La maladie est un marché rentable ! Le cholestérol, par exemple, est "un placement à forte rentabilité et garanti sans risque". "Avec 1 milliard d'euros de bénéfice, on vit très bien de l'hépatite C". Idem avec le cancer, qui rapporte 2,4 milliards d'euros chaque année. Quant à "une leucémie, c'est en moyenne 20.000% de marge brute".
L'objectif de cette campagne, explique Le Parisien/Aujourd'hui, est de "faire pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils régulent mieux le prix des médicaments dont la facture explosive – 28 milliards d'euros par an aujourd'hui – menace l'avenir de notre système de santé. Un système déjà confronté au vieillissement de la population et à l'augmentation des maladies chroniques".
Interrogé par L'Humanité, Jean-François Corty, le directeur des opérations internationales de Médecins du monde, explique que la prise de conscience de l'association s'est faite il y a deux ans, avec l'arrivée des nouveaux traitements contre l'hépatite C.
Efficaces à 90%, certaines molécules ont atteint des prix injustifiés. C'est le cas du sofosbuvir, commercialisé sous le nom de Sovaldi® et facturé 41.000 euros la cure de douze semaines par le laboratoire Gilead lors de sa mise sur le marché, lorsque le coût de production réel est estimé à 100 euros.
Un écart que les autorités françaises ont laissé se creuser, préférant payer la facture "après des négociations opaques", poursuit, dans Le Parisien/Aujourd'hui, Olivier Maguet, délégué au plan stratégique chez Médecins du monde.
"L'Etat ayant failli à sa mission de régulation des prix, nous avons deux armes : le juridique et l'opinion publique", explique-t-il. Concernant l'arme juridique, l'association a lancé en février 2015 une démarche d'opposition aux brevets auprès de l'Office européen des brevets, à Munich. Les résultats sont attendus pour la rentrée.
Pour alerter l'opinion publique, l'association Médecins du monde franchit aujourd'hui une nouvelle étape, consciente que la stratégie des laboratoires menace de s'étendre à d'autres traitements. Le vaccin contre la grippe (10 millions d'injections par an) est facturé à 6 euros, alors que son prix pourrait très bien baisser sous les 5 euros. Quant au Glivec, contre la leucémie, la cure atteint aujourd'hui 80.000 euros, contre 26.000 euros il y a quinze ans.
"Dans l'industrie en général, s'indigne Médecins du monde, la marge brute moyenne est de 7,5%. Dans les laboratoires, elle est de 15% !" Or, "pendant ce temps, l'Europe commence à rationner ses malades". D'où l'idée urgente d'éveiller les consciences avant l'élection présidentielle, et espérer ainsi peser dans le débat.
N.D.L.R
Cette campagne de Médecins du Monde va être censurée. C'est à dire que la plupart des médias ne vont pas la diffuser. Motif : "risque de réactions négatives des annonceurs" (!)
Dans ce domaine, les Etats ont baissé les bras depuis longtemps. Pour cacher les enveloppes ?
Voilà un exemple caractéristique de la façon dont les multinationales dirigent le monde. Faire de la santé un business, il fallait oser. Ils l'ont fait. Et ce n'est qu'un début.