premiers vingt kilomètres à cheval pour rejoindre sa cabane font déjà vaciller ses certitudes : ses fils auraient-ils été vraiment à leur place dans cet univers sauvage, où même des chevaux peuvent devenir dangereux, parce qu'ils "sont grands, ils sont cons, et tôt ou tard ils vous flanquent un coup de pied." Quant au grizzly, son omniprésence devient obsédante, le moindre bruit devenant alarme, obligeant Pete à chanter à tue-tête pour chasser l'ombre du danger. Il reste bien conscient que toutes les précautions ne pourront pas empêcher une malencontreuse rencontre. Ainsi, jour après jour, il se résigne et à accepte le bien-fondé des craintes de sa femme et du garde.
Fort de sa solitude, son activité ne lui prenant que peu de temps, il a tout le loisir de se remémorer d'autres aventures, vécues tout au long de sa vie, du temps où il était maître nageur dans le Nevada, guide de rivières sans le parc national de Grane Teton, ou garde forestier au coeur du parc national de Big Bend. Au fil de ses souvenirs il s'interroge sur ce qui a fait de lui un homme, un père, et sur ce qu'il peut transmettre à ses enfants.
"Je me retrouve au milieu de ma vie, déjà si pleine, où les regrets sont rares, comme de petits tourbillons au sein du courant principal, aucun qui me hante, et pas un, pas un seul qui concernne les jours passés en pleine nature sauvage."
Les espaces infinis qui l'entourent font naître de vastes questions en son âme sur le sens de sa vie ou sur la direction étrange que peut prendre nos destinées pourtant soumises à un faisceau d'options. N iché dans sa cabane en tête à tête avec lui-même, il découvrira qui il est vraiment...
Le nom des étoiles, Pete Fromm, traduit par Laurent Bury, Gallmeister, avril 2016, 272 p., 23 euros